Par Michel LHOMME
Avec la crise du Covid19, on en avait presque oublié qu’il y a près d’un an le chef de l’Etat, cherchant comment récupérer des soutiens écologistes, avait décidé que 150 citoyens, choisis au hasard, seraient réunis afin de formuler des propositions propres à faciliter la sacro-sainte « transition énergétique ». Ce qui fut dit fut fait, nos 150 concitoyens dans le cadre de la « Convention citoyenne pour le climat » avaient donc planché pendant neuf mois sur le sujet et le 10 juin, remis 150 propositions (une par participant ?) qui valaient le détour puisqu’il n’y avait qu’interdictions, obligations, coercitions, dans le droit fil de l’écologie punitive.
Parmi ces propositions et pour exemple : contraindre les propriétaires occupants et bailleurs à rénover de manière globale ; obliger le changement des chaudières au fioul et à charbon d’ici à 2030, la température chez les particuliers devant être limitée à 19° ; diminuer de 20% en 2030 notre consommation de viande et de produits laitiers ; un repas végétarien hebdomadaire obligatoire dans les cantines privées et publiques ; obliger à mettre des messages « incisifs et percutants » sur les produits déconseillés à la manière du « fumer tue » et dans le style : « ce produit nuit à votre santé et à l’environnement » ou « l’huile de palme contribue à la déforestation », accompagnés « de photos représentant des catastrophes naturelles, conséquences du réchauffement climatique. » ; renforcer très fortement le malus sur les véhicules polluants, en introduisant « le poids comme un des critères à prendre en compte. » ; interdire dès 2025 la commercialisation de véhicules neufs très émetteurs de CO2 ; vitesse limitée sur les autoroutes à 110 km/h à la place des 130 km/h actuels ; passer de 35 heures à 28 heures le temps de travail hebdomadaire avec un taux horaire du Smic augmenté de 20% pour maintenir un salaire équivalent…
Ainsi que la Convention ait pu accoucher de telles idées montre à quel point les écologistes planent à des hauteurs stratosphériques au-dessus de la réalité économique du pays mais surtout à quel point, ils sont capables d’un véritable terrorisme intellectuel et scientifique qu’illustre par exemple cette autre proposition : la création d’un « crime d’écocide » elle-même inspirée de la proposition de loi du député Christophe Bouillon, PS, et d’autres députés du groupe socialistes et apparentés. L’ « écocide » est ainsi défini : « Toute action concertée et délibérée tendant à causer directement des dommages étendus, irréversibles et irréparables à un écosystème, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées ». Imprescriptible, il serait puni de vingt ans d’emprisonnement et de dix millions € d’amende ou, dans le cas d’une entreprise, de 20 % du chiffre d’affaires annuel mondial. Rappelons qu’un viol est puni de 15 ans de prison de sorte que les « dommages » causés à la nature seraient donc plus sévèrement réprimés que le dommage irréversible et barbare provoqué par le viol d’une femme, un crime qui, lui, n’est pas imprescriptible.
Mais le plus grave reste pourtant la modification de la Constitution que Emmanuel Macron s’est proposé de valider par référendum : il serait ajouté un deuxième alinéa à son préambule ainsi formulé à propos de la transition énergétique : « La conciliation des droits, libertés et principes qui en résultent ne saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’humanité. » Or qu’est-ce que cela signifie au juste ?
Cela signifie tout bonnement que nos libertés et nos droits doivent systématiquement s’effacer quand l’écologie l’exige et cela sans aucune limite ! C’est ainsi constitutionnaliser la dictature verte et renforcer la dictature présente, dictature sanitaire et sécuritaire.
Une autre question posée par cette étrange Convention prétendument « citoyenne » dont les membres n’ont pas été mandatés par leurs concitoyens mais qui sont censés se prononcer en leur nom nous intrigue : comment se fait-il qu’il n’y ait eu dans cette convention aucune voix dissidente ? Parmi ces Français choisis par tirage au sort, il n’y aurait donc aucun « climato-sceptique » ?
Statistiquement, il devait y en avoir mais leur parole, on l’aura compris aura été tout simplement étouffée. C’est d’ailleurs la caractéristique de toutes ces consultations citoyennