par Rémi TREMBLAY
Cela fait des années qu’au Québec nous employons l’exemple du vivre ensemble français pour mettre en garde nos concitoyens sur les conséquences néfastes de l’immigration de masse. La triste situation des banlieues françaises sont devenus un argument de poids dans les débats sur l’immigration : « regarde ce qui se passe en France, c’est ce qui nous attend si on continue ainsi. » Et très souvent, l’argument clôt le débat.
Cependant, en ce moment, c’est à la France de prendre note de ce qui se passe ici et d’en tirer les leçons, avant qu’il ne soit trop tard.
Le mouvement woke, qui commence à percer dans l’Hexagone, a déjà conquis l’Amérique du Nord britannique et est en voie de s’imposer au Québec, nation qui sert souvent de pont pour la transmission des idées d’une part et d’autre de l’Atlantique, de par sa situation géographique, linguistique et culturelle pour le moins particulière.
Ce qui se déroule ici au Québec, c’est le destin prochain de la France, à moins d’une saine réaction de résistance que j’appelle de tous mes vœux.
Le mouvement woke, aussi caricatural et loufoque puisse-t-il sembler est loin d’être un mouvement bénin.
Sous ce vocable américain se cache une réelle révolution intellectuelle et mentale; un renversement complet de l’ordre moral tel qu’on le connaît. La première erreur serait de prendre ce mouvement à la légère; ses thurifères n’ont rien de saltimbanques, ils sont plutôt les héritiers des gardes rouges, quoique les méthodes aient évolué sans avoir perdu de leur efficacité.
Le wokisme, ce sont ces nouveaux concepts qu’on impose un à un dans l’espace public : safe space, personnes racisées, cancel culture, racisme systémique, trigger warning, fragilité blanche, appropriation culturelle, suprématisme blanc, etc, etc. Derrière cette façade qui semble diversifiée on retrouve une seule et unique idée clef : les Blancs doivent laisser leur place aux « personnes racisées », c’est là leur rôle pour pallier aux injustices du passé.
Il y a peu de temps, la France abolissait le terme « race », mais cela ne saurait durer : le wokisme ramènera rapidement ce concept sur l’avant-scène, puisqu’en vertu de cette idéologie américaine, tout n’est que race.
Contrairement à l’antiracisme d’hier qui tentait de créer une société où la race n’est pas un facteur, l’antiracisme actuel vise à faire de la race le facteur décisif de la société. Anciennement, suivant les discours de Martin Luther King, on tentait de promouvoir une « république égalitaire. » Le juron dépassait avec certains doubles standards comme le fait qu’il soit permis de professer une fierté noire ou de former une association étudiante noire, alors que pour les Blancs c’était interdit, mais on tentait de minimiser ces faits. Le mouvement woke assume quant à lui pleinement ces doubles standards et en fait même son mantra. Ainsi, suivant la logique wokiste, un Blanc faisant fi de la race dans sa vie quotidienne est intrinsèquement raciste, alors qu’un Noir qui maudit les Blancs ouvertement ne l’est pas. Même s’il passe à l’acte, il ne peut être considéré comme raciste.
Ne riez pas, cette logique traversera bientôt l’océan; au Canada elle est déjà l’idéologie officielle, promue par Ottawa.
Contrairement à ce qu’on peut penser, cette dérive n’est pas nouvelle; elle date de juin 2020 avec les émeutes noires. C’est plutôt l’aboutissement d’une « longue marche dans les institutions », qui pas à pas a imposé la discrimination positive, première politique pré-woke, puis la rectitude politique, qui lentement devint la norme.
Ce qui a changé, c’est qu’avec le courant Black Live Matters de l’an dernier, le mouvement s’est accéléré, les adeptes de la « justice sociale » ayant utilisé le moment pour briser les dernières résistances : pendant qu’on fracassait les statues, on lynchait publiquement les personnalités qui n’étaient pas assez enthousiastes face à ce mouvement. Il ne suffisait plus d’être contre le racisme, si l’on voulait conserver le droit d’exister publiquement, il fallait mettre le genou à terre et s’enthousiasmer pour le mouvement, tout en niant tout abus ou toute violence. La dissonance cognitive devint la seule chance de sauver sa carrière.
Les dernières résistances tombèrent d’elles-mêmes; très peu de personnalités publiques ayant le courage de ne pas s’agenouiller pour la nouvelle religion. Et pour aller plus loin dans le délire, sans que rien ne leur soir reproché, nombre de personnalités libérales et de gauche commencèrent à s’excuser d’être blanches, y voyant un crime duquel elles voudraient être pardonnées.
Lorsque quelqu’un n’est pas assez sincère dans sa démarche expiatoire, on s’empresse d’être le premier à lui jeter une pierre, pour éviter d’être le prochain. Mais le célèbre humoriste woke Dany Turcotte vous le dira, même ça, cela ne représente pas une garantie suffisante pour éviter d’y passer. La révolution mange ses enfants.
Un jour, on considérera l’année 2020 comme un 1793 américain, une épuration idéologique qui risque de devenir permanente.
En France, il vient d’y avoir l’interdiction de Génération identitaire, les procédures judiciaires contre les auteurs politiquement incorrects, les entraves judiciaires aux populistes… mais tout cela, écoutez-moi, ce n’est encore qu’une petite vague par rapport au tsunami woke qui pointe son nez sur l’Europe. Ici, outre-atlantique, on n’interdit pas des groupes, mais des idées, des concepts, des mots mêmes, dont la seule mention vous met au ban de la société et ce, peu importe le contexte ou l’intention. Et quiconque n’applaudit pas assez cette avancée sociale se voit lynché.
Ne répétez donc pas l’erreur de vos cousins d’Amérique : ne sous-estimez pas ce mouvement et ne le laissez pas prendre pied sur vos berges. Rémi Tremblay