G7 ET OTAN, COMME UN PARFUM DE SEVENTIES ET D’ODEUR D’ANNEES 30

G7 ET OTAN, COMME UN PARFUM DE SEVENTIES ET UNE ODEUR D’ANNEES 30

Par Michel LHOMME

Un G7 au parfum de seventies

Inflation, problèmes d’approvisionnement énergétique, relation délicate avec la Russie, faible croissance… La situation économique des pays du G7, réunis en Allemagne, n’est pas encourageante. Éviter la concurrence monétaire et renouveler l’unité face au défi russe marquèrent toute cette réunion tout en demi-teintes du moins officiellement.

En 1975, la première réunion du G7 (alors il y avait six pays) avait été convoquée pour faire face à la grave crise économique à laquelle l’Occident était confronté suite au « choc pétrolier ». Un demi-siècle plus tard, les préoccupations de ce nouveau sommet, qui s’est tenu en Allemagne du 26 au 28 juin furent quasiment similaires : inflation, problèmes d’approvisionnement énergétique, relation délicate avec la Russie (alors URSS) et très faible croissance économique. Certains enjeux sont cependant différents, comme la transition écologique ou la relation commerciale avec la Chine.

La situation économique des pays du G7 est en effet loin d’être encourageante et tous les signaux sont au rouge. Le scénario de stagflation voire de récession a fait son chemin ces dernières semaines. 

Lire à ce propos les deux articles suivants : https://metainfos.com/2022/06/26/economie-rien-ne-va-plus/ et https://metainfos.com/2022/06/26/16428/

En effet, les politiques restrictives que les banques centrales ont mises en place pour lutter contre l’inflation et stopper « l’argent hélicoptère », la planche à billets industrialisée vont provoquer dans les semaines à venir un arrêt forcé de la demande intérieure, l’un des scénarios les plus dangereux étant la déclaration toujours possible de faillite de certains états comme l’Italie, l’Espagne ou la France qui, elle, continue pourtant de se croire sur un nuage !

L’OTAN à Madrid, comme une odeur d’années 30

Après le coup d’éclat russe du 24 février, les Occidentaux nous l’ont joué grand duc d’Espagne, appelant comme en 36 à la constitution de légions internationales de défense de l’Ukraine – d’où l’on attend encore en vain les Malraux ou les Orwell ! – ou choisissant Madrid pour se réunir. Tout un symbole quand on connaît le rôle de la guerre d’Espagne comme précurseur de la Seconde Guerre Mondiale.

En tout cas, c’est dorénavant clair, l’Alliance cherche à s’établir définitivement en tant qu’organisation de sécurité mondiale, allant même jusqu’à identifier clairement pour la première fois la Chine comme une source de menace dans son nouveau concept stratégique. 

L’Ukraine oblige l’OTAN à unir ses forces à la fois dans la région indo-pacifique et en Europe et à dévoiler un visage qui est de moins en moins défensif mais offensif, pilier armé du modèle ultra-libéral, de la révolution arc-en-ciel en cours, du globalisme unipolaire sous drapeau américain, sous vision exclusivement atlantiste. 

Au-delà du geste diplomatique, en choisissant Madrid comme lieu du XXXème  Sommet de l’OTAN à l’occasion du 40e anniversaire de l’entrée de l’Espagne dans l’organisation, la réunion qui se tiendra par les 30 alliés, les 29 et 30 juin, a tous les éléments pour être considérée comme historique ou, selon les propres mots du secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg , « transformatrice« . Elle représente en effet un changement radical dans le scénario de sécurité, non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier. Alors que tous les regards étaient tournés vers la région Indo-Pacifique, avec la Chine comme principale référence pour sa contestation ouverte de l’hégémonie américaine, la résistance légitime de Vladimir Poutine aux provocations des Occidentaux forcerait l’OTAN à un retour sur la scène européenne, avec la volonté accrue d’entendre assurer et maintenir l’hégémonie américaine si nécessaire par la force et les armes, envisageant carrément une guerre « conventionnelle » et des champs de bataille sur un continent apparaissant plus faible et plus vieux que jamais de par sa soumission et sa vassalité à l’oncle Sam, une Europe qui préfère par exemple importer sans aucun état d’âme écologique le pétrole liquéfié du gaz de schiste américain et se priver des oléoducs russes pour défendre la zone d’influence américaine à part entière plutôt que se déclarer haut et fort, souveraine et indépendante, libre et autonome. Pourtant cette Europe de la honte paiera seule – mais s’en rend-elle compte ? – les pots cassés par l’appauvrissement de sa population, par la chair à canon d’une guerre américaine où les Etats-Unis se garderont bien d’envoyer leurs hommes et ce, par la stupidité et la misère intellectuelle et stratégique de tous ses dirigeants.