GILETS JAUNES ET DICTATURE

Michel LHOMME

Une vidéo enregistrée lors de l’acte 9 montre un groupe de CRS en train d’agresser dans la nuit un homme âgé, vêtu d’un gilet jaune à un arrêt de tramway à Bordeaux. Un ou deux membres des forces de l’ordre lui donnent de violents coups de matraque, alors que la fille du manifestant les supplie d’arrêter. Le groupe de CRS accule l’homme âgé, vêtu d’un gilet fluo, à un arrêt de tramway proche de la place Pey Berland. Les fonctionnaires coincent alors le manifestant contre la vitre et le passent à tabac alors que l’individu cherche désespérément à se protéger la tête de ses mains. Les policiers venaient de charger pour évacuer la place. Ils ont donc dû juger qu’il n’avançait pas assez vite. Sa fille que l’on entend crier sur la vidéo a essayé de le protéger mais les CRS ont continué. (https://twitter.com/twitter/statuses/1084256969949626368)

Scène hallucinante, plusieurs vidéos ont aussi montré des tirs provenant d’un hélicoptère lors de la manifestation toulousaine de samedi. De tels tirs s’étaient aussi déroulés sur la zone du Tampon sur l’île de la Réunion, sur ordre du préfet. Ce qui paraît évident, c’est la grande dangerosité de ces jets aveugles venus du ciel, moyens normalement utilisés en temps de guerre civile ou en temps de dictature. Cette réponse disproportionnée, sans sommation aucune qui méritait clairement une enquête, n’a pourtant fait l’objet d’aucune interrogation de la part des journalistes, n’a soulevé aucune indignation sachant qu’un philosophe du vieux monde, médiocre et surfait que l’on croise l’été à la terrasse du Nemours, place du Palais Royal, Luc Ferry a appelé officiellement à l’exécution sans sommation des manifestants comme au bon temps de la Commune. A Toulouse, et pour la première fois dans un conflit social, il a plu des flashballs comme avant du gaz lacrymogène. A Bourgtheroulde dans l’Eure, les manifestants étaient verbalisés mais surtout immédiatement photographiés et fichés par la gendarmerie locale. A Lille, les policiers ont chargé en criant « Pas de quartier ! ».

Au total, samedi 244 personnes ont été interpellées, dont 201 ont été placées en garde à vue, selon le ministère de l’Intérieur. Face à une telle répression, ne dites plus jamais « la Police avec nous », la police qui n’était plus nationale s’est totalement retournée contre le peuple, brigade anti-criminalité en tête et surtout, optez pour les stratégies indirectes du mensonge pernicieux et du sabotage discret mais en règle. En 1989, c’est cette dissidence là qui fit à la longue imploser le régime.