PABLO IGLESIAS ou quand l’extreme gauche espagnole ABANDONNe LA POLITIQUE

Par Jordi GARRIGA

Quelqu’un doit le dire: Pablo Iglesias a en fait quitté, abandonné la politique. Plus précisément, c’est le 15 mars, dans les fameux Ides de mars en fatalité sans intention parodique apparente …, qu’il a annoncé qu’il quittait la vice-présidence (la deuxième) du gouvernement espagnol pour être le candidat PODEMOS pour la présidence de la région de Madrid aux élections du 4 mai. Ainsi, de cette manière, sans passer par des primaires et en bon macho sans égard pour l’éventuelle candidate féminine envisagée, Pablo Iglesias, le leader de Podemos a fait le pas : il abandonne la politique.

On peut objecter que ce n’est pas le cas, qu’en fait il continue la politique, puisqu’il se présente aux élections. Mais en fait non car en démisionnant, il choisit tout simplement de rester délibérément dans la position très confortable de l’opposition permanente. De plus, il doit être très naïf (et on sait très bien qu’il ne l’est pas !) pour penser qu’il peut faire un score sérieux et être même gagnant devant la candidate de droite, Mme Ayuso car tous les sondages même les plus tricheurs, en font le candidat le moins apprécié de la population de Madrid.

Son parcours : depuis 2010, on le croise dans les médias, en 2014, il fonde PODEMOS et remporte une victoire éclatante avec un triomphe écrasant amenant cinq députés la même année (et tout cela en utilisant comme logo du parti son propre visage, narcissisme bobo oblige), mais cette ascencion fulgurante s’est heurtée très vite à la réalité. Jusque-là, il avait été, disons, un clerc moderne, c’est-à-dire un journaliste, un moraliste, un télé-prédicateur avec une excellente maîtrise de l’oratoire (il a étudié le droit) et un self made man qui avait ainsi réussi à déménager avec son vain verbiage dans une belle villa avec jardin dans le quartier Galapagar, le grand quartier résidentiel de Madrid, laissant derrière lui le quartier populaire madrilène de Vallecas. Digne d’applaudissements : il a indéniablement bien su gérer la « gamelle ».

Le 26 juin 2016, il a atteint son apogée politique en faisant élire 71 députés au Congrès des députés (Podemos devint alors la troisième force politique de l’Espagne) à courte distance du Parti socialiste alors délabré avec ses pauvres 85 députés obtenus à l’époque. Il semblait alors possible que PODEMOS devienne le nouveau grand parti de la Gauche espagnole et que le PSOE subisse le même sort que le PASOK grec contre SYRIZA (effectivement une sorte de PODEMOS grec en 2015).

Mais de là, ce fut le grand plongeon, la grande descente.

En février 2017, il s’est séparé de son ancien partenaire Íñigo Errejon, qui a actuellement refusé de se présenter avec Iglesias pour la même candidature aux élections de Madrid. En mai 2018, il a monté la bouffonnerie des élections internes, des primaires à PODEMOS parce qu’il voulait peut-être que les militants disent s’ils approuvaient ou non l’achat de son manoir à 600 000 euros à la périphérie de Madrid.

Quelque chose en somme qui n’a rien à voir avec la politique, et d’ailleurs aurait-il renoncé à acheter la maison et rentré à Vallecas avant le NON de ses partisans?… C’est drôle d’y penser. Les bobos ont besoin de tant d’espace pour leurs chakras.

Pablo Iglesias deja Podemos para sumarse al proyecto «Pues yo aún más  Madrid» | El Mundo Today

La même année 2018, une motion de censure a amené et fait proclamer Pedro Sánchez, socialiste comme président du gouvernement espagnol. Des élections ont été immédiatement déclenchées en avril 2019 où le PSOE a obtenu une majorité simple. Il était alors temps d’entrer au gouvernement, mais … Iglesias a mis sur cette possibilité tant d’obstacles que finalement de nouvelles élections ont dues avoir lieue et ont été déclenchées à nouveau pour novembre. Et cette fois, oui, enfin, PODEMOS est entré au palais !

Le gouvernement avec PODEMOS a été formé le 7 janvier 2020 mais Pablo Iglesias l’a quitté ce 15 mars 2021. Avec la pandémie en cause, ses 26 députés et ses 0 sénateurs, quelles sont ses réalisations, ses résultats ? Tout simplement : aucune et aucun.

Pour toutes ces raisons, maintenant c’est effectivement à son tour de sortir de la politique, ety de prendre pour ce faire encore un déguisement ridicule!

Il obtiendra certainement et sûrement son siège de député au parlement régional de Madrid et de là, de son siège, de son strapontin, il continuera de crier contre un système et un régime qui lui ont pourtant fourni un excellent style de vie. Il dénoncera les maux de son bienfaiteur et proclamera la nécessité de mesures morales telles que les lois sur le genre, la durabilité écologique, les droits des minorités et d’autres questions qui n’ont en fait rien à voir avec la politique.

Bref, ce sera le curé défroqué de la paroisse.

Et tout comme certains brûlent leur vie pour un idéal, d’autres brûlent un idéal pour leur vie mais c’est aussi ainsi que tout finalement reste dans l’ordre.