FRANCE : LE SCANDALE Du reconfinement

Par Michel LHOMME

Les Etats-Unis ne sont pas notre modèle politique, économique ou culturel mais nous devons par respect pour l’esprit critique qui demeure notre devise voir comment ils nous ont surpassé, nous Européens, de loin dans ce qui deviendra un jour ou l’autre l’affaire franco-européenne des vaccins avant que la responsabilité de la France dans l’origine de l’épidémie par le transfert de technologie opéré sans contrôle au laboratoire de Wuhan et contre l’avis des experts ne soit établi avec la mise en responsabilité en particulier du premier ministre socialiste de l’époque Bernard Cazeneuve aujourd’hui bien silencieux dans le Cotentin (combien de dessous de table chinois planqué dans une banque off-shore quelque part ?) alors qu’il avait un temps, souvenez-vous, envisagé de se présenter aux Présidentielles 2022.

Le labo « français » de WUHAN

Mais revenons aux vaccins

Pour les produire, les Américains n’ont tout bonnement pas hésité à activer carrément le Defense Production Act et ce afin de protéger immédiatement la capacité de production nationale, même si cela « gênait » la disponibilité des composants des vaccins pour les fabricants étrangers.  

Le Royaume-Uni, avait tenté de faire de même avec « son » vaccin Astra-Zeneca produit sur le sol européen mais elle a dû reculer face à l’opposition ferme d’une Europe aux abois.

Certes, la stratégie européenne pour s’approvisionner en vaccins est passée du chacun pour soi initial (car la santé n’est pas une compétence de l’UE) à un effort de coopération louable pour l’efficacité des négociations comme pour la solidarité de la répartition. La mise en commun par les gouvernements des moyens a permis, reconnaissons-le, des économies d’échelle, de partager les risques d’autorisations ou non de mise sur le marché, l’efficacité relative de chaque vaccin, et de couvrir les éventuelles pertes sur un raté.

Mais la Commission européenne a clairement montré ses limites en dévoilant son ADN viscéral : la méthode technocratique.

Elle a négocié le prix avant la disponibilité, en bon juridisme comptable d’argent public, sans se préoccuper des priorités de livraison. Elle a ainsi fait le contraire des pays efficaces.

Cette stratégie est très différente de celle qui a en effet été déployée par les États-Unis, où le gouvernement a organisé et subventionné lui-même une chaîne d’approvisionnement pour la fabrication et la distribution du vaccin en achetant par anticipation des vaccins pas encore testés (dont une bio-tech de Nantes, Moderna délaissée par la bureaucratie française), en soutenant des laboratoires pour les essais cliniques, en travaillant « en même temps » (comme aime à le répéter comme nouveau mantra un certain Européen cosmopolite) avec des fabricants moins connus et des fournisseurs d’équipements et d’ingrédients. Le gouvernement américain a également passé des contrats avec des entreprises spécialisées pour étendre la capacité de production d’intrants. C’est toute la chaîne stratégique depuis les start-ups pharmaceutiques jusqu’à l’administration des vaccins à la population qui a ainsi été pensée, organisée, réfléchie.

Or, ce même Européen qui se vante partout d’être à la tête d’une « start-up nation » n’a rien fait de tel – il a laissé la technocratie juridique européenne agir comme un rouage sans direction, tout en laissant sa propre bureaucratie interne avancer à son train de sénateur dans le cafouillage des querelles de préséances pour organiser qui va faire quoi et qui va piquer qui.

Le « quoi qu’il en coûte » du même Européen trop bavard et pas assez acteur s’est traduit aux Etats-Unis par 21,7 milliards de dollars de dépenses pour soutenir les laboratoires, les fabricants sous contrat et les fournisseurs d’équipement et d’intrants.

Combien d’investissement productif en Europe ? Combien en France ? Les dépenses ne concernent que le social, l’assistanat généralisé de la population qui n’en demande peut-être pas tant mais la peur au ventre tenaille depuis les gilets jaunes désormais les dirigeants.

L’approche laissée à la technocratie européenne a ainsi laissé sans contrôle la population à la merci des capacités de production des labos sans qu’elle puisse « juridiquement » intervenir pour réduire les problèmes d’approvisionnement. Car les contrats ont été signés avec une clause « d’effort maximal » et pas avec une clause « d’exclusivité » comme justement le Royaume-Uni l’a fait.

Résultat : un retard de plusieurs mois dans la livraison – donc un confinement supplémentaire en avril qui coûte encore plus au budget du pays avec des morts qui se multiplient dans l’impuissance générale.

Astra-Zeneca n’aurait ainsi livré que 30 millions de doses sur 120 au premier trimestre et seulement 70 millions de doses sur les 180 prévues « seraient » livrées au deuxième trimestre – car une partie de la production réservée par l’UE s’est dirigée vers le Royaume-Uni pour obéir à la clause « d’exclusivité ».

La niaiserie européenne est cette illusion juridique du « respect des contrats » face à la puissance des pays qui les signent. La responsabilité ici des gouvernements nationaux et tout particulièrement du nôtre est d’avoir laisser au nom d’un européisme idéologique, d’une incapacité organisationnelle, la Commission européenne sans direction politique sur ce sujet précis et du coup d’avoir laisser faire la bureaucratie lente, pointilleuse, pléthorique et à courte vue des agences régionales de santé alors que « nous sommes en guerre » !

« Parler c’est facile, agir c’est mieux », répète à qui mieux s’oppose avec raison la caricature vivante de l’administration française, le premier ministre Castex casse-tête.

