Par Michel LHOMME
A Mayotte, face aux violences inouïes de ces dernières semaines, et à une situation sécuritaire complètement dégradée et quasiment hors-contrôle dorénavant, la préfecture commence mais bien trop tard à prendre le taureau par les cornes avec des opérations diverses de décassage, de tirs de LBD lors de barrages de routes et de lutte contre l’immigration clandestine en mer. Elles sont préparées et pilotées sous l’égide de l’opération Shikandra qu’Emmanuel Macron en personne était venue très opportunément défendre à Mtzamboro au Nord, fief du Rassemblement National sur l’île. Ces opérations maritimes permettent d’intercepter des kwassas et de repousser ces embarcations au-delà des eaux territoriales françaises. C’est une opération de ce type qui a eu lieu par exemple cette semaine au large de Kani-Keli, au Sud et qui a conduit à l’interception d’une embarcation clandestine avec à son bord 34 passagers. Tous étaient destinés à être amenés en théorie au Centre de Rétention administrative. Ces 34 passagers ont été interceptés finalement à terre et non sans mal car la population du village s’y opposait, non pas à l’interception mais au fait que son village ne devienne depuis peu qu’une sorte de quai de débarquement informel de clandestins.

On apprenait aussi ce même jour par la préfecture que les brigades nautiques de la PAF avaient pu intercepter trois autres kwassas avec à leur bord pas moins de 49 autres sans papiers. On en arrive donc à compter et ce serait ainsi bien plus d’une cinquantaine de clandestins par jour qu’accueillerait Mayotte,avec parmi eux des Africains non expulsables en raison du droit d’asile.
Deux choses sont à en déduire :
Premièrement, le gouvernement comorien ne lutte en rien contre le trafic humain pire, ce trafic semble être pour la côte d’Anjouan, la seule activité lucrative et rentable du moment. Toutes les interventions du Quai d’Orsay restent donc lettre morte à Moroni alors que tous les mois, des sommes plus que conséquentes en petites coupures discrètes, en espèces sont versées aux dirigeants comoriens pour une aide économique censée arrêter le départ de ses ressortissants vers le « paradis » mahorais. Est-ce avoir une politique internationale cohérente que de ne pas savoir se faire respecter ?
Deuxièmement, la lutte contre l’immigration clandestine du moment est purement électoraliste et vise à éviter la déroute macronienne sur le territoire en 2022 et un triomphe du RN mais elle ne peut pas réussir sans la coopération des collectivités locales que du coup le Préfet appelle martialement de ses vœux mais sans aucune diplomatie conséquente et sans cordination policière . Comment la France, « grand pays » peut-elle ainsi s’en laisser compter par une petite République comme celle des Comores ? Le Préfet de Mayotte suite aux incidents de Mbeni en a ainsi profité pour taper sur les collectivités locales passant ainsi habilement le relais de sa pseudo- politique anti-migratoire aux maires en les sommant en quelque sorte de détecter les reconnaissances de paternité frauduleuses ou les problèmes lors de l’émission de certificats d’hébergement, en leur enjoignant de mobiliser les textes de loi pour faire détruire dans les 48h toute construction de case en tôle sur l’emprise des villages que les terrains soient publics, privés ou non titrés. Drôle de manière de se défausser de son idéologie droit de l’hommesque puisque la préfecture finance les associations de soutien aux clandestins d’un côté tout en reprochant de l’autre aux maires de ne pas décaser alors que lorsqu’ils le font, ils sont portéset jugés sévérement devant les tribunaux !
En tout cas pour le Président des Comores, Azali Assoumani, tout baigne. On se souvient qu’il avait été réélu à la tête de l’Union des Comores dès le premier tour, victoire qui, validée par la Cour suprême lui permettra de se maintenir au pouvoir au-delà des cinq années prévues par la Constitution. Il a eu depuis totalement les coudées franches et gouverne sans opposition intérieure comme extérieure (la France acquiesçant à tout !). Azali Assoumani avait en effet été réélu en avril 2019 à la présidence de l’Union des Comores dès le premier tour, avec 59,09% des suffrages, loin devant le candidat du parti Juwa (15,72%) et après un scrutin quelque peu discuté.

Nonosbtant, Azali, aujourd’hui vice-président en exercice de l’Union Africaine, a incontestablement renforcé le pouvoir comorien par la totale mise à l’écart des principaux leaders politiques du pays sans que l’on ne sache jamais si le président agit par machiavélisme ou bénéficie d’un incroyable concours de circonstances, à savoir l’incompétence manifeste de ses opposants et qui ont tous trempé dans des affaires de pot-de-vin louches comme le scandale des « faux » passeports. Lancé entre 2008 et 2016, pour fournir un passeport comorien à des populations apatrides du Koweït et des Émirats arabes unis, ce « détournement » aurait induit un manque à gagner de 1 milliard de dollars pour les finances comoriennes, les principaux responsables étant les deux anciens chefs de l’État Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine.
On peut donc dire qu’Azali Assoumani, 62 ans, a su réellement faire preuve de sens tactique pour tirer le meilleur parti des événements qui se présentaient à lui comme ce fut le cas avec les assises nationales pré-présidentielles qui lui permirent de réformer la constitution à son avantage et ainsi de pouvoir conserver son fauteuil jusqu’en 2029 !
Finalement, personne n’ose aujourd’hui remettre en question le leadership d’Azali Assoumani dont tous les opposants ont été un à un arrêtés et encore moins la France, qui, depuis de nombreux mois, garde un silence assourdissant et complice sur les Comores, paralysée qu’elle est par son idéologie immigrationniste en porte-à-faux avec la dure réalité mahoraise, pourtant département français à part entière mais que vaut réellement Mamoudzou pour Paris, une ou trois mosquées peut-être mais pas une messe !