Par Michel LHOMME

Entre 20 et 50 fidèles ont été tués dimanche dans une attaque perpétrée par plusieurs hommes armés, dans une église catholique de l’État d’Ondo, situé dans le sud-ouest du Nigeria durant la messe de Pentecôte. Les images du massacre diffusées en boucle sur les réseaux sociaux nigérians avec les corps en sang de croyants dans les travées sont proprement insoutenables et c’est tout l’Etat d’Ondo qui est aujourd’hui en deuil. Le président actuellement en dernière année d’exercice Muhammadu Buhari a condamné le « meurtre odieux de fidèles ». Ce sont donc des hommes armés qui ont attaqué dimanche 5 juin une église catholique dans l’État d’Ondo, situé dans le sud-ouest du pays, tuant entre 20 et 50 fidèles durant la messe de la Pentecôte, selon le gouvernement et la police. Cette attaque s’est produite pendant l’office du matin à l’église catholique St Francis dans la ville d’Owo,pourtant habituellement épargné par les jihadistes et les bandes criminelles actifs dans d’autres régions du pays. La responsabilité de l’attaque n’a pas été revendiquée. Ses motivations et son bilan n’étaient pas connus dans l’immédiat, mais l’attaque surprend à la fois par son intensité et le fait qu’elle atteint un territoire relativement proche de la mégapole Lagos. Le gouverneur de l’État d’Ondo, Oluwarotimi Akeredolu, a appelé dans son communiqué les forces de sécurité à retrouver les assaillants après cette « attaque ignoble et satanique ».
Selon la porte-parole de la police de l’État, Ibukun Odunlami, ils ont attaqué l’église munis d’armes à feu et d’explosifs.
Au moins cinq hommes armés
Un témoin, qui n’a donné que son prénom, Abayomi, a déclaré à l’AFP qu’au moins 20 fidèles avaient péri dans l’attaque. « Je passais dans le quartier quand j’ai entendu une forte explosion et des coups de feu à l’intérieur de l’église », a-t-il dit. Il a dit avoir aperçu au moins cinq hommes armés à l’intérieur de l’église avant de s’enfuir pour se mettre en sécurité.
« Le Pape a appris l’attaque (survenue) à l’église d’Ondo, au Nigeria, et la mort de dizaines de fidèles, dont de nombreux enfants, pendant la célébration de la Pentecôte », a indiqué le service de presse du Vatican dans un communiqué. « Alors que les détails de l’incident sont en train d’être clarifiés, le Pape François prie pour les victimes et pour le pays, douloureusement affectés lors d’un moment de célébration, et les confie au Seigneur, afin qu’il envoie son Esprit pour les consoler », a-t-il ajouté. Nous pouvons témoigner d’une émotion très vive au Nigéria avec une peur pour certains d’un retour à la guerre civile.
Depuis des mois, l’armée nigériane est déployée sur de nombreux fronts pour tenter d’enrayer l’insécurité dans le pays. Une insurrection jihadiste fait rage depuis 12 ans dans le nord-est où des gangs de pilleurs et de kidnappeurs terrorisent le nord-ouest et centre, tandis que le sud-est est le théâtre de mouvements séparatistes. Le pays le plus peuplé d’Afrique noire s’approche d’élection présidentielle prévue pour février 2023 dans un climat de plus en plus délétère. Les attaques contre les sites chrétiens sont particulièrement sensibles au Nigeria, où les tensions s’exacerbent parfois entre les communautés d’un pays dont le Sud est majoritairement chrétien et le Nord majoritairement musulman. Mais, ce type d’attaque est toutefois rare dans le sud-ouest du pays, relativement paisible ce qui pourrait augurer d’éventuelles représailles. Nous étions justement hier avec des yorubas de cet état qui dans l’émotion vive de l’événement que nous avions appris dans la demi-heure suivante parlait de « vengeance » tout en pleurant.
L’armée nigériane est confrontée à de nombreux foyers d’insécurité dans le reste du pays. Une insurrection djihadiste fait rage depuis douze ans dans le Nord-Est, les gangs de pilleurs et de kidnappeurs terrorisent le Nord-Ouest et le Centre, et le Sud-Est est le théâtre de mouvements séparatistes. Le groupe djihadiste Boko Haram, présent dans le nord-est du pays, avairt déjà pris pour cible des églises au long d’un conflit qui a fait 40 000 morts et 2 millions de déplacés au Nigeria. Mais pour l’instant, on ignore qui sont les commanditaires de ce massacre.
