A propos de « SMS SUGAR MAN » (2006) de Aryan KAGANOF

Avec son dernier long métrage, le premier au monde tourné entièrement avec des téléphones portables, Aryan Kaganof, juif au prénom symbolique( !), nous propose une nouvelle fiction. Le film commence par une scène d’anticipation dans laquelle deux jeunes prostituées racontent qu’elles ont engagé un tueur pour assassiner Sugar Man, leur maquereau, interprété par Kaganof lui-même.

La musique très douce composée par Michael Blake s’inscrit en contrepoint émotionnel dans ce début quasiment macabre. Une scène de noyade imaginaire suit. Nous sommes à Johannesburg la veille de Noël ; c’est le début d’une fiction pas du tout innocente, dans cette ambiance de fête conviviale.
Sugar Man est réveillé plus tard par deux complices qui lui demandent une somme d’argent, 50.000 rands, qui lui avait été promise. Il leur indique que cette somme se trouve dans le coffre de sa voiture Valiant. Ils vont la chercher ensemble et découvrent alors que tout a été volé. Par les deux jeunes prostituées de luxe Selene et Grace, interprétées par Deja Bernhardt et Leigh Graves. Vous vous souvenez de la juive française Sarah Bernhardt ?

Une troisième, Anna, la plus jeune, ne prendra pas la fuite avec les autres car elle est la favorite de son «papa ». C’est Samantha Rocca qui interprète le rôle. Cette histoire, construite en incessants flash-back, évoque également une question humaine que se pose Sugar Man : est-il le père de la fille de Selene ? Une ancienne prostituée lui répond par la négative, mais on ne sait si elle a raison ? Elle prétend qu’un certain Attila – interprété par Attila Barta – est le père. Celui-ci pour rendre service aux deux femmes diaboliques accepte de tuer Sugar Man mais pas pour l’argent. Pourquoi alors ?

Le récit n’est pas linéaire mais jonché de retours au passé, en cette veille de Noël qui a précédé la fuite des prostituées.
Ce soir-là elles ont visité cinq clients noirs : un travesti secret au comportement d’enfant, un adolescent à qui son père offre ces filles en cadeau de Noël ; un homme d’affaires qui ne se sépare jamais de son téléphone portable ; un autre client sentimental et impuissant ; et enfin un «prêtre » qui récite des prières pendant la fellation. Avant les visites à l’hôtel, ou ailleurs, le maquereau troque ses vielles chaussures pour des chaussures neuves. Ce détail permet de souligner l’ambiguïté du personnage. C’est un « héros » fragile qui est parfois cruel et effrayant, mais en même temps vulnérable et pathétique.
Quand elles ont découvert la somme cachée dans le coffre, les deux femmes avaient décidé de faire tuer Sugar Man.
Arriveront-elles à faire réaliser leur projet ? Leur proxénète sera-t-il abattu ? Que deviendront-elles ? Nous vous laissons le soin de découvrir la fin du film.
Ce long métrage soft a été réalisé par Kaganof en 2006. Son échec commercial a conduit son réalisateur à abandonner le cinéma.

NOTES : On peut visionner le film sur : https://vimeo.com/109108706 et consulter un entretien avec le sud-africain Kaganof sur : https://sexfashionmusicart.wordpress.com/2015/05/23/aryan-kaganof/
