Dans Le virus et le Président, le journaliste d’investigation Jean-Loup IZAMBERT et l’écrivain-polémiste Claude JANVIER nous plongent dans une vraie enquête journalistique. Les auteurs éclairent les zones d’ombres de l’une des plus grandes tromperies contemporaines organisées par un pouvoir politique. Le gouvernement Macron saborde volontairement notre pays, main dans la main avec les dirigeants de l’Union “européenne” et les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie. Un document indispensable pour comprendre la nature réelle de la crise ainsi que les enjeux d’aujourd’hui et de demain qui nous amènent à publier les extraits de cet entretien avec les auteurs :

- Votre livre est un réquisitoire contre les vraies raisons de la crise sanitaire que nous traversons. Vous mettez clairement en accusation les politiques économiques dictées par l’ultra-libéralisme et la Commission Européenne. Quels sont leurs rôles dans le drame que nous vivons ?
Jean-Loup IZAMBERT : La crise sanitaire s’est aggravée non en raison de la virulence du SRAS-CoV-2 qui n’est pas d’une grande intensité mais du fait que depuis des décennies les dirigeants français ont démantelé le système de santé publique en appliquant à la France les ordonnances de l’Union dite « européenne ». Celui-ci, dont les services d’urgence étaient déjà complètement saturés par la simple grippe saisonnière, n’a pu faire face à cette petite pandémie. L’analyse sur plusieurs mois du discours du président Macron, de membres du gouvernement et de politiciens liés au pouvoir met en évidence trois dominantes : le danger que présente le virus est exagéré, ils rendent sa maladie Covid-19 responsable des difficultés économiques actuelles et ils la rendent également responsable du manque criant de moyens humains et financiers du secteur Santé. Ils oublient juste de dire que, pour l’essentiel, ces difficultés résultent de leur politique économique et sociale qui n’est que la continuité de celle de leurs prédécesseurs.
A la suite de ces derniers, le budget de la Santé figure toujours parmi les derniers budgets de l’Etat. Cette politique de déclin est surtout marquée par l’enrichissement de dirigeants et gros actionnaires des sociétés transnationales à un pôle de la société et par l’augmentation des difficultés pour le plus grand nombre à l’autre pôle et par la violence et les guerres. Cette politique du gouvernement s’inscrit dans le cadre des décisions prises par une partie des dirigeants de l’Union “européenne”, qu’il s’agisse de la santé, de la destruction de l’économie nationale au profit de grandes sociétés transnationales ou des guerres menées avec l’OTAN.
Claude JANVIER : Des scientifiques de plusieurs pays ont alerté en 2015 la Commission européenne sur les possibilités d’une nouvelle pandémie avec des coronavirus : résultats : aucun impact, rien ! Ou plutôt si : sans tenir compte de ces alertes, début octobre 2020, la Commission européenne a signé un important « contrat cadre » avec la société états-unienne Gilead Sciences, d’un montant d’un milliard d’euros, afin que les pays membres puissent se procurer le Remdésivir. Or, déjà à ce moment, plusieurs études mettaient en garde sur les effets secondaires de ce médicament. Gilead Sciences était alors elle-même informée de la publication à venir de nouveaux résultats de tests très défavorables à leur molécule. Ces nouveaux résultats de tests ont du reste amené l’Organisation mondiale de la santé à recommander, à la fin du mois de novembre 2020, de « ne pas administrer le Remdésivir aux malades du Covid-19 hospitalisés ».
- Vous révélez comment l’État aide la grande finance à piller le système de santé depuis une trentaine d’années. Comment expliquer cette collusion entre politiques et banquiers ?
J-L. I : En pleine crise sanitaire, le montant total de la richesse contrôlée par les milliardaires états-uniens a augmenté de plus de 565 milliards de dollars en 11 semaines, entre le mois de mars et le début du mois de juin 2020. « La valeur combinée de leur fortune atteint désormais 3 229 milliards de dollars », indiquait alors la journaliste économique Kristin Toussaint dans la revue économique états-unienne Fast Company. Dans le même temps, 22 millions d’Américains s’inscrivaient au chômage. Leurs homologues français se disent « écrasés de charges ». En oubliant de dire qu’ils sont surtout l’une des plus lourdes charges dans le budget de l’Etat mais aussi dans celui des entreprises qu’ils dirigent. Pour les 120 plus grandes entreprises françaises cotées (SBF 120), la rémunération moyenne de leurs patrons a progressé de 2 % en 2019 avec une moyenne à 3,7 millions d’euros, soit le troisième niveau le plus élevé historiquement. Nous consacrons quatre des huit chapitres du livre à la démonstration de cette monumentale tromperie du pouvoir politique au profit de ceux que nous appelons « les écrasés ».
