NOEL A LAGOS : la fete et la vie !

Par Michel LHOMME

Se déplacer dans Lagos un soir de décembre relève bien souvent du tour de force tant la circulation est dense sur les principaux axes de la ville. Les véhicules progressent pare-chocs contre pare-chocs dans la clameur des vendeurs de rue et les sirènes des escortes de sécurité. En cette saison, le cœur culturel et économique du Nigeria et ses quelque 20 millions d’habitants sont pris d’une frénésie encore plus intense que d’ordinaire. Chaque soir, les nombreux bars, restaurants et boîtes de nuit sont pris d’assaut par les fêtards. C’est « Detty December », une formule dérivée de l’anglais « Dirty December », littéralement « décembre sale » en français et en cette fin d’année, les artistes aussi sont de retour au pays. Chaque soir, les plus grands noms de l’afrobeats jouent à domicile, en solo ou dans le cadre d’un des nombreux festivals organisés à partir de la mi-décembre à Lagos et Abuja. Même si le prix des tickets est plutôt élevé pour le marché local, il est possible de voir se produire toutes les stars de l’afropop nigériane en l’espace de quelques jours, de Wizkid :

à Davido   :     

en passant par le géant Burna Boy – de passage à Lagos entre deux dates internationales :

En 2020, la tradition avait été mise à mal par la crise sanitaire mondiale, mais cette année, Detty December a repris des couleurs en dépit de l’explosion des cas de Covid-19.

Nonobstant, ce mardi 21 décembre, le pays a enregistré son plus fort taux de contamination depuis le début de la pandémie (2 123 nouveaux cas). Et au gouvernement, on a évoqué la possibilité d’un confinement total pour début janvier. Les chiffres du covid ont toujours été largement sous-estimés en raison de la difficulté d’accès aux tests de dépistage mais c’est bien loin de décourager les fêtards. Dans les quartiers et les boîtes de nuit, on ne porte jamais le masque et on sent immunisé par la malaria et les traitements anti-paludéens reçus hier. Reste que la ville de Lagos cette année a repris ces illuminations si spectaculaires

alors qu’en France, politiquement correct et peur au ventre, on interdit les crèches, lésine sur les sapins de Noël et empêchent les gens de se réunir en discothèques.

L’Afrique sera toujours l’Afrique et Paris n’est plus Paris !

La piste de danse du Moist Beach Club Oniru, où se produit le célèbre DJ sud-africain Black Coffee, à Lagos, le 22 décembre 2021.

Photo de couverture : décorations de Noel, Victoria Island, Lagos (Nigeria)