par Michel LHOMME
Le président Joe Biden a décrit mardi, au cours d’une visite des installations de Lockheed Martin, le conflit en Ukraine comme un « point d’inflexion historique [qui] survient toutes les six ou huit générations », et a estimé que le rôle des États-Unis dans ce conflit consistait à mener la première « vraie bataille » dans une lutte civilisationnelle contre la Russie et la Chine, ajoutant que « les choses changent si rapidement que nous devons les maîtriser ». Ce faisant, il a immédiatement promis d’envoyer des milliards de dollars supplémentaires d’aide à Kiev.

Il y deux ans tous les progressistes français, tous ces profs qui m’entourent et qui me donnent de plus en en plus la nausée ne juraient que par Biden contre Trump incapables qu’ils étaient de comprendre que le camp démocrate était le camp inévitable de la guerre. Nous devons avouer que les dernières déclarations du Président américain ne laissent plus aucun doute sur la véritable nature des opérations en cours, de l’espèce de piège tendu à Poutine et par ricochets aux Européens : la mission des États-Unis en Ukraine dépasse et de loin la simple livraison d’armes à un allié.

Les Etats-Unis sont maintenant acculés au sauve qui peut, au quitte ou double : « Il y a une bataille permanente entre l’autocratie et la démocratie », Biden a-t-il ainsi déclaré devant les ouvriers de Lockheed, faisant référence à la Chine et à la Russie en tant qu’ennemis des supposées des « démocraties » occidentales.
Le conflit en Ukraine, a-t-il ajouté, est « la première vraie bataille » dans ce choc des civilisations. On est donc prévenu : il y aura d’autres.

La rhétorique de Washington sur l’Ukraine s’est totalement durcie ces dernières semaines et devient de plus en plus transparente : le secrétaire à la défense Lloyd Austin déclarant récemment que « nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine », et Biden lui-même semblant appeler, à plusieurs reprises, à un changement de régime à Moscou.

Nous sommes bien face à un conflit défini comme une guerre de facto de l’OTAN contre la Russie. Ce mardi, Joe Biden a aussi apparemment reconnu que les États-Unis étaient engagés dans une guerre par procuration avec la Russie, en déclarant aux ouvriers de l’usine Lockheed Martin que les livraisons d’armes américaines « permettaient au peuple ukrainien de se défendre sans que nous ayons à risquer de nous engager dans une troisième guerre mondiale en y envoyant des soldats américains ». Comme nous l’écrivons depuis le début, la position idéale : faire la guerre par procuration, faire faire la guerre par les autres : les Ukrainiens servant de chair à canon, les Européens d’ « idiots utiles ». Dans le déroulement futur des événements qui pourront tourner au vinaigre, nous ne devrons jamais oublier la position de subalterne qui fut acceptée par tous les dirigeants européens.
A noter que pendant que Biden évoquait aussi, lors de ce discours, le rôle de la Chine dans l’ordre mondial, le général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées, déclarait au Sénat que les États-Unis « sont désormais confrontés à deux puissances mondiales, la Chine et la Russie » et que « le potentiel de conflit international important entre grandes puissances augmente. ».
Il serait peut-être temps pour l’état-major français de s’en rendre compte !

Reste que l’Ukraine restera aussi pour la presse française la guerre des canulars et des opérations de psycho-information menée par une armée d’influenceurs, d’agences de relations publiques, de conseillers de l’OTAN et de la CIA, de stratèges politiques étrangers, d’atlantistes cachés dans toutes les rédactions et liés directement ou indirectement aux services de renseignement. On ne peut que le regretter mais en France, il ne fait aucun doute que l’Ukraine dirigée en sous-main par les États-Unis a gagné la bataille de la propagande et de la persuasion médiatique et au sein même de ceux qui auraient du être les plus critiques, le milieu universitaire.
Mais la question cruciale demeure : le triomphe illimité de la propagande, indépendamment de toute capacité d’analyse de la réalité, sera-t-il suffisant pour faire plier la réalité elle-même, pour la soumettre ?

Sans doute tant que les rayons des supermarchés resteront pleins mais, réveillez-vous, cela risque de n’être que pour peu de temps ! Dès la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, sans aucun débat, la France de Macron a envoyé des unités d’artillerie automotrice, des chars, des sytèmes de missiles et des membres de ses forces spéciales en Ukraine. Notre pays est donc passé de l’apaisement au soutien actif à Kiev. On peut effectivement désapprouver une opération militaire spéciale de la Fédération de Russie et cette position était largement défendable du point de vue d’une position diplomatique équilibrée de la France mais la France avait aussi le droit tout comme l’Europe d’ailleurs d’être « neutre », non-alignée géopolitiquement dans des enjeux qui de loin vont de toute évidence contre son intérêt de puissance souveraine et la rende otage des intérêts mortifères atlantistes et mondialistes.

Les Alliés ont en tout cas rehaussé la présence avancée de l’Otan en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, et développé une présence avancée adaptée dans la région de la mer Noire. Des groupements tactiques multinationaux supplémentaires ont été mis en place en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie.
Selon Ruslan Kosygin, chef adjoint de l’état-major général des forces armées du Bélarus, on assiste à un net renforcement des effectifs sur le front Est de l’Otan alors que des troupes US stationnées en Europe se sont repliées aux États-Unis. Tout est en place pour une confrontation militaire des Alliés contre la Russie, mais sans les troupes US.