C’est là « le cœur » de notre démonstration : comment le pouvoir politique utilise la crise sanitaire pour dissimuler les conséquences de la crise économique et financière dont il est responsable. Absolument rien ne justifie que des sociétés transnationales comme celles de l’indice boursier CAC 40 qui réalisent les plus importants chiffres d’affaires reçoivent chaque année plus ou moins 200 milliards d’euros sous forme de subventions, d’exonérations fiscales, paient le moins d’impôt en regard de leurs chiffres d’affaires, exportent dans des structures off shore une partie des bénéfices des entreprises, pratiquent l’évitement fiscal et perçoivent encore des milliards d’euros supplémentaires pour supprimer de nouveaux emplois. Le président Macron est le candidat choisi de ces accapareurs. Là est la collusion. Tout comme ils l’ont fait pour Nicolas Sarkozy et François Hollande, ceux-ci lui ont bordé sa route jusqu’à l’Elysée afin qu’il défende leur système de gestion économique et leurs privilèges et il leur est aujourd’hui redevable.
C. J. : Comme nous en faisons la démonstration, le pouvoir finance surtout avec des milliards d’euros de fonds publics annuels les charrettes de licenciements des sociétés du CAC 40. Mais contrairement à ce que tente de faire croire le pouvoir en attribuant la faillite économique et financière au Covid-19, les grands propriétaires privés de la finance et de l’économie bien avant cette crise, bénéficiaient déjà de cette manne étatique tout en délocalisant les productions, fermant des entreprises rentables, mais n’oubliant surtout pas d’exporter une grande partie de leurs bénéfices et de leurs fortunes dans des places off shore. Charité bien ordonnée commence par soi-même.Pas de création d’emplois en France mais en revanche, une augmentation vertigineuse de chômeurs faisant la queue devant Pôle Emploi. Merci les grands patrons… Le secteur industriel ne représentait plus que moins de 11 % de l’activité économique de la France bien avant la pandémie du SRAS-CoV-2. Ce n’est donc pas le Covid-19 qui est responsable de la crise économique et financière mais bien la politique atlantiste menée depuis des décennies.
– Qui sont les “ profiteurs pandémiques” les plus importants ?
C. J. : Les entreprises du CAC-40, les laboratoires pharmaceutiques, les banquiers, les fonctionnaires zélés des ARS (agence régionale de santé), de Santé publique France (695 employés, 800 millions d’euros de dotation exceptionnelle en 2020), du Conseil Scientifique (32 membres, dont seulement 3 médecins) et les media mainstream suralimentés de subventions pour semer le chaos. Car depuis le début de l’année 2020, ils n’arrêtent pas de diffuser les annonces gouvernementales et des administrations de santé sans les vérifier puisqu’émises par des sources officielles — donc a priori crédibles —, laissant les lecteurs, seuls, démunis, et défaitistes, avec le sentiment d’avoir été trompés par le pouvoir et ses représentants. En revanche, ceux qui en font les frais sont les professionnels de la santé et, d’une manière générale, les salariés des entreprises, les transporteurs, commerçants, artisans, hôteliers-restaurateurs, patrons de boîtes de nuit, autocaristes, TPE et PME-PMI, les professions du spectacle et de l’événementiel, les salles de sports…Bref, tous les entrepreneurs et indépendants, qui, grâce à leur travail et à leur dur labeur, font vivre leurs familles et donnent de la convivialité à notre nation et qui malheureusement sont en train de disparaître.
– Vous donnez dans votre enquête des éléments sur la finance de l’ombre qui prospère dans les marges du système bancaire international. Comme ces affairistes gagnent-ils de l’argent à l’occasion de l’effondrement de l’économie réelle ?
J.-L. I. : Ce n’est pas la crise sanitaire mais plutôt des mesures gouvernementales injustifiées, et parfois ridicules, qui mettent l’activité des TPE et PME en péril. En revanche, pour les grandes sociétés qui profitent de la crise sanitaire pour accélérer leurs plans de suppressions d’emplois, cela va plutôt mieux. Un rapport peu médiatisé de Janus Henderson Investors (JHI), société spécialisée dans la gestion d’actifs mondiaux basée à Londres, révèle que « les investisseurs sur le revenu ont, en 2019, perçu 694 milliards de dollars de dividendes de plus qu’il y a dix ans. Les sociétés ont également, à travers le monde, versé à leurs actionnaires le montant impressionnant de 11 400 milliards de dollars au cours des dix dernières années. » Les analystes de JHI ont observé en avril 2020 qu’« un certain nombre de sociétés ont suspendu le paiement de leurs dividendes alors qu’elles avaient des bilans solides et suffisamment de liquidités pour les payer. » Ce n’est donc pas qu’elles ne peuvent pas payer les dividendes aux actionnaires mais qu’ils doivent faire profil bas pour obtenir encore plus de prêts garantis par l’Etat ou de programmes de rémunération des salariés ! Cette bourgeoisie d’affaires qui ne cesse de geindre qu’il y aurait « trop d’Etat » est en réalité celle qui se sert le plus dans ses caisses pour servir ses intérêts privés. Ils sont à la recherche du profit maximum immédiat et ont transformé les pays où leurs sociétés transnationales sont en situation de quasi-monopoles en « monde sans loi », pour reprendre l’expression du juge Jean de Maillard, magistrat spécialisé sur les nouvelles formes de criminalité et auteur, parmi de nombreux autres, d’un ouvrage publié sous ce titre aux éditions Stock.