TAXER LES AVIONS OU VOLER TOUJOURS PLUS HAUT ?

Michel LHOMME

Contre la taxe du diesel, les gilets jaunes ont brandi dans une même logique d’imposition excessive d’autres taxes en particulier taxer les avions et taxer les grands cargos, porte-containers. Ce sont en effet des pistes à étudier comme définir un bilan carbone annuel de chaque citoyen qui définirait un taux d’imposition écologique. Cela nous amuserait puisque les bobos sont les plus friands de voyages exotiques en avion puisqu’ils peuvent se les payer.

Une étude de Nature Climate Change (mai 2018) confirme que les émissions de gaz à effet de serre causées par le tourisme c’est-à-dire surtout et avant tout le transport aérien en constituent une large part. Entre 2009 et 2013, on serait passé d’un impact de 3,9 à 4,5 milliards de tonnes équivalents de CO2.

Mais trêve de plaisanterie, en étudiant actuellement la question complotiste des chemstrails sur lequel nous reviendrons peut-être dans une chronique, nous sommes tombés sur un rapport en date du 8 mai 2018 de la revue Nature Communications. C’est un synthèse très complète sur les contrails (contraction de l’anglais «  condensation trails » ), ces traînées de condensation qui s’étirent derrière les avions à réaction. Ils accentueraient de manière certaine maintenant le réchauffement climatique et probablement davantage que le carburant brûlé pour faire voler les appareils.

Il faut savoir qu’on estime à l’heure actuelle que l’avion serait responsable de 4 % de ce qu’on appelle le « forçage radiatif anthropogénique » mot barbare pour désigner le déséquilibre d’origine humaine entre l’énergie entrante et sortante dans l’atmosphère terrestre. Ce pourcentage se partagerait entre les nuages, les traînées générées par les avions et le CO2 issus des réacteurs et ce serait même un peu plus pour les nuages. Il suffirait donc pour réduire en partie le dit « réchauffement climatique » d’empêcher la formation de ces nuages de ces traînées de condensation qui peuvent subsister dans l’atmosphère pendant des heures. Par temps clair, on les voit de plus en plus sur Paris dessiner des lignes dans le ciel du haut de nos terrasses.

Quelles seraient alors les solutions à court terme ? On parle de combustibles synthétiques dérivés du charbon, du gaz naturel ou de la biomasse ou encore aux biocarburants. L’hydrogène liquide ou le gaz naturel liquéfié représentent également des pistes intéressantes mais cela suppose d’autres moteurs, d’autres types de réacteurs que l’on ne sait pas encore fabriquer. Certains rêvent alors de l’avion électrique. C’est un fantasme aussi stupide que celui de la généralisation de la voiture électrique. La solution la plus radicale c’est réduire drastiquement le transport aérien qui est pourtant aujourd’hui exponentiel et pour freiner cette expansion effectivement le surtaxer mais on pourrait aussi tout simplement détourner le trafic aérien c’est-à-dire voler tout simplement plus haut là où l’air est plus froid et sec. De l’avis de tous les spécialistes cela réduirait immédiatement la formation des traînées.

Actuellement, les trajets empruntés et les altitudes cherchent avant tout à minimiser les temps de vol et les coûts. De toute évidence, hostiles aux taxes sur les avions surtout après la vente scandaleuse au privé d’Aéroports de Paris, les compagnies aériennes seront aussi réticentes à voler plus haut. En tout cas, l’Organisation de l’aviation civile internationale cherche bien à réduire ses émissions à effet de serre mais ne la posant que comme un problème de carburant car pour elle la pollution par les nuages générée par les avions n’existe tout simplement pas.