L’AFFAIRE GRIVEAUX, UNE DRÔLE DE VICTIME

Par Franck BULEUX

Les médias et les hommes (et les femmes) politiques nous présentent le pauvre Benjamin Griveaux comme une victime. Mais de quoi et de qui Griveaux est-il victime ?

Victime de quoi ? De la liberté de la vie privée et du droit de faire tout ce qui n’est pas interdit par la loi. Admettons-le, qualifions de licite le fait de se masturber devant une jeune (?) femme sur les réseaux sociaux et de parler, comme au plus beau temps de Mai 68 et des écrits (et des actes) sulfureux de Gabriel Matzneff de « libérer » la gent féminine du carcan familial. On sait, au moins, qu’entre deux conseils municipal et départemental (lorsqu’il était élu socialiste de Châlons-sur-Saône et de Saône-et-Loire), Griveaux lisait (au moins) Françoise Dolto en écoutant son fils, le chanteur populaire Carlos, chanter ce succès au rythme entraînant , « Papayou ». Vous écouterez les paroles de « Papayou », vous serez édifiés… Je le dis d’autant plus facilement que mon âge (né juste avant la réélection de De Gaulle) me permet tranquillement d’affirmer que je chantais cette mélodie alors collégien, voire lycéen d’ailleurs… Ah, la manipulation mentale du couple (sic) Dolto-Carlos…

Mais revenons-en à Griveaux qui insistait physiquement auprès d’une jeune femme (je ne pense pas qu’elle soit dans un EHPAD) ses désirs. Rappelons qu’une chanson connue et récompensée indique qu’un homme (mâle ?) « ne doit pas imposer ses désirs ». Mais là, que fait Griveaux ? Il n’est pas vulgaire, il est obscène. Il impose, non expose ses propres désirs. Aucune association féministe ne s’est élevé contre ces méthodes d’approche, de « conquête » et pourtant… Imaginez que le candidat en question ne s’appelait pas Griveaux, mais Louis Aliot ou Robert Ménard… Quel hourvari, pas contre les réseaux sociaux mais contre ces hommes. Je n’ai pas la mémoire courte et les odieuses campagnes contre Jean-Marie Le Pen en 1988 (dans l’affaire du magazine Play-Boy orchestrée par le magazine Globe et l’avocat de Pierrette Lalanne, divorcée Le Pen, maître Gilbert Collard) et Jean-Claude Poulet-Dachary, en 1995, maire-adjoint de Jean-Marie Le Chevallier à Toulon, tué dans sa cage d’escalier et dont la vie privée fut disséquée (il existerait des mauvais homosexuels d’après cette jurisprudence médiatique, mais c’est un autre débat). Dans ces deux affaires, les victimes étaient des bourreaux de la société.

Dans l’affaire Griveaux, la victime se gratifie d’un procédé masturbatoire devant des inconnus. Des inconnus ? Qui regarde ? Une dame ? Des enfants ? Sur la Toile, il y a un émetteur mais ce dernier ne peut pas justifier du nombre et de la qualité des récepteurs. Griveaux, imbu de sa propre personne, ancien membre du gouvernement, se croyant comme Chirac en son temps maire de la capitale française, s’exhibe. L’exhibition est-elle privée ? Par définition, elle est publique et punissable pénalement. Pourquoi s’exhibe-t-il parce qu’il ressent un sentiment masculin de puissance. Sur les réseaux sociaux, on s’amuse de la taille de son organe intime. Voilà où en est tombé le débat politique français.

Donc, il n’y a pas de débat. Il y a une seule victime, Griveaux. Personne ne parle d’accompagnement psychologique en faveur de la personne qui recevait les messages. D’ailleurs soyons clairs, il y a eu probablement d’autres échanges : il serait bien étonnant que ce type d’échanges, à caractère sexuel, se borne à deux ou trois sextos.

Donc, venons-en aux auteurs présumés de cette révélation (pas du fait lui-même, mais de sa révêlation…).

Si l’obscène Griveaux (c’est plus que de la grivoiserie) est victime, alors il faut qu’il regarde sur sa gauche. Le Russe Piotr Pavlenski qui a pris la décision de mettre en ligne le document est un dissident de gauche de Poutine, un artiste totalement décalé, déjanté. Un de ses relais les plus importants, sur le Net, est le député représentant de Français de l’étranger (la Suisse notamment), Joachim Son-Forget, né Kim Jae Duk à Séoul, et donc un homme politique français. Il fut membre du Parti socialiste (PS) puis intégra La République en marche (LREM), le temps d’être élu député, avant de s’en éloigner récemment. Il est surtout citoyen kosovar puisqu’il soutient activement la souveraineté de ce « pays », traditionnellement considéré comme le berceau de la Serbie. On note, dans ce cloaque, qu’Alexandre Benalla souhaiterait devenir assistant parlementaire de cet homme politique, qui souhaite candidater à la présidence de la République en 2022… Pavlenski, Son-Forget, Benalla, un beau tryptique loin du complot de droite et, cerise sur le gâteau, l’avocat du Russe, artiste dissident, est Juan Branco, candidat pour La France insoumise (LFI) en Seine-Saint-Denis lors des élections législatives de 2017. Voilà le quatuor qui a participé à la fin de la candidature du protégé d’Emmanuel Macron, Benjamin Griveaux.

Une soi-disant victime, un quarteron d’opposants venant de la gauche ou de l’extrême gauche internationale, bref un résumé de la première partie du quinquennat.

Si vous attendez la suite, vous serez déçus car le Russe vient d’être arrêté mais comme le rappelle en boucle les médias, ce n’est pas « à cause de l’affaire Griveaux » (non, évidemment) mais à cause de violences physiques de l’impétrant lors de la Saint-Sylvestre dans un bel appartement du Quartier latin où il était invité par son avocat, l’ancien représentant de Mélenchon. Ainsi, son interpellation va pouvoir mettre fin à cette palinodie, puisque l’on peut s’attendre à une perquisition au domicile du Russe.

Vous me direz, tout le monde n’a pas un coffre-fort comme Alexandre Benalla.

Voilà le niveau de la vie politique française : une victime qui n’est en pas une dont le niveau de testostérone est élevé (mais la taille du pénis ridicule), une (vraie) victime inconnue, un quarteron qui utilise la « vengeance pornographique » contre un pouvoir déjà totalement ébranlé.