mAYOTTE DANS L’HORREUR

par Michel LHOMME

Dans un communiqué commun, les parlementaires et élus de Mayotte demandent au gouvernement d’agir après les meurtres du week-end.

Les grandes figures mahoraises seraient-elles aussi excédées que les habitants ? C’est en tout cas ce que laisse paraître un communiqué signé Mansour Kamardine et Ramlati Ali, députés, Abdallah Hassani et Thani Mohamed Soilihi, sénateurs, Soibahadine Ibrahim Ramadani, président du Conseil départemental, et Madi Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte.

Les six élus demandent de la sécurité, après les trois meurtres atroces de ce week-end à Petite Terre. Mais aussi une campagne de vaccination digne de ce nom, et des visites de ministres à Mayotte. Retrouvez le communiqué ci-dessous.

Communiqué commun des élus de Mayotte sur les 3 assassinats du week-end :

Le gouvernement doit mettre fin à son indifférence à l’égard des mahorais et agir avec fermeté contre la barbarie

Trois personnes ont été assassinées à l’arme blanche en trois jours à Mayotte, dont deux adolescents de 15 et 14 ans. C’est un nouveau choc pour la population de l’île qui est durement éprouvée par une augmentation sans précédent de l’insécurité et des violences qui frappent aveuglément toutes les catégories de personnes depuis deux ans.

Dans les domiciles, dans les quartiers et les villages, dans les écoles, sur les routes, dans les entreprises, les habitants vivent la boule au ventre. En quelques années, Mayotte a évolué d’un territoire des plus paisibles à la région où le taux d’homicide par habitant est le plus élevé d’Europe (Eurostat 2020 – 5,3 homicides pour 100 000h contre 0,7 en moyenne en Europe).

Désormais, comme ce week-end en Petite-Terre, le meurtre entraîne le meurtre et les règlements de compte s’enchaînent, notamment entre étrangers, plongeant le territoire dans une spirale infernale d’assassinats et de destruction, sans aucune réaction à la hauteur de la situation.

Mayotte a été oubliée lors de la planification vaccinale contre le coronavirus (seule région française privée initialement d’un super-congélateur), est ignorée particulièrement par son ministre des outremer malgré les deux visites récentes de ce dernier dans l’Océan indien pour lutter contre des risques mineurs d’arrivée de boulettes d’hydrocarbure ou pour regarder des pompiers éteindre des feux de forêts à la Réunion, alors qu’au même moment, dans le 101ème département, des corps étaient mutilés à la machette.

Les reports successifs depuis plusieurs mois d’importantes visites ministérielles pour annoncer les mesures nécessaires et la montée en puissance des moyens de lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine attestent de l’indifférence d’une partie des autorités politiques et administratives nationales vis-à-vis des Français de Mayotte.

Le gouvernement doit assumer sa compétence sur toutes les parties du territoire national, y compris Mayotte. Il se doit d’agir sans délai et avec résolution en matière de lutte contre les bandes violentes armées qui accablent les populations du 101ème département.

Les venues du ministre de l’intérieur, du garde des sceaux et du ministre des outre-mer ne peuvent plus être différées.

Le Député Mansour KAMARDINE                   La Députée Ramlati ALI

Le Sénateur Abdallah HASSANI                     Le Sénateur Thani MOHAMED SOILIHI

Le Président du Conseil départemental        Le Président de l’Association des Maires
Soibahadine Ibrahim RAMADANI                  Madi MADI SOUF

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Enfin, la dégradation de l’île est telle que c’est presque une habitude : à chaque début de semaine, on assiste à des troubles à l’ordre public, perpétrés par des jeunes. Le mobilier urbain sert dans la majorité des cas pour barrer les routes et empêcher les braves gens d’aller au travail.  Ce fut ainsi le cas ce matin 25 janvier à Passamainty, à l’entrée sud de la commune chef-lieu. Aux alentours de cinq heures du matin, à l’heure où de nombreux automobilistes se pressent pour embaucher à temps vu les embouteillages et là encore la faillite du gouvernement sur l’infrastructure routière du département, un barrage fait de poubelles qui servent au tri sélectif, a été érigé par des jeunes. Pendant de longues heures, les automobilistes ont dû faire preuve de patience ; les forces de l’ordre ont levé les barrages en faisant fuir les fauteurs de troubles à coup de jets de grenades.

Les auteurs du barrage ont pris la fuite vers les hauteurs du village de Passamainty, avec à leurs trousses, les agents de la Bac et le GSP (Groupe de Sécurité de Proximité). Selon nos informations, les parents des fauteurs de troubles auraient protégé leurs enfants en refusant d’indiquer aux policiers la direction que ceux-ci avaient pris dans leur fuite.

Les fonctionnaires de police ont par ailleurs essuyé des caillassages tout comme les automobilistes.

Les policiers en intervention sur les barrages à Passamainty

caillassages tout comme les automobilistes.

Pendant ce temps, la présidente du Collectif des Citoyens Estelle Youssoufa toujours excessive a fait cependant une sérieuse mise au point sur la situation déclarant qu’il fallait arrêter de faire l’autruche et ajoutant : « 

le communiqué de la préfecture nous parle de désordre, ce n’est pas du désordre, c’est de l’anarchie et de la criminalité. On ne veut plus entendre parler de médiation et de prévention. L’urgence est d’envoyer les criminels à Majicavo, d’expulser les comoriens en situation irrégulière et raser les bidonvilles ». Elle s’en est ensuite prise ironiquement aux élus et aux parlementaires qui réclament une énième visite ministérielle. Pour elle, tous sont responsables et les parlementaires « doivent exiger un changement. La France déserte Mayotte et refuse d’exercer sa souveraineté. Nous avons le droit fondamental de vivre en sécurité et en liberté» conclut-elle avec raison parlant au nom des « mahorais de souche ».