par Franck BULEUX
En intelligence économique, les signaux faibles sont les éléments de perception de l’environnement, opportunités ou menaces, qui doivent faire l’objet d’une écoute anticipative, appelée veille, dans le but de participer à l’élaboration de choix prospectifs en vue d’établir une stratégie, et de réduire l’incertitude de la survenance d’un danger plus grand, en liaison avec ces signaux précurseurs. C’est une sorte de phénomène qui doit participer de la prévention des citoyens face à un danger potentiel, voire réel. Ayant eu le plaisir et l’intérêt d’avoir suivi l’enseignement lié aux analyses et aux menaces criminelles contemporaines à Paris II (Université Panthéon-Assas) il y a une dizaine d’années, j’ai aussitôt pensé à cette conception de la prévention lorsque la cathédrale Notre-Dame-de-Paris a subi un incendie d’une intensité considérable lundi 15 avril dernier.
L’enquête judiciaire et policière étant en cours, il apparaît prématuré d’établir des conclusions mais la France n’étant pas (encore) un régime totalitaire, il devrait être encore possible d’émettre, de suggérer des hypothèses fussent-elles d’école.
Certes, la tête de liste pour les élections européennes de mai des partisans de l’équipe Macron-Philippe, Nathalie Loiseau a menacé de « mettre deux claques » à Nicolas Dupont Aignan, leader de la liste des Amoureux de la France. Pourquoi ? Parce qu’il a osé poser la question des causes de l’incendie de Notre-Dame. « Il ne sait rien, il parle quand même », s’offusque madame Loiseau. Comme madame Loiseau sait tout sur tout, par définition, elle ne cesse de jacasser. Elle a dirigé l’Éna, donc elle sait tout. On sait donc, grâce à Nicolas Dupont Aignan, qu’en France, on ne peut s’exprimer que si l’on fait preuve de compétences et/ou de connaissances, bien évidemment appropriées.
Donc, Madame Loiseau, je vous rassure, je suis -aussi- diplômé en analyses des menaces criminelles contemporaines. Puis-je m’exprimer ? On va essayer…
Depuis des mois, des actes de délinquance visent les édifices religieux catholiques, du simple tag à la profanation, toute la France est touchée. Du saccage du prieuré de Saint-Jean-des-Balmes dans l’Aveyron au vol du ciboire en vermeil de la basilique Sainte-Eutrope à Saintes, en Charente-Maritime, tandis que les hosties étaient jetées derrière l’autel, en passant par l’incendie volontaire de l’église St-Sulpice, en plein cœur de la capitale, voisine de Notre-Dame, la France catholique est dans le viseur. Il ne s’agit pas seulement des traditionnels voleurs de troncs ou de jeunes gens désœuvrés mais de véritables faits visant, non seulement à casser, mais aussi à provoquer, à choquer. Le plus souvent, ces actes procèdent d’un modus operandi précisvisant le cérémoniel lui-même, c’est-à-dire d’un mode opératoire anti-chrétien et spécifiquement anti-catholique.
Parfois, ces actes sont signés : à Sète dans l’Hérault, par exemple, il a été tagué, dès février dernier, sur le portail d’un établissement scolaire privé catholique : « La seule église qui illumine est celle qui brûle ! ». Prémonitoire, cette citation de Buenaventura Durruti, l’une des plus grandes figures du courant anarchiste espagnol, partisan de l’ « action directe » : braquages et assassinats, tel celui du cardinal de Saragosse, en 1923. Après tout, Sète n’est guère loin de l’Espagne et doit compter des descendants de ces fameux républicains (sic) espagnols qui ont combattu l’Église d’Espagne pendant la guerre civile hispanique. Mort en 1936, cet anarchiste semble renaître en France puisqu’un site lui consacre, désormais, un tee-shirt à sa gloire, c’est ce que l’on appelle une « boutique militante » ou plus exactement un appel à la haine et au meurtre. Mais, comme c’est Loiseau et Castaner qui décident, on peut penser qu’il n’en sera rien. Pour ces gens-là, il s’agit de la liberté d’expression. De toute façon, la campagne anti-catholique permet tout.
La question des vols et des dégradations dans les églises a longtemps été passée sous silence, y compris par les principaux concernés. Aujourd’hui, trois églises sont vandalisées par jour sur notre territoire : vitraux brisés, bénitiers renversés et tabernacles forcés sont des actes (probablement de résistance pour leurs auteurs) quotidiens.
Le ministère de l’Intérieur a, lui-même (c’est dire…) recensé 1063 actes antichrétiens en 2018, en comptabilisant les cimetières. Oui, le gouvernement ne distingue pas encore catholiques, protestants et orthodoxes, c’est trop lui demander.
Plusieurs élus de droite, avant l’affaire de Notre-Dame avaient demandé l’ouverture d’une mission d’information parlementaire pour mesurer l’ampleur du phénomène, qui ne doit plus rien au seul hasard. Une députée Les Républicains (LR) du Doubs, Annie Genevard, a réclamé dans un courrier du 19 mars, au président de l’Assemblée nationale, cette information. Le député normand LR, Philippe Gosselin, s’est associé à cette démarche. Il ne leur pas été, à ce jour, répondu.
Un mois après, ni l’Église, ni le gouvernement n’ont semblé porté intérêt à la dimension anti-catholique de ces agissements répétitifs et de plus en plus agressifs. Dans le même temps, Notre-Dame-de-Paris n’est plus accessible. Comme disent les élus de gauche, cela va limiter le nombre de touristes à Paris (c’est le lieu le plus visité de France) et comme il existe un mouvement de gauche radicale qui s’oppose au tourisme de masse (voir l’épisode récent de Barcelone), tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Après cette multiplication de signaux faibles, le signal fort s’est accompli. Certes, les conséquences de cet acte ont mobilisé mais quant aux causes, Nathalie Loiseau a exigé l’omerta, le silence des agneaux avant d’être dévorés.
Il est temps, comme le demandait Nicolas Dupont Aignan, d’exiger la vérité quant aux causes réelles de cette affaire. Notre-Dame-de-Paris est « quasi sauvée » claironnent, en chœur, les médias mais notre civilisation, elle, est en danger.
Écoutez certaines voix dans les rues, veillez aux signaux faibles, il est des héritiers dont nous nous serions passés. Bernanos, au secours, Georges, pas Antonin !
A noter : en complément de cet article, voir la rubrique la vidéo de la semaine