Par Michel LHOMME
Le château de Shuri, dans l’archipel méridional d’Okinawa au Japon, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, a été en grande partie détruit par un incendie dans la nuit de mercredi à jeudi, ont annoncé les autorités locales.
Ce
château est au coeur d’un important complexe architectural remontant
au royaume de Ryukyu, qui aurait été utilisé à partir du XVe
siècle. La structure en bois détruite jeudi était une
reconstruction effectuée après-guerre à partir de photographies et
de plans anciens.
Des
images de télévision prises en milieu de nuit montraient de grandes
flammes orange envahissant le complexe historique, situé sur une
colline surplombant Naha, la capitale d’Okinawa. Aucune victime n’a
été signalée, selon les pompiers.
Le
feu était maîtrisé en début d’après-midi, a précisé à l’AFP
un porte-parole des pompiers, ajoutant que 4.800 mètres carrés du
complexe avaient brûlé dont les trois principaux bâtiments.
Véritable forteresse, avec ses imposants murs d’enceinte, ses portes
monumentales et ses nombreux pavillons, le château de Shuri était
le centre politique, diplomatique et culturel du royaume indépendant
de Ryukyu (XVe-XIXe siècles), carrefour des échanges entre l’Asie
du Sud-Est, la Chine, la Corée et le Japon. Le complexe est divisé
en trois zones: administrative, religieuse et privée (appartements
de la famille royale). Selon les autorités locales, l’incendie
aurait démarré dans le pavillon principal, le Seiden, une vaste
structure rouge à étages en bois richement décorée et surmontée
d’un double niveau de toiture, avant de s’étendre aux bâtiments
voisins. La maire de Naha, Mikiko Shiroma, s’est dite « extrêmement
triste » et « profondément choquée ». « Nous avons
perdu notre symbole », a-t-elle déclaré devant des
journalistes. « La ville de Naha va faire tout son possible, tout
ce qui est en notre pouvoir » pour gérer l’incendie et ses
conséquences, avait-elle déclaré plus tôt dans la journée lors
d’une réunion d’urgence.
Le
porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a assuré que
le gouvernement ferait « tout le nécessaire » pour restaurer
le château de Shuri, qui fait partie d’un parc national.
« C’est
triste. C’est dur d’exprimer mon émotion avec des mots », a
confié un habitant de Naha interrogé par la télévision. « Je
me sens vide… C’était un symbole d’Okinawa », a-t-il ajouté.
Le
château avait déjà été détruit en 1945 par les bombardements
américains durant la bataille d’Okinawa. Il avait été reconstruit
à l’identique et avait rouvert en tant que parc national en
1992.
Grâce
à la fidélité historique de sa reconstruction, le château avait
été inscrit en 2000 au Patrimoine culturel mondial avec d’autre
sites et monuments de la région couvrant 500 ans d’histoire de la
« culture unique » Ryukyu, selon le site de l’Unesco. L’une
des portes principales du château, Shureimon, avait figuré sur un
billet de banque japonais en 2000 pour commémorer l’accueil par
Okinawa d’un sommet du G8. Un relais de la flamme olympique devait
par ailleurs passer l’an prochain sur le site avant les JO de Tokyo.
Le Japon est parsemé de nombreux châteaux historiques, mais la
plupart sont des reconstructions en béton, les originaux en bois
ayant disparu au cours des guerres passées, des sinistres ou des
catastrophes naturelles.
Dernièrement,
le château de Kumamoto (sud-ouest) avait ainsi été gravement
endommagé lors de violents séismes qui avaient frappé la région
en 2016, avec des travaux de restauration devant s’étaler sur de
nombreuses années.