UKRAINE : ON PARLE !

Par Michel LHOMME

Dans un entretien au quotidien italien Corriere della Sera, mardi 3 mai, le pape François a reconnu que certains des griefs invoqués par Moscou pourraient justifier les causes de la guerre en Ukraine. Le chef de l’Église catholique a fait valoir que « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie » auraient, en effet, pu pousser Moscou « à mal réagir et à déclencher le conflit » – « une colère, ajoute-t-il, dont je ne sais dire si elle a été provoquée, mais peut-être facilitée ».

Une déclaration du pontife surprenante car contrastant avec les versions officielles de la propagande du système médiatico-politique et qui s’explique par la volonté réitérée à plusieurs reprise du Vatican de s’inscrire dans une volonté de diplomatie avec la Russie. Le pape  répète en effet avec insistance être « prêt à aller à Moscou » pour rencontrer Vladimir Poutine. Il explique lui avoir transmis ce souhait mi-mars, « après vingt jours de guerre ». « Nous n’avons pas encore reçu de réponse et nous continuons à insister, même si je crains que Vladimir Poutine ne puisse et ne veuille pas de cette rencontre pour l’instant », déplore-t-il, cependant.

Le pape argentin fait part, en revanche, de son « pessimisme ». Comme il l’a affirmé à plusieurs reprises depuis le début de son pontificat, les guerres sont à ses yeux le fruit du commerce des armes, qui débouche sur une course aux armements. Lors de son message de Pâques, François avait fait référence au manifeste en faveur du désarmement signé en 1955 par le philosophe Bertrand Russell (1872-1970) et par Albert Einstein. Dans un livre en langue italienne paru le 14 avril et intitulé Contre la guerre (Contro la guerra, Solferino et Librairie éditrice vaticane), il déclarait que « l’Ukraine a été agressée et envahie », mais précisait un peu plus loin que « la guerre n’est pas la solution ».

Faut-il livrer des armes à l’Ukraine, comme le font de nombreux pays de l’OTAN ? À cette question, le pape François reste flou et n’apporte pas de réponse : « Je ne sais pas comment répondre, je suis trop loin. » « Ce qui est clair, poursuit-il, c’est que des armes sont testées là-bas. […] C’est pour cela qu’on fait des guerres : pour tester les armes que l’on produit. » Un pape réaliste, quoi ?!

Pologne et Ukraine : phase trois, deuxième front

Les pierogis sont-ils vraiment ukrainiens? | Radio-Canada.ca

Nous avions parlé, il y a peu, (https://metainfos.com/2022/05/04/ukraine-preparez-vous-cest-pour-longtemps/) d’une phase trois de la guerre en Ukraine, elle semble bien confirmée. Alors qu’un sondage donne 56,8 % de la population polonaise favorable à un déploiement de troupes de maintien de la paix polonaises en Ukraine, sous commandement de l’Otan, de l’Onu ou de l’UE, le président Andrzej Duda a déclaré : « Il n’y aura plus de frontière entre nos pays, la Pologne et l’Ukraine. Il n’y aura pas de telle frontière ! Pour que nous vivions ensemble sur cette terre, construisant et reconstruisant ensemble notre bonheur commun et notre force commune, qui nous permettront de repousser tout danger ou toute menace éventuelle ». La Pologne s’apprête donc bien à reprendre Lviv et ses territoires : ce plan est bien dans les cartons de l’OTAN pour l’été sans doute. 

Hongrie et Ukraine

A Budapest, Le président du Parlement hongrois, László Kövér, de son côté ne mâche pas ses mots et va plus loin que le timide pape François. Dans une interview accordée à la chaîne « Inforadio Arena », il a souligné que le conflit actuel en Ukraine ne se résumait pas à un affrontement entre Kiev et Moscou : « En réalité, la guerre en Ukraine est une guerre russo-américaine, annonciatrice d’une confrontation géostratégique entre les Etats-Unis et la Chine. L’objectif est de « séparer » l’Europe économiquement et politiquement de la Russie et de l’Asie afin d’empêcher la création d’un espace politique et économique unifié de l’Atlantique au Pacifique, a déclaré M. Kövér car l’énorme potentiel économique d’un espace économique aussi vaste entraînerait le risque pour les Etats-Unis de se faire distancer.