LA LOI DU TALION DU PETIT MILIEU

Par Michel LHOMME

Nous venons de publier ici deux contributions distinctes, celle de Michel Gay (https://metainfos.com/2021/02/07/le-cired-hors-sol-ou-quand-trois-sachants-deraillent/) et celle de Franck Buleux (https://metainfos.com/2021/02/07/separons-la-politique-de-la-medecine/) qui, incidemment et traitant pourtant de domaines tout à fait différents, souligne une tendance du temps, celle qu’on a vite surnommée la « post-vérité ». Que ce soit la falsification des données par l’idéologie anti-nucléaire officialisée ou la dérive psychanalytique massifiée par un retour victimaire du tabou de l’inceste, la « post-vérité » soulève un point qui nous paraît important à savoir  combien la mode est dépendante du scandale, quels que soient les faits réels. Elle l’a toujours été qu’on se rappelle par exemple l’affaire Gabrielle Russier, cette professeur de français de Marseille, amoureuse de son élève et qui finira par se suicider dans son appartement HLM du quartier Nord, scandale remontant jusqu’à l’Elysée à la fin d’une conférence mémorable de Georges Pompidou, celle du 22 septembre 1969, où l’ancien Président cita le poème de Paul Eluard sur les « tondues » de l’épuration.  

Relevons les mots. Qu’était donc la mode, d’il y a quelques années ? C’était d’avoir été « violé », tandis qu’elle est aujourd’hui d’avoir subi « l’inceste » (un sur dix en France !). Être une « victime » est tellement valorisant quand on n’a plus que cela pour exister (regardez le peuple élu qui vient  d’obtenir le 27 janvier dernier des réparations financières conséquentes de la part du Luxembourg près de soixante-dix ans après les faits soit le versement d’un million d’euros aux “survivants” (chaque jour plus nombreux !) et ayants-droit des déportés ayant vécu au Grand-Duché pendant la Seconde Guerre mondiale) !

Honnêtement, qui connaîtrait la plume indigeste de Springora si elle n’avait pas baisé à 14 ans avec Matzneff ? Qui connaîtrait la fille de Bernard Kouchner si son jumeau n’avait pas subi la version post-68 de l’hédonisme de plage ? Ou l’ignorée Coline dans l’ombre de Richard Berry ?

Me vient alors un souvenir de professeur, celui d’une fillette de 11 ans qui m’avait déclaré tout uniment « avoir été violée par deux garçons ». Comme elle me disait cela sans émotion autre qu’une réprobation convenable, je l’interrogeai calmement mais gravement pour en savoir plus. Il s’est avéré qu’elle confondait « violer » avec « violenter », mot qu’elle avait sans doute entendu à la télévision ou chez des adultes sans en comprendre le sens.

Quant à « l’inceste », les média se sont emballés sans cause en déclarant dans les premiers jours que, selon Camille Kouchner, Olivier Duhamel avait « violé son fils » or, il s’est avéré, les jours suivants qu’il n’y avait eu que caresses et non pénétration (donc pas « viol ») et que le garçon n’était pas son fils mais son beau-fils. Ainsi grimpe-t-on aux rideaux pour la réprobation maximum avant de retomber dans un réel plus nuancé mais moins vendeur… ce qui n’enlève rien à l’hypocrisie insupportable et à la malignité viscérale du « politologue » de pacotille.  

S’il suffit de donner son bain au bébé tout nu, d’embrasser sa fille « sur la bouche » comme Richard Berry, ou de prendre en photo ses enfants en maillot de bain sur la plage, c’est que le sens des mots n’existe plus que dans le regard de celui qui juge selon ses propres lunettes sexuelles ! Ou de ses comptes familiaux à régler en profitant de la mode du scandale… mais attention, on reste poli et entre soi, trente ou cinquante ans après quand on s’appelle Rutman, Kouchner, Rojtman ou Springora et qu’on a besoin de reconnaissance.

Quant au droit, il passera autrement que comme cet « œil pour œil, dent pour dent » du Talmud (on notera d’ailleurs au passage et non sans malice, que la plupart des faits touche en réalité le milieu germano-pratin et juif parisien). Le droit, on en reparlera en effet quelques mois après, voire des années, et sans jamais que l’on en entende vraiment parler : plus assez médiatique, n’occupant plus alors que le bas de page des journaux. Le mal sera fait comme toutes proportions gardées le fut la fausse accusation de crime contre l’humanité à l’encontre des Serbe, accusation pourtant revisitée et déniée par le Tribunal international de la Haye.

Mais la culture de masse, véhiculée par la soi-disant « éducation » nationale depuis une bonne génération, fait que le sens des mots est de plus en plus ignoré au profit des mots-valise que véhiculent les médias pressés, les chiens de garde du système, les gardiens du « milieu littéraire », surtout pressés de faire du scandale pour vendre plus de minutes d’antenne ou de rames de papier pour la publicité alors que toute la presse française et l’édition sont maintenant  moribondes.

Les esprits faibles et surtout incultes s’y laissent prendre ; ils font résonner sur les réseaux sociaux leurs paroles ineptes, relayées immédiatement par les conservateurs à la petite semaine, toujours aptes à tout critiquer voire plus parce qu’ils savent qu’ils seront repris par d’autres ignares et toute la bande des spécialistes ou des gens qui savent tout simplement parler parce qu’ils sont les seuls à y être autorisés sur les réseaux des médias aux ordres, tout orientés politiquement à ne jamais aller contre la croyance de quidams qui de toute façon n’écoutent que ce qu’ils veulent entendre. Ce pourquoi parfois nous déprimons dans cette atmosphère de post-vérité car il nous semblerait qu’ici toute critique, tout esprit critique, « métainfos, le magazine de l’esprit critique » finisse par devenir vain.