GEOMETRIE VARIABLE : L’IMPRESCRIPTIBILITE DES CRIMES CONTRE L’HUMANITE

Par Bernard PLOUVIER

À force de déguster la Shoah jour et nuit depuis un demi-siècle – même si, au départ elle s’appelait Holocauste, soit un sacrifice volontairement offert à une divinité -, tout le monde connaît le nouveau crime instauré par les accords de Londres d’août 1945, portant sur les Statuts du TMI – le Tribunal Militaire Interallié-International – où les vainqueurs allaient juger leurs vaincus.

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On créait ainsi – ex post-facto – un nouveau crime, et pas n’importe lequel ! Celui perpétré « contre l’humanité ». À dire vrai, la formulation n’était pas vraiment originale, mais c’était la première fois qu’on en faisait un argument juridique.

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Lors de la phase de règlement de comptes de l’affaire Dreyfus, après la seconde condamnation d’Alfred Dreyfus, cette fois-ci par le Conseil de guerre de Rennes, en 1899, tandis que la radicale-maçonnerie s’apprêtait à fermer autoritairement 13 000 écoles catholiques en France, de 1902 à 1904, le gros Jaurès bramait dans un canard « républicain », en août 1902 : « Le grand crime collectif commis par l’Église contre l’humanité… va recevoir son juste salaire ». Bergson présentait en 1914 la lutte des armées française et allemande comme « le combat de l’humanité contre la bestialité »… c’est comme cela que l’on gagne un Prix Nobel !

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HENRI BERGSON, prix nobel de littérature 1927

Aux Communes, le 2 avril 1917 – peu de temps avant de se faire éjecter de son ministère pour le désastre des Dardanelles, Churchill, probablement sobre as usual, éructait cette forte pensée : « La guerre sous-marine allemande contre le commerce est une guerre contre l’humanité »… ce que n’était semble-t-il pas le blocus féroce imposé aux Centraux par la Royal Navy ! 

Par son article 231, le Traité de Versailles, chef d’œuvre d’honnêteté et d’impartialité comme chacun sait, présentait « la guerre déclenchée par l’Allemagne » comme « le plus grand crime commis contre l’Humanité ». On usait de la majuscule, mais comme le Droit était encore une notion respectée, l’on n’osa pas faire ce que les rédacteurs avaient promis : juger les chefs des pays vaincus !

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Puis, à compter de 1921, L’Humanité, ce phare de la pensée française, devint le canard du Parti stalinien, vantant le brouet moscovite, présentant son abjection et ses crimes comme autant de progrès décisifs de la civilisation. L’on comprenait qu’à l’issue de la nouvelle guerre, ardemment désirée par bien des gens – nazis, capitalistes, marxistes et peuple élu -, on allait ressortir Dame Humanité et en faire une nouvelle déesse.

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Par les statuts du TMI, on définissait – très logiquement, d’ailleurs – le « crime contre l’Humanité » par la déportation, la réduction en esclavage – travail forcé – voire l’assassinat, pour raison d’appartenance à une race ou une ethnie, à une religion ou à une option politique, ou encore au titre d’otage. Et par décision de l’Assemblée générale de l’ONU en date du 26 novembre 1968, ce crime était réputé imprescriptible… ce que le gouvernement de la Ve République française avait anticipé, par la Loi du 16 décembre 1964. Et tant sur la définition que sur l’imprescriptibilité, nul être de bonne foi ne peut qu’opiner favorablement.

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Bien entendu, il importe de préciser que, pour bénéficier du statut de victimes de crime contre l’humanité, les déportés, les sujets placés en camp de travail ou exécutés, doivent être innocents de tout crime. Un auteur d’attentat terroriste (assassinat de soldat isolé et désarmé ou déraillement d’un train ; sabotage de l’effort de guerre de la puissance occupante – ce qui va de la fabrication intentionnelle d’objet inutilisable au trafic de marché noir) est, de jure, un Franc-tireur ou Partisan ou Résistant, soit un individu placé par les conventions internationales sous la Justice de la puissance occupante. On a parfois fait glisser certains détenus, certains sujets exécutés d’une place à l’autre.

Le procès de Nuremberg 65 ans après

Plus sérieusement, l’on a tendance à ne poursuivre au titre de criminel contre l’humanité (avec ou sans majuscule, cela importe peu) que les seuls ex-soldats et policiers du Gross Deutsches Reich.

LE BANC DES ACCUSES

Or, l’imprescriptibilité est un principe absolu : on peut et l’on doit reprocher aux Turcs l’assassinat en masse d’Arméniens, aux Républicains français de 1792-94 le « populicide » du Bas-Poitou (improprement appelé Vendée) – l’expression avait été inventée par Babeuf ; on a préféré ensuite la chimère grammaticale de « génocide ».

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Et des « génocides-populicides », la bonne vieille humanité en a connus d’innombrables : ceux commis par les mahométans à la phase d’expansion de l’islam, ceux des Mongols de Gengis Khan, ceux du fou furieux sunnite Tamerlan, ceux de colons des jeunes USA, d’Australie, de Tasmanie contre les autochtones, ceux de roitelets africains envers des groupes de tribus différents, ceux d’Asiatiques et d’Océaniens pour toutes sortes de raisons.

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GENOCIDE DU RWANDA

Et même, si l’on en croit l’Exode, le Livre de Josué, les Livres des Rois etc., les merveilleux Hébreux en auraient commis un tout petit peu à l’encontre des habitants du Pays de Canaan, cette terre que l’on appellera Palestine, une fois exterminés les habitants des zones côtières, des Européens dénommés Philistins.

Presque tous les peuples ont exterminé leurs voisins ou tenté de le faire. L’espèce Homo Sapiens sapiens a exterminé jusqu’au dernier des Homo Sapiens neandertalensis, denosoviensis, foresiensis… sans compter les espèces encore à découvrir. Tout cela est imprescriptible, même si la dénonciation de ces crimes est plutôt du ressort d’honnêtes historiens, indifférents aux critiques et aux intérêts ethniques, que des juges.             

Laszlo Csatari est décédé avant d'avoir pu être jugé pour crimes contre l'humanité.
Laszlo Csatari, le plus vieux criminel nazi est décédé à 99 ans avant d’avoir pu être jugé pour crimes contre l’humanité.

 De nos jours, plutôt que de dénoncer les immondes crimes commis par les ancêtres morts depuis longtemps, on préfère s’acharner sur d’ex-gardiens de camp ou de convoi ferroviaire… qui par la force des choses étaient des mineurs d’âge durant les années de fer et de feu. Car la majorité légale en Europe était de 21 ans. Seul le Code pénal de l’URSS stalinienne estimait légitime de condamner à mort dès l’âge de 13 ans ! Les nonagénaires allemands persécutés par les bourreaux de la vengeance étaient tous des mineurs d’âge en 1942-45… serait-ce cela l’imprescriptibilité des « Crimes Contre l’Humanité » ? Alors même que l’on continue à tuer pour raison de djihâd, de haines inter-ethniques, singulièrement de ce racisme anti-Blancs que les Européens ont appris à connaître depuis les années 1980. Allons, n’y a-t-il pas mieux à faire pour améliorer les comportements collectifs que de persécuter de très grands vieillards ? A moins qu’il n’y ait à la clef la justification de joyeuses récompenses, les juteuses « réparations » financières au peuple élu, elles-mêmes imprescriptibles de générations en générations.

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