ET POURTANT ÇA GAZE TOUJOURS POUR LA PROPAGANDE DU VENT

Par Serge HOUDBINE et Michel GAY

Un article publié le 13 avril 2022 dans le journal régional, « Le courrier de l’Ouest », (appartenant au groupe Ouest France) relaie la propagande du Syndicat France énergie éolienne (FEE) représentant les promoteurs et exploitants des éoliennes.

D’où vient l’argent magique ?

Selon eux, « le solaire et l’éolien c’est du pouvoir d’achat » et les énergies « vertes » grossiraient désormais le budget de la France.

Sans vergogne, en pleine campagne électorale, ils appelaient l’État à en faire profiter les Français et en déduisaient qu’il faut accélérer le déploiement des renouvelables…

Selon la FEE, entre 2021 et 2022, le solaire et l’éolien devraient permettre aux finances nationales d’économiser ou d’engranger plus de 14 milliards d’euros (Md€) : 3,3 Md€ représenteraient le trop-perçu des aides de l’Etat en 2021, 5,1 Md€ n’auraient pas à être financés (?!) en 2022, et les exploitants d’énergies renouvelables intermittentes (EnRi) ajouteraient 6 Md€ (dont 3,7 Md€ pour l’éolien).

Pourquoi une telle générosité ?

Le soutien au développement des EnRi a conduit l’Etat à engager environ 150 Md€, dont 30 Md€ ont déjà été dépensés… aux frais des clients et des contribuables. Cette aide financière au développement des EnRi s’effectue notamment par le biais de juteux contrats d’achat garanti de leur production.

A partir de 2017 un système de « complément de rémunération » entre le prix de marché et un prix « cible » est mis en place pour les nouveaux projets malgré l’opposition des promoteurs.  Pourtant, jusqu’en 2021, ils ont été encore grassement rémunérés, même si rien ne laissait prévoir le « jackpot » actuel à la faveur de la hausse importante du prix de l’électricité résultant de celui du gaz en Europe.

Depuis plusieurs mois, les prix de marché de l’électricité sont très supérieurs aux prix « cibles » fixés pour la rémunération des producteurs. Ils ont atteint 231 euros par mégawattheure (€/MWh) au premier trimestre 2022, en passant par 108 €/MWh en 2021, alors qu’il était de 50 €/MWh jusqu’à la pandémie de Covid-19.

Ces prix de l’électricité sont sans rapport avec ceux du marché européen par le passé et en complet décalage avec le coût de production moyen pondéré du mix électrique français.

Cette autosatisfaction se justifie-t-elle ?

Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que ces producteurs heureux appliquent les règles de rémunération des nouveaux contrats, et qu’ils partagent avec l’Etat les bénéfices opportunistes des anciens contrats établis dans un tout autre contexte.

Il serait même illégitime et indécent qu’ils ne restituent pas cet argent public et qu’ils ne participent pas à l’écrêtement de prix de l’énergie devenus exorbitants pour les consommateurs… alors qu’il n’y a aucune raison technique.

En quoi les EnRi sont-elles à l’origine de cette manne ?

Les promoteurs et exploitants des EnRi exaltent les vertus de leur industrie parce que c’est leur métier. Mais ils oublient de dire que le recours au gaz pour la production d’électricité résulte en grande partie de la réduction des capacités de production nucléaire, en Allemagne notamment, car les EnRI sont incapables de garantir la fourniture permanente d’électricité à la hauteur des besoins.

C’est ainsi qu’à défaut de nucléaire et d’hydraulique suffisants afin de limiter les émissions de CO2, les centrales à gaz sont devenues incontournables pour garantir la stabilité de l’équilibre production-consommation.

Quant à la compétitivité des EnRi, elle ne se mesure pas à l’aune d’un coût « brut » de production, mais par le coût du service qu’elles rendent au système électrique. Il faut tenir compte des surcoûts qu’imposent leur raccordement aux réseaux (à cause de leur capacité de production maximale très supérieure à leur production moyenne), des moyens de production conventionnels supplétifs (gaz, charbon,…), et du coût énorme du stockage-déstockage (hydrogène et/ou batteries électrochimiques de capacité suffisante pour écrêter leurs pointes de production). A ces mesures s’ajoutent encore, le coût des effacements et/ou reports de consommation qui peuvent atteindre des coûts vertigineux.

Faut-il se réjouir ?

Les promoteurs d’EnRi peuvent se réjouir de bénéficier d’une opportunité financière exceptionnellement favorable à leurs intérêts. Mais la situation reste globalement préjudiciable aux consommateurs et aux contribuables.

Que les promoteurs des énergies renouvelables prennent leur part du fardeau des EnRi ne leur permet pas de s’en attribuer les mérites et surtout de conclure qu’il faudrait aller encore plus vite vers un mythique « 100% renouvelables éolien et solaire ».

L’augmentation du prix de l’électricité et du gaz reflète l’incomplétude de l’offre inadaptée aux besoins nationaux des productions des EnRI qui ne sont pas les chevaliers blancs de l’économie et du climat.