MACRON : LE PAS-DE-CALAIS COMME REVELATEUR

Par Franck BULEUX

Certains élus et habitants s’interrogent : pourquoi la Seine-Saint-Denis échappe au confinement le week-end contrairement au Pas-de-Calais alors que le taux d’incidence de nouveaux cas de la Covid-19 est semblable dans les deux départements ?

Parmi les élus à s’offusquer, Marine Le Pen. La présidente du Rassemblement national (RN) et députée du Pas-de-Calais, a vivement réagi sur Twitter : « Encore une décision totalement arbitraire ! Alors que le taux d’incidence est le même dans le Pas-de-Calais et le 93 (département francilien de la Seine-Saint-Denis), les habitants du premier sont confinés alors que ceux du second y échappent. Pourquoi ? Les Français ne supportent plus ces décisions sans queue ni tête ! », écrit-elle. Selon Santé Publique France, le taux d’incidence des nouveaux cas confirmés est effectivement le même dans ces deux départements, soit 411 pour 100.000 habitants sur sept jours glissants au 1er mars.

Sans être complotiste (puisque ce mot permet d’éviter tout débat, sorte de reductio ad hitlerum élargi à toute opinion contraire au pouvoir exécutif et aux médias mainstream), on peut légitiment s’interroger. Bien évidemment, le Pas-de-Calais a élu 4 députés FN en 2017 sur 12 (un tiers !) et Marine Le Pen y a obtenu plus de 52 % au second tour de l’élection présidentielle contre seulement 21 % en Seine-Saint-Denis (à cause du remplacement des populations ?) mais il est impossible de penser que l’on punirait (sic) seulement les départements qui résistent au président Macron (qui vote, de surcroît, au Touquet, dans le Pas-de-Calais, ville bourgeoise du département où son score a atteint 81 % grâce au report de voix sans faille des 51 % de suffrages en faveur de Fillon au premier tour !). Improbable, même si les Alpes-Maritimes, confinées en partie, avaient tout de même offert près de 45 % à la candidate nationale, soit un score là-aussi largement supérieur à sa moyenne hexagonale (34 %).

En revanche, faire appliquer le confinement total dans le Pas-de-Calais paraît plus facile qu’en Seine-Saint-Denis. Comment voulez-vous que les forces de l’ordre fassent appliquer le confinement d’une population qui, plus la soirée approche, s’extrait de son domicile ? La crainte d’une bavure policière dans un département où les policiers sont filmés à leur insu à chacune de leurs interventions ne permet plus, pour eux, la mise en place d’actions sereines, y compris – et surtout – pour y faire appliquer la loi. Bien sûr, mes détracteurs me répondront que le gouvernement ne veut pas dissocier les règles dans l’ensemble des départements composant l’Île-de-France, dont Paris. Mais alors pourquoi faire subir aux habitants du Pas-de-Calais ce que l’on n’applique pas dans le Nord, dans l’Aisne, l’Oise ou la Somme. Et qu’en dit le lider minimo de la région, le « présidentiable » (mais pas trop) Xavier Bertrand ? Rien de spécial a priori, puisqu’il suit, imperturbablement, La République en marche (LReM), se situant sur une ligne entre LR et les macronistes. Bientôt les élections régionales vont, comme à l’accoutumée, mobiliser les médias contre le Rassemblement national et dans ce cas-là, il ne faut pas perdre une voix, des antifas à la bourgeoisie libérale.

Le principe d’égalité, y compris des territoires, semble avoir peu de valeur dans la République actuelle. La crise sanitaire est un révélateur de la volonté politique du président Macron, celle d’un autocrate qui n’autorise même pas l’opposition sur les réseaux sociaux.

À ce rythme, les élections régionales dans le Pas-de-Calais seront suspendues sine die. Les migrants qui occupent la côte littorale du département (Calais, Grande-Synthe…) sont donc, eux aussi, confinés, ce qui leur évitera d’aller rejoindre les territoires ruraux de l’ensemble de la France, dans le cadre de la politique du « grand reversement » que j’ai évoqué dans un précédent billet.

À ce compte-là, il faudra bientôt défiler au rythme du slogan : « Libérez le Pas-de-Calais ! ».

Plus sérieusement, le président Macron preuve, par cette initiative, et après la dissolution de Génération identitaire (GI) lors du dernier conseil des ministres (toujours le seul et même pouvoir exécutif !), qu’il faut ce qu’il veut, quand il veut.

Jusqu’où ?