APRES L’AUTODAFE, UNE METHODE PLUS SILENCIEUSE

par Rémi TREMBLAY

L’autodafé récemment organisé par la « gardienne du savoir autochtone » Suzy Kies a comme on le sait créé un tollé d’une ampleur internationale et c’est soldé par la démission de Suzy Kies, l’arrêt des bûchers, mais aussi une saine suspicion de la part de la population, qui vraiment ne croyait pas que ce genre d’autodafés pouvait avoir lieu.

Les épurations bibliothécaires se font habituellement à huit clos, loin du regard du public, et la contrepartie publique, l’expurgation des statues, noms de bâtiments et noms de rue, concerne souvent des personnages fort peu connus du public gavé de Netflix, faisant en sorte que celui-ci adhère sans trop se poser de question au salissage public dont ces héros d’hier sont l’objet. Lorsque l’on a déboulonné des John A. MacDonald d’un océan à l’autre, personne n’y trouva rien à redire, la plupart ne connaissant ni l’homme, ni son œuvre. Mais quand on lança des Tintin, des Lucky Luke et des Astérix dans les feux purificateurs de Kies, le public savait bien que ceux-ci n’avaient jamais commis de génocide.

Ce fut un dur contre-coup pour les partisans du wokisme; après des années à imposer leur narratif dans l’espace public, à décréter des sentences rayant les morts de l’histoire, les vivants de la société, ceux-ci croyaient la joute gagnée d’avance. Mais trop confiants, ils se sont attaqués à trois des auteurs les plus universellement connus, Hergé, Morris et René Goscinny.

Kies aurait pu brûler Molière, Baudelaire et Rimbaud; personne n’y aurait rien trouvé à redire.

Elle aurait pu comme Disney reléguer tranquillement simplement ces livres « perfides » à un local oublié pour s’assurer qu’ils ne suscitent pas de nouveaux génocides, personne n’en aurait jamais rien su.

Mais, confiante que le bien était de son côté, forte de son amitié avec le premier ministre Trudeau, elle y alla de plein fouet, et voulut laver publiquement l’offense fait à son peuple fantasmé (car rappelons pour la petite histoire que selon l’enquête de Radio-Canada, Kies est aussi Amérindienne qu’Éric Zemmour est Teuton).

Les wokes sont désemparés. Comment continuer à faire avancer la cause du bien suite à une telle réaction populaire?

Permission to annihilate culture except by burning books?
SUZI KIES LA BIBLIOTHECAIRE FOLLE AVEC TRUDEAU, PREMIER MINISTRE CANADIEN

Le journal Le Devoir pose ouvertement la question qui hante désormais les rangs « woke » : « Comment décoloniser sa bibliothèque sans faire scandale? » (https://www.ledevoir.com/culture/631782/autodafe-comment-decoloniser-sa-bibliotheque-sans-faire-scandale)

thousands of books have been taken from schools and destroyed because they  are considered racist - RT en français

Car c’est bien là l’épineux problème; il faut continuer à expurger, épurer et purifier, mais sans susciter la grogne de la plèbe qui ne comprend rien à ce passage obligatoire vers « le meilleur des mondes ».

Pour la chroniqueuse et poète à temps partiel Catherine Lalonde, si la plèbe s’est fâchée, c’est que furent confondus « allègrement décolonisation, censure, élagage et réconciliation ». Il s’agit donc désormais d’adopter une approche plus pédagogique à cette décolonisation nécessaire des bibliothèques.

Canada : Brûler Asterix et Lucky Luke, un message de paix ?

L’enjeu est sérieux, car on parle ici de « sécurisation culturelle » des minorités. Alors que l’insécurité gagne les quartiers multiethniques de Montréal à une vitesse fulgurante, il est important que les « personnes racisées » se sentent culturellement sécurisées lorsqu’elles entrent dans une bibliothèque.

Il convient donc pour Lalonde, non pas de dresser des bûchers, mais de multiplier les acquisitions de livres écrits par les minorités, tout en élaguant tranquillement les ouvrages écrits par les colonisateurs, comme on le fait généralement avec les ouvrages datés ou endommagés. Bref, la recette miracle pour le Grand remplacement littéraire, c’est d’y aller à pas feutrés et de le faire sans en parler, pour être certain que personne ne s’en rende compte, pour que du jour au lendemain, on ne trouve plus ces grands auteurs qui marquèrent notre culture littéraire, mais qu’on trouve à leur place, ces nouveaux auteurs issus de la diversité, seuls garants d’un vivre-ensemble harmonieux.

Les Tintin, Astérix et Lucky Luke restent donc dans la ligne de mire, mais au lieu de l’assassinat public et revendiqué, on préférera la douce aide à mourir, question que le peuple n’y trouve rien à redire.

Tu voulais lire cette bédé, gamin? Tintin! - Causeur