L’Union européenne, sous la pression des opinions publiques « inquiètes », a pourtant bien fini par se rendre compte de l’erreur stratégique commise et elle vient d’acheter de nouvelles doses à d’autres fournisseurs (on évoque 10 millions de doses achetées à Pfizer/BioNtech). Elle a durci fin janvier le contrôle et la transparence des exportations de vaccins, permettant de bloquer ceux produits sur le territoire de l’UE en cas de retard dans la livraison d’un fournisseur – mais tout en respectant « juridiquement » le principe de réciprocité et de proportionnalité selon la situation de l’épidémie et la population déjà vaccinée. Mais elle n’a pas « saisi » préventivement les 29 millions de doses d’Astra-Zeneca « découvertes » en stock dans une usine italienne alors qu’il aurait fallu. Ce coup de semonce aurait en effet alors montré que le droit du plus fort toujours si britannique (!) ne saurait rester à sens unique.

La chaîne de fabrication des vaccins est mondiale car ses composants sont produits un peu partout. Mais si la coordination politique entre pays est essentielle et le « nationalisme vaccinal » inepte parce qu’il décourage le financement des capacités de production aux différents niveaux de la chaîne de valeur, il s’agit de se défendre et d’exister face aux requins du monde. C’est là qu’une fois de plus est démontré que l’économie, le droit, le social, sont soumis à la politique et non l’inverse. Savoir ce qu’on veut et où l’on va, puis financer les moyens nécessaires pour ce faire, enfin désigner un opérateur qui dirige et contrôle – voilà ce qui aurait dû être fait et qui ne l’a pas été.

La guerre nécessite un général d’armée, pas un quarteron de bureaucrates laissé à leurs procédures ou protocoles inadaptées apprises dans les manuels sirupeux de l’ENA !

Certes, l’Europe paraît réagir : pour augmenter la capacité de production en Europe, la Commission a (pour plus tard…) mis en place une « task-force » pour détecter les problèmes de production et y répondre. Un nouveau plan européen de préparation à la bio-défense contre les variantes de la Covid-19 introduit une autorisation accélérée des vaccins adaptés aux variants, et l’incubateur HERA soutiendra leur mise au point ou leur adaptation grâce à un financement européen. Le projet Fab-UE doit aussi mais un peu tard, augmenter la capacité de fabrication dans l’Union par des aides à l’investissement d’usines de fabrication, la réaffectation d’installations pour produire des vaccins et des médicaments spécifiques.

En bref, recréer une filière autonome : il serait temps ! Car la lenteur vaccinale et les mutations qui se multiplient risquent de faire durer les masques, gels, confinements réguliers, télétravail et autres restrictions de voyage au-delà de la fin d’année, voire au-delà de l’élection présidentielle française prévue.

L’irresponsabilité a conduit en réalité à la panique – et la courte vue à ignorer les risques d’une pandémie probable depuis les deux alertes du SRAS 2002 et du H1N1 2009. Les gouvernements nationaux se sont empressés de se défausser sur l’Europe en abandonnant leur pouvoir de décision à sa technocratie.

En fait et d’une certaine façon, Boris Johnson peut se réjouir : le Brexit, à court terme, ça a marché malgré les rodomontades de cet autre niais qui fut aussi premier ministre Michel Barnier !…

50% de la population adulte britannique est déjà vaccinée contre 10% en France. Boris Johnson gouverne, les autres, Macronavirus en tête se rejettent la faute sans avoir rien préparé alors que depuis un an, le virus est maintenant bien connu !…

Royaume-Uni : stronger alone ? 

Quelques mois seulement après l’entrée en vigueur effective du Brexit, le Royaume-Uni n’a de cesse de se vanter et avec raison d’une vaccination bien plus avancée que le reste l’Europe. Le pays vient de rendre publique d’ailleurs sa nouvelle doctrine géostratégique : pivot vers l’Asie, état des menaces, partenariat avec les nations européennes, maintien de l’importance de l’Otan… Et si au lieu du couple franco-allemand délétère et menteur, freinant sans cesse la coopération militaire européenne, la construction d’un vrai avion de chasse européen par exemple, on optait pour les Britanniques, qui dispose eux d’une véritable armée !.. Nous reviendrons sous peu sur cette « provocation finale » de notre part !…

Enfin, surréaliste : selon l’hebdomadaire Marianne, la France devrait organiser dans les
prochaines semaines une liaison aérienne quasi permanente avec La Havane pour
permettre d’accélérer la vaccination. Il serait réservé aux personnes de 50 à 60 ans
souffrant de comorbidités, et qui ne peuvent pas encore avoir une injection sur
notre sol.

En Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, au Portugal, ou encore en Angleterre et en
Suisse, des autotests sont disponibles dans les supermarchés, pour moins de 5 € pièce. En
France, ce n’est pas près d’arriver. Le 16 mars, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait
pourtant donné son feu vert. La grande distribution et la parapharmacie étaient prêtes à les distribuer. Mais voilà, Olivier Veran a fait marche arrière devant la pression des lobbies de
biologistes et de pharmaciens. Or, s’il y a bien un point qui fait l’unanimité chez les scientifiques, malgré toutes leurs divergences, c’est qu’un dépistage massif avec résultats rapides – et isolement le cas échéant, bien sûr – serait le meilleur moyen de ralentir la circulation du virus.

En complément pour lire ailleurs :

https://www.polemia.com/le-confinement-est-il-efficace-deux-etats-americains-deux-strategies-un-meme-resultat