LE MANUEL WOKE A L’USAGE DES UNIVERSITES

Par Rémi TREMBLAY

L’adage veut que le poisson pourrisse par la tête et en effet, les dernières années nous ont bien démontré que c’est l’élite qui est le premier vecteur du délitement de notre société. Le wokisme n’émerge pas de la rue ou des mouvements sociaux, mais bien des riches universités américaines de l’Ivy League. La révolution sociétale en marche n’émane pas de la base, mais bien du haut, ce qui la rend si unique.

Les révolutions émergeaient traditionnellement du bas pour remplacer les élites, alors qu’en ce moment, c’est un renversement complet : l’élite cherche à remplacer les attitudes du peuple, voire à le remplacer carrément faute de mieux. Et les universités sont le fer de lance de ce bouleversement, cherchant à modifier les comportements, les perceptions et le langage.

La virile lettre ouverte des ministres de l’Éducation français, Jean-Michel Blanquer, et québécois, Jean-François Roberge[1] n’aura rien donné. Le réseau des Universités du Québec vient de publier un Guide de communication inclusive[2], un petit manuel woke, à l’intention des professeurs, administrateurs et étudiants québécois.

On part du postulat que « l’inclusion est une question de droit », donc, que de suivre à la lettre ce petit guide de réforme mentale est une obligation citoyenne.

D’entrée de jeu, on explique que le langage « nous permet de décrire le réel, mais il contribue également à le modeler », d’où ce manuel militant visant à gérer toutes les communications, tant orale qu’écrites, voire même visuelles.

Rapidement on met la table avec une réforme du français en mettant de l’avant une « féminisation ostentatoire », mais aussi des néologismes visant à offrir un sentiment d’inclusion aux LGBTQIA2S+. De ce fait, on propose carrément d’abandonner les titres monsieur/madame pour éviter de « mégenrer ».

Mais on se rend compte que ce n’est pas que la langue qui est visée ici dans ce document. Elle est certes un des éléments centraux, mais il s’agit surtout d’un prétexte. Ainsi, on promeut rapidement une vision racialiste, lorsqu’on explique que pour la tenue d’évènements, il faudrait « considérer par exemple une maison de production autochtone pour vos outils de communication, ou alors un animateur ou une animatrice qui représente une communauté dont les membres sont sous-représentés ». Bref, au-delà de la refonte de la langue à la sauce woke, le réseau universitaire en appelle à une discrimination en fonction de la race dans le but de favoriser l’inclusion.

On revient également sur l’importance de mettre des gants blancs pour traiter des sujets qui pourraient être considérés comme offensants. On le sait, depuis quelques années, certains enjeux ne peuvent plus être abordés ouvertement, car ils heurteraient les sentiments d’une partie du corps étudiant. Le guide ne demande pas expressément de retirer ces sujets du curriculum, ce qui viendra un jour ou l’autre, mais stipule que « lorsque des sujets sensibles, douloureux ou troublants doivent être abordés, il est recommandé d’aviser l’auditoire en amont, par respect pour les personnes directement concernées par l’enjeu. »

Finalement, l’inclusion doit aussi être festive, alors les rédacteurs ont pris bien soin de proposer un calendrier révolutionnaire des fêtes à célébrer durant l’année, question que tout le monde sente son apport souligné. Tout le monde? Non, évidemment! On n’y retrouve aucune fête générique qui pourrait inclure un homme blanc hétérosexuel non-binaire, grand oublié de l’inclusion dans le domaine universitaire. C’est qu’après tout, l’objectif est de s’émanciper de ce grand oppresseur.


[1] https://metainfos.com/2021/10/25/blanquer-se-reveille/

[2] https://www.uquebec.ca/reseau/fr/system/files/documents/EDI/guide-communication-inclusive_uq-2021.pdf