MAIS AU FAIT POURQUOI TANT D’ALARMISME ?

Par Michel LHOMME

Avec la fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées et des universités, nous sommes clairement en phase 3. Le Coronavirus n’est plus une épidémie mais une pandémie. Mais qu’est-ce exactement qu’une pandémie ?  

Récapitulons. Pourquoi le COVID-19 est-il extrêmement dangereux ? Ce qui détermine le danger d’un agent infectieux, c’est, semble-t-il, la combinaison de trois facteurs: le vecteur de contagion, la morbidité et la mortalité. COVID-19 possède un vecteur de contagion compris entre 1,5 et 2,5, soit trois fois plus que la grippe. Ce qui implique que sa propagation est géométrique: 1-2-4-8-16-32-64-128-256 … Mais le pire est que contrairement à la grippe et au SRAS, qui fut la dernière épidémie de coronavirus en 2003, il se propage également pendant les deux semaines d’incubation, avant même d’avoir des symptômes. 

Concernant la morbi-mortalité, une chose doit être claire: nous allons tous être infectés par Covid-19 au cours des trois prochains mois. Maintenant, sur 1 000 personnes, 900 le subiront asymptomatiquement, y compris les enfants et les jeunes, et 100 présenteront des symptômes. Sur ces 100, 80 la passeront comme une forte grippe: toux sèche, maux de tête et douleurs musculaires, soit, pas bien grave deux ou trois semaines confinées à la maison à lire Louis-Ferdinand Céline ou Somerset Maugham. Sur les 20 restants, 15 développeront une pneumonie bilatérale avec difficulté à respirer, ce qui nécessitera une hospitalisation pour administrer des bronchodilatateurs, des corticostéroïdes et de l’oxygène. Les 5 autres développeront une fibrose pulmonaire qui nécessitera une admission immédiate aux soins intensifs avec respiration assistée. De ces 5, 3 mourront. Et les deux qui seront enregistrées présenteront des suites qui impliqueront éventuellement plus tard une greffe de poumon. Ce sont les chiffres qui sont actuellement analysés et traités par la communauté scientifique occidentale, car en réalité les données recueillies en Chine seraient bien pires.

Vu comme cela, cela ne semble pas si grave finalement, une grippe un peu plus sévère comme le répète certains ? Le problème est que, contrairement à la grippe, dans laquelle une partie de la population est déjà vaccinée, le coronavirus attaque comme un tsunami à savoir qu’en deux-trois mois, toutes les infections se produiront. Et c’est là qu’un article espagnol nous permet d’étayer un peu plus notre article (https://elmanifiesto.com/sociedad/449509068/Coronavirus-lo-que-ni-autoridades-ni-medios-nos-cuentan-ed-Javier-Ruiz-Portella.html ).

Sur les 40 millions d’Espagnols, seulement 4 millions présenteront des symptômes. 3 200 000 l’auront comme une mauvaise grippe à la maison. 600 000 autres devront être hospitalisés avec de l’oxygène. Et 200 000 auront besoin de soins intensifs. Le problème est qu’en Espagne, il n’y a que 200 000 lits d’hôpitaux et 3 800 lits de soins intensifs entre les systèmes de santé publics et privés.

En France, suite à la politique systématique de fermeture des lits et des hôpitaux pratiquée depuis des lustres déjà par tous les ministres, qu’on pense par exemple à ce clown médiatique Roselyne Bachelot irresponsable lors du H1NI et qui ose aujourd’hui se pâmer de rire dans les pires émissions de la télévision poubelle, le système de santé est déjà moribond.

Ainsi et c’était bien clair ici dans les sous-entendus et les non-dits de l’intervention télévisée du chef de l’Etat, le vrai problème n’est donc pas la maladie elle-même, la maladie en soit bien qu’elle ait une morbidité et une mortalité importantes, mais le fait qu’en raison de ses caractéristiques épidémiologiques, elle impliquera une hospitalisation très conséquente de patients alors qu’il n’y a plus de lits, un manque d’infirmiers et de médecins sans nom. En fait, la crise du coronavirus révèle la gravité de l’effondrement du système de santé français organisé systématiquement par la drauche de gouvernement, les Agences Régionales de Santé depuis plusieurs décennies pour suivre les injonctions néo-libérales de Bruxelles.

©Michael Bunel / Le Pictorium/MAXPPP – Michael Bunel / Le Pictorium – 2019 – France / Ile-de-France / Paris – Hopital a l agonie et hopital public on t aime. Journee de mobilisation nationale des personnels paramedicaux, medecins, internes et etudiants en medecine dans les rues de Paris. / 2019 – France / Ile-de-France (region) / Paris – Hospital in agony and public hospital we love you. National mobilization day for paramedics, doctors, interns and medical students in the streets of Paris. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfour975424.jpg) [Photo via MaxPPP]

C’est pour cela que le Président a annoncé hier le report de toutes les interventions chirurgicales non urgentes programmées jusqu’alors. C’est pour cela aussi qu’il n’a pas cessé de rendre hommage au personnel de santé dont il n’a pourtant cessé de continuer à rogner les moyens comme l’avaient fait tous les gouvernements précédents qu’ils soient de droite comme de gauche.

Or dans l’état de délabrement de l’hôpital français d’aujourd’hui, la pandémie signifie que lorsque les lits d’hôpital et les unités de soins intensifs seront pleins, il sera nécessaire d’appliquer ce qu’on appelle la médecine de guerre, c’est-à-dire que pour chaque lit libre, sept personnes attendront sur des brancarts et alors les professionnels devront décider (l’âge, la profession, l’état général) qui, ils feront passer en premier et qui, ils renverront chez eux en leur disant qu’ils verront un médecin inexistant parce que réquisitionné à l’hôpital s’occupera d’eux avec une bouteille d’oxygène, bouteille qui ne viendra jamais car il n’y aura même plus.  Et cette description probable oublie au passage le reste des pathologies graves et urgentes qui seront toujours à traiter comme les fractures, les crises d’apendicite, les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les accidents de la circulation, etc. Tout cela donc sans lits et sans soins intensifs.

Cela ressemble à un film de science-fiction, mais c’est exactement ce qui se produit actuellement dans le nord de l’Italie, un pays qui, il y a deux semaines était comme nous maintenant, sur la même courbe d’épidémie. En Espagne, il est prévu que le système de santé s’effondre par engorgement début avril. 

La classe politique française a de plus préféré maintenir les élections municipales qui présentent un réel danger par pur souci une fois de plus de défendre ses intérêts égoïstes. Telle est la situation d’une classe politique qui depuis des lustres applaudit ensemble à la casse systématique des services publics en particulier la santé mais aussi celui de l’éducation et des transports.

Il serait donc bien temps que certains rendent maintenant des comptes à la nation. En tout cas, dans les couloirs, ils mériteraient bien de passer en dernier.