par Michel LHOMME
L’île de Taïwan nommée autrefois par les Portugais Formose, fut le dernier bastion des nationalistes chinois, servant de refuges aux derniers résistants de la guerre civile mais aussi aux maffias commerciales chinoises qui fuyaient Mao.
Le général Cheng Cheng Kung, (Koxinga), dernier défenseur de la dynastie Ming, reconquit l’île qui appartenait aux Hollandais, qui l’avaient arraché eux-mêmes aux Portugais en 1662. Après une petite renaissance culturelle chinoise, l’île tomba en déshérence. Après la guerre chino- japonaise, elle fut transférée à l’Empire nippon qui commença à l’urbaniser.
Après la Seconde Guerre Mondiale, elle fut le petit « cadeau américain », la récompense des alliés qui la transmirent à la Chine pour l’aide de cette dernière apportée dans le conflit du Pacifique contre le Japon.
Mais pour les Chinois la guerre se poursuivit sous forme de guerre civile jusqu’en 1949, date de la victoire des communistes de Mao Tse tung, amplement soutenu par les soviétiques. Le général Chiang Kai shek décida alors de se réfugier avec le reste de ses combattants et de leurs familles sur cette petite île espérant l’opportunité qui lui permettrait de récupérer le reste du pays. Ce qu’on appelle « la Grande Retraite » (https://en.wikipedia.org/wiki/Retreat_of_the_government_of_the_Republic_of_China_to_Taiwan)
C’est ainsi que deux millions de nationalistes chinois s’exilèrent à Taiwan et vinrent s’ajouter aux six millions d’insulaires déjà présents sur place. Après l’échec de plusieurs tentatives des communistes chinois pour s’accaparer l’île ou du moins l’archipel des pêcheurs en 1954 et 1958, les Etats-Unis décidèrent d’étendre un mandat de protection à ce qui était devenu un allié dans la guerre de Corée.
Puis ce fut la guerre froide, le lancement d’une réforme agraire qui reçut l’appui de la population locale et jeta les bases d’un développement économique industriel et financier de l’île qui suivit les principes de Sun Yat Sen, fondateur du Kuomintang (le Parti Nationaliste Chinois) : nationalisme intégral, démocratie avec principe d’égalité politique des citoyens entre eux, bien-être social et économie corporatiste. Taiwan a ainsi connu une croissance économique spectaculaire, comparable à celle du Japon et de l’Allemagne, devenant très vite exportatrice. Cela permettant aussi de fait par le nationalisme (proche d’un certain fascisme européen) une renaissance de la culture classique chinoise, et fomentera un véritable orgueil chinois dont paradoxalement on peut dire que la Chine continentale actuelle a hérité.
Néanmoins, Taiwan fut expulsée de l’ONU par calcul politique américain après la reconnaissance officielle de la Chine communiste par le Président Nixon qui commença alors à prendre ses distances avec son allié. Cela amènera Taiwan à se méfier des Américains et à chercher d’autres reconnaissances officielles par exemple dans les pays latino-américains ou africains en particulier par l’octroi d’aides économiques dont ces pays pauvres avaient alors besoin.
L’île ne fut cependant jamais complètement détachée de la Chine continentale car elle avait besoin de sa main d’œuvre et bien sûr aussi de ses matières premières pour son approvionnement alors que plus tard lors du grand décollage chinois, elle exportera ses produits et son savoir-faire sur le continent en particulier dan le domaine d informatique.
En définitive, Taiwan avec Chiang Kai shek se sauva du communisme et avec son fils Chiang Ching Kuo, elle devint puissante par une croissance économique étonnante et bien gérée et une progressive taiwanisation du pouvoir, avec le rappel de certains dirigeants exilés et la légalisation de l’opposition démocratique qui réussit ainsi à obtenir un meilleur appui de la population locale endogène. Avec Lee Teng-hui, Taiwan devint alors vraiment une puissance économique démocratique forte du camp occidental mûe d’une identité nationale, propre et totalement singulière sur lequel il faudra aussi nécessairement compter et qui pourra même nous surprendre en cas de conflits futurs. Car si une bonne part de la population Taïwanaise, en fait la plus âgée, est en fait prochinoise ( notamment les nostalgiques du Kuomintang), il est vrai que les jeunes, les étudiants en particulier comme à Hong-Kong demeurent réellement attachés à la démocratie. Les Taïwanais ont quand même élu et réélu en 2020 une présidente indépendantiste, MadameTsai Ing-wen.
