INFLATION EN 2021 ET EXPLOSION DU SYSTEME ECONOMIQUE EN 2022 : une ULTIME PROPHETIE ?

Par Marc ROUSSET

Les investisseurs aux Etats-Unis font face au retour de l’inflation susceptible de pousser la Réserve fédérale à resserrer sa politique monétaire. Les chiffres de la consommation américaine ont déçu au mois d’avril alors que ceux de la production industrielle confirment le scénario d’une reprise moins forte que prévu. La question qui se pose est de savoir si l’inflation va être temporaire ou si elle va s’installer dans la durée

Les signes d’une reprise de l’inflation s’accumulent avec l’envolée des cours des matières premières et la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Des chaines de production sont souvent à l’arrêt partout dans le monde et des Peugeot 308 sont équipées de compteurs à aiguille au lieu de compteurs numériques. Le cuivre, l’aluminium, le blé, le maïs, le sucre et le pétrole ont augmenté respectivement en un an de 83,74 %, 50,11 %, 79 %, 22,85 %, 112,46 %. La hausse des prix de la production en Chine est à son niveau le plus élevée depuis 4 ans, en raison de la hausse des cours des matières premières. En quelques mois l’acier et le plastique ont bondi de 15 à 30 %.

Les prix à la consommation n’ont jamais autant augmenté d’une année sur l’autre aux Etats-Unis depuis 13 ans : +4,2% en avril par rapport à avril 2020. L’inflation s ’accélère également d’un mois sur l’autre (+0,8% par rapport à mars). La masse monétaire au sens large de M3 a augmenté de 24% au cours de l’année dernière et la vitesse de circulation de la monnaie pourrait augmenter avec la fin de la crise sanitaire ; l’excès d’épargne des ménages américains sur leurs comptes en banque est estimé à 2,3 milliards de dollars. Quant au prix des maisons, il a augmenté en un an de 11%, soit davantage que pour le pic des « subprimes » en 2006.Tout cela nous rappelle l’insouciance de la Fed au début des années 70 avant une inflation effective à deux chiffres.

L’indice des prix de la production au mois d’avril aux Etats-Unis a progressé de 0,6% en comparaison du mois antérieur. En glissement annuel, il grimpe de 6,2%, soit la plus forte hausse depuis la création de la statistique. La guerre des salaires (effet des allocations chômage Biden trop généreuses), même s’il manque encore des millions d’emplois par rapport à la situation avant la pandémie, a aussi commencé aux Etats-Unis où Amazon et McDonald’s viennent d’annoncer des paies et des primes plus élevées pour attirer les employés.

De plus, la nette remontée des taux d’intérêt à dix ans dans le monde, si elle continue, pourrait handicaper la reprise. Aux Etats-Unis on est passé de 0,9% jusqu’à un plus haut de 1,7%. En France, le taux d’interet de -0,343% au 1er janvier 2021 est passé à + 0,265 % au 14 mai 2021. En Allemagne et en Italie, le taux est passé respectivement de – 0,57 % à – 0,13 % et de 0,5 % à 0,9 %. Pour l’instant l’inflation en Europe est contenue à 1,3%.

Mais la BCE est consciente que les prix des actifs et plus particulièrement des actions en Europe, sont trop élevés.  La BCE et la Banque de France ont acheté 73% de toute la dette publique émise par la France en 2020. Les taux français et italien monteront en flèche en avril-mai 2022 si la BCE diminue l’achat des titres français et italiens, afin de juguler l’inflation.

Quant aux gouvernements, ils ne vont pas pouvoir continuer à dépenser indéfiniment n’importe comment. Le déficit attendu aux Etats-Unis pour l’exercice 2021 devrait être de 3400 milliards de dollars en septembre 2021. En France, selon Bruno Le Maire, il ne devrait pas y avoir de second plan de relance. Et aux Etats-Unis, les deux plans de relance de Biden (1800 Miliards de $ sur 10 ans pour les familles et 2300 miliards de $ pour les « infrastructures progressistes et humanistes » sur 8 ans pourraient être remis en question par les Républicains si l’inflation devient un réel danger. Ils pourraient être remplacés par un contre-plan de seulement 668 milliards de dollars d’infrastructures physiques plus réalistes (autoroutes, ponts…) par les Républicains.

En résumé, si les banques centrales restreignent la politique monétaire et les gouvernements leurs plans de relance dès 2021, les pays occidentaux pourraient connaitre la stagflation, voire même la déflation. Dans le cas contraire, ce serait l’hyper-inflation. Mais quelles que soient les politiques effectivement pratiquées en 2021, le système devrait exploser en 2022, le maillon le plus faible du système étant l’Europe du sud hyper-endettée dont la France.