par Bernard PLOUVIER
« Wo wächst die Gefahr, wächst auch das Retten »
« Où grandit le péril, grandit aussi la puissance salvatrice », Friedrich Hölderlin

Dans beaucoup de sociétés depuis l’Antiquité, et probablement depuis la préhistoire dont on ne connaît que peu de choses, l’on apprend à la jeunesse les méthodes de combat contre les proies ou contre les prédateurs extrahumains et humains.

On rappelle qu’avant 1914, l’instruction militaire était obligatoire dans les classes de lycée de tous les pays européens. Il est stupide de reprocher cette militarisation de la jeunesse aux seuls régimes totalitaires.
Longtemps aux USA, les patriotes envoyaient leurs rejetons mâles dans des lycées militaires ; d’où divers romans et navets hollywoodiens racontant la triste histoire de mollassons effarouchés par ce milieu où la féminité ne joue guère de rôle.

En URSS et, à son imitation, dans les dictatures communistes, la préparation militaire fut imposée aux lycéens et aux étudiants des deux sexes.

L’originalité du Reich national-socialiste fut d’y adjoindre une forte dose de métaphysique : l’on n’en attendait pas moins des Germains.

« L’éducation nationale-socialiste… qui est le fait des parents et des enseignants… est tournée vers la compréhension des traditions allemandes, l’éveil de la conscience d’appartenir à un Volk honnête et non corrompu… Un membre du Volk germanique a la volonté de tout sacrifier pour le Volk. Ce n’est pas de l’hyper-patriotisme, mais l’effet de la joie d’appartenir à un Volk noble… La vie vient de Dieu et retourne à Dieu : Dieu et le Volk sont les fondements de notre communauté » (X-1936-37).
L’on rappelle que les nazis, comme nombre d’Occidentaux jusqu’aux années 1950 et suivante, confondaient deux notions différentes : la race et la nation. D’autres, en notre époque de sous-culture effarante, vont jusqu’à nier l’évidence la plus éclatante, proclamant qu’il n’existe pas différentes races au sein de l’humanité, mais « une seule race humaine »… ce faisant, ces ignares en matière de classification biologique confondent le genre humain et ses subdivisions, que l’on nomme races !
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Même si la divinité de nombre de chefs nazis n’était pas celle des chrétiens, l’allusion au Numen, la puissance divine, implique un espoir eschatologique : on peut sacrifier sa vie soit dans l’espoir d’une vie surnaturelle (dans ce paradis qui a séduit les sémites qui l’avaient appris des Perses antiques), soit dans celui d’une suite de réincarnations (d’origine asiatique), soit enfin par pur dévouement à la patrie, à l’État et à son chef, dans un espoir de survie de la Nation et de participation à la gloire des grands ancêtres (une notion héritée d’Homère, pour les Européens).

De fait, respecter une tradition qui a fait ses preuves – aimer sa famille et sa patrie, leur sacrifier beaucoup, et même sa vie – apporte à l’être humain cette sensation de plénitude qui fait accepter la mort, plus aisément même qu’à celui qui croit en une seconde chance post-mortem, voire davantage dans le cadre d’un très long cycle de réincarnations.
A contrario, combien de prêtres âgés, surtout s’ils sont dépourvus de descendance, et toutes religions confondues, sont-ils exempts de la peur de mourir ? L’expérience médicale rend très sceptique quant à la totale sincérité des professionnels de l’assurance-vie éternelle.
L’individu peut mépriser la mort si elle clôt une existence féconde, ou si la vie est volontairement sacrifiée à une cause jugée grande et noble. À l’inverse, il est stupide de la hasarder pour la gloriole ou sur un pari ordalique, ce qui est le propre des imbéciles, qui, avec les nullités, les psychopathes et les êtres fongibles (soit : aisément remplaçables), forment la majorité de l’espèce.
L’unique tragédie humaine est l’absence de réalisation, à l’âge adulte, des promesses de l’adolescence. La responsabilité de l’environnement éducatif est très souvent engagée, mais de façon moindre que la responsabilité de l’individu qui s’abandonne par veulerie à la paresse et à la recherche du plaisir.

