Par Michel GAY
La classe politique française stupéfaite semble redécouvrir les vertus de la « souveraineté industrielle » après la scène tragi-comique de l’importation des masques de protection anti-Covid de Chine, alors que, « en même temps », le gouvernement s’engage à réduire de 30% la production nucléaire en France (en la diminuant de 75% à 50%).
Il a aussi « en même temps » sacrifié la centrale nucléaire de Fessenheim par cuisine politique puante (en réalité pour un plat de lentilles vertes…).
Les partis politiques écologistes considèrent même que c’est la première étape vers la destruction complète du nucléaire…
Mondialisation
La mondialisation des échanges et la spécialisation des industries ont structuré l’économie et interdisent un illusoire retour en arrière qui permettrait un « made in France » pour l’ensemble de notre consommation.
Cependant, au lieu de clamer « réindustrialisation !» dans les médias en déversant des milliards d’euros de subventions publiques qui iront enrichir des aigrefins habiles à naviguer dans les arcanes financières des ministères et de la Commission européenne (largement influencée par l’Allemagne), il serait plus utile de préserver et d’améliorer nos précieux savoir-faire nationaux.
Nos élites politiques (le plus souvent sorties tout droit du cocon des grandes écoles sans passer par les méandres de l’industrie) ont pris l’habitude de se mentir, et de mentir aux Français, en se voilant la face devant le déclin industriel en France.
Cette politique irresponsable de l’autruche réjouit les décroissantistes et les profiteurs de subventions qui prospèrent à l’ombre des éoliennes et des panneaux photovoltaïques importés, des « certificats verts » ainsi que du développement de l’hydrogène, tous dotés de milliards d’euros.
Devant le triple effondrement économique, social, et politique qui se profile à l’horizon, la classe politique actuelle aura-t-elle la volonté de redresser la barre et de travailler pour l’intérêt général du pays ?
Il s’agit de soutenir fermement les secteurs compétitifs comme la production d’énergie nucléaire (électricité et chaleur), la construction automobile, l’aviation, l’agroalimentaire, la métallurgie, l’industrie pharmaceutique, l’électronique et les outils indispensables permettant ces productions dont certaines peuvent parfois ne pas être compétitives au niveau international.
En revanche, il faut abandonner d’urgence les subventions stériles aux « nouvelles énergies » (déjà plus que centenaires) comme l’éolien, le solaire et à présent l’hydrogène.
Arabelle
L’excellente turbine Arabelle qui équipe quelques fleurons de nos centrales nucléaires récentes, figure parmi les plus puissantes au monde. Elle fonctionne parfaitement depuis plus de 20 ans.
Mais la vente de son fabricant français (Alstom) à l’américain General Electric (GE) en 2014 dans des conditions étranges a remis entre les mains d’une puissance étrangère l’entretien et la réparation des 58 réacteurs nucléaires produisant 75% de l’électricité en France !
Est-ce une stratégie industrielle délibérée, ou une erreur monumentale, voire une trahison de l’ancien PDG d’Alstom (Patrick Kron) selon Arnaud Montebourg ?
Le ministre de l’économie, qui a donné son accord sous la Présidence de François Hollande, s’appelait Emmanuel Macron…
S’agirait-il d’un retour d’ascenseur, ou d’un clientélisme au détriment de l’intérêt général et des finances publiques ?
La faute semble aujourd’hui d’autant plus criante que la France cherche maintenant à racheter Alstom, fabricant de la turbine Arabelle…
Patrimoine industriel et cécité stratégique
Derrière les beaux discours de façade, les gouvernements successifs de la France continuent aujourd’hui de détruire le patrimoine industriel de la France. Inconscience ? Naïveté ? Bêtise ? Incompétence ? Aveuglement idéologique ?
La cécité stratégique de notre classe politique semble résulter de sa cupidité à court terme, de son cynisme démagogique, et de sa propension à briller par des coups d’éclats médiatiques soutenant sa communication pour les prochaines élections.
Cette attitude est souvent plus proche de Grand-Guignol que de celle d’hommes d’Etat ayant une vision industrielle pour son pays.
Il résulte de ce théâtre d’ombres et de discussions en coulisses une pseudo-politique industrielle faite d’annonces où l’art suprême de la politique consiste à faire semblant et à « surfer » sur le dernier sujet à la mode comme, par exemple, les énergies « vertes » et l’hydrogène.
C’est à qui trouvera le soin palliatif le plus médiatique pour perfuser une économie française de plus en plus malade où la classe politique a oublié que le consommateur doit d’abord produire et gagner sa vie pour ensuite consommer.
Et pour faire vivre et prospérer une industrie dans un monde concurrentiel, il faut commencer par produire le sang d’une économie vigoureuse : une énergie abondante, fiable et bon marché, ce que permet actuellement le nucléaire, et pour longtemps.
Pourtant, un haut représentant de l’Etat (le Préfet de la Région Normandie) se félicite dans un communiqué de presse du 24 février 2021 « du lancement de la construction du parc éolien en mer de Courseulles-sur-Mer » qui traduirait ainsi « l’accélération de la transition énergétique vers une énergie décarbonée, conformément aux engagements pris par l’État ».
Or, cet Etat a ordonné la fermeture politique des deux réacteurs de Fessenheim qui produisaient 11 térawattheures (TWh) par an en continu avec 6 grammes de CO2 par kWh selon l’agence gouvernementale ADEME, alors que les éoliennes en mer de Courseulles-sur-Mer ne produiront que 1,2 TWh en émettant plus de 15 g CO2 / kWh.
Les Français s’interrogent aussi sur la confusion stupéfiante qui règne dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) entre les objectifs à atteindre et les moyens imposés, notamment l’implantation à tout prix d’éoliennes.
Un homme aux portes de la cité ?
Pourvu qu’en 2022 vienne « aux portes de la cité » un homme pour sortir enfin la France de cette ornière industrielle et énergétique dans laquelle l’ont conduit l’incurie de nos dirigeants politiques !
Monsieur le Président de la république, si vous deviez prétendre être cet homme, alors il faudra vous démarquer totalement de l’écologie anti-technologie et abandonner votre logique du « en même temps » pour dire clairement si, pour l’industrie et pour le nucléaire, c’est oui ou c’est non.