Les littérateurs naturalistes puis existentialistes des XIXe et XXe siècles sont totalement passés à côté de ce phénomène majeur, pour avoir narré dans leurs romans à succès la vie de psychotiques, de psychopathes et de sociopathes, au lieu de dénoncer en eux les tares héréditaires et les déchets d’une éducation ratée. Quant aux psychanalystes, ils vivent, sans trop se fatiguer et souvent de façon fort rentable, de l’exploitation de ces vices de forme et de fond de l’humanité. Tous sont des intellectuels nombrilistes, que n’effleure même pas la notion de sacrifice pour un idéal transcendant la triste réalité matérielle.
Il est beaucoup plus utile de comprendre l’effroyable gâchis de dons et de talents observé à chaque génération, par une éducation ratée ou par l’absence de cette méritocratie qui définit la véritable démocratie, lorsqu’elle est associée à l’Isonomia (l’égalité de tous – puissants et vulgum pecus – devant la loi) et au recours à la nation pour les grandes décisions engageant son avenir. Ne pas offrir un but exaltant à la jeunesse est, pour un chef d’État, le crime majeur… et la guéguerre économique n’est sûrement pas un but exaltant !
Au final – même si cela est politiquement incorrect voire, de nos jours, strictement incompréhensible à une jeunesse amollie, féminisée à outrance, abêtie par une propagande mondialiste et par le rejet de tout ce qui avait fait de l’Occident le grand civilisateur de la planète, au total une jeunesse baignant dans le plus abject hédonisme –, il n’est pas sot de proclamer bienheureux qui meurt jeune en plein accord avec son idéal.
En septembre 1936, lors du Congrès du NSDAP le plus intéressant pour qui veut comprendre la doctrine nazie, le Führer avait dit : « La jeunesse doit être puissante, dominatrice, intrépide… En elle, il ne doit rien y avoir de faible ni de tendre » (Adolf Hitler, 2014).
Au vu des catastrophes qui se sont abattues sur l’Europe depuis les années 1980 et qui s’amplifient de décennie en décennie, on peut se désoler de ce que la jeunesse autochtone européenne ne soit pas éduquée selon ces principes, qui étaient ceux des jeunes européens des années 1900-14.
Tomber au combat pour sa patrie, sa foi, son idéal politique ou social est le « souverain Bien », hélas trop rarement réalisable. Les circonstances générales ne s’y prêtent que lorsque l’histoire ne somnole pas, lorsque l’héroïsme fait partie du quotidien.
Disparaître tôt, sans avoir eu l’occasion de se trahir ou de se renier, en s’épargnant l’accumulation des ans qui procure plus volontiers la décrépitude que la sagesse, c’est quitter la tragicomédie humaine en état de grâce. C’est en cela que Nietzsche avait raison d’écrire : « Les favoris des dieux meurent jeunes » (in La naissance de la tragédie, 1870). On a du mal à imaginer Achille ou Hector égrotants et bedonnants (a contrario, Roger « Vercel », né crétin, avait décrit la triste évolution d’un héros de la Grande Guerre dans son Capitaine Conan.

Dans son ouvrage le plus subtil Parerga et Paralipomena (une forme d’humour que l’on pourrait traduire du grec antique par : Propos accessoires et négligeables), l’athée Schopenhauer avait très justement écrit : « Les hommes ont essentiellement besoin d’une interprétation de la vie ».
C’est ce qu’avait offert le National-Socialisme aux populations germaniques, hélas en associant à un idéal et à d’exceptionnelles réalisations populistes, un racisme idiot aux conséquences criminelles, donc transformant l’héroïsme en un fanatisme absurde.
En 1933, au prétentieux bas-bleu de la philosophe universitaire Hannah Arendt, un jeune ouvrier nazi avait déclaré en substance la même chose que ce qu’avait écrit le grandiose Arthur : « Peu importe qu’on vive quelques années de plus ou de moins, pourvu qu’on ait quelque chose à montrer en justification de sa vie » (Arendt, 1972). Plutôt que de pérorer bien inutilement sur un thème que tout le monde connaît depuis l’Antiquité hindoue, chinoise et gréco-romaine, à savoir la banalité du mal, à la fois dans sa réalité universelle et diachronique, et dans les motivations réelles des donneurs d’ordres et des agents d’exécution, on pourrait réfléchir au sens du sacrifice volontaire de la vie.
Les héros de la Wehrmacht, comme ceux de l’Armée Rouge ont prouvé que même dans un régime à caractéristiques criminelles, il existe des raisons très honorables pour lesquelles on peut sacrifier sa vie : l’amour de la patrie et la sauvegarde de sa famille. Après tout, si chacun doit mourir, autant le faire avec honneur et pour un objet digne de respect. L’orgueil suprême sera toujours de décider quel est son devoir et de ne demander à personne l’autorisation de l’accomplir.
Indications bibliographiques
H. Arendt : Le système totalitaire, Seuil, 1972 (3e partie de son ouvrage assommant : Origines du totalitarisme, en 3 volumes, initialement paru aux USA en 1951)
A. Hitler : Principes d’action. Huit discours intégraux prononcés en 1933-1936, Déterna, 2014
B. Plouvier : La fin d’un monde. L’An 1914 : la guerre dont tout
le monde voulait, Dualpha, 2016

A. Schopenhauer : Parerga et Paralipomena, Alcan, 1906 (première édition allemande de 1906)
R. « Vercel »-Cretin : Capitaine Conan, Albin Michel, 1934
X : Die Erziehungsgrundsätze des neuen Deutschlands, NS FrauenWarte,
volume 5 (année 1936-37), N°22, p. 692-693 (revue bimensuelle de l’Association Nationale-Socialiste des Femmes Allemandes ; ce N° a été lu dans la traduction anglo-us de Randall Bytwerk, parue sur le site Net de la Calvin University, Grand Rapids, Michigan) (https://research.calvin.edu/german-propaganda-archive/frau01.htm)
Site (https://research.calvin.edu/german-propaganda-archive/index.htm) qui propose à la fois des archives de la propagande nazie (1933-1945) et de la RDA (1945-1989) aux contenus parfois similaires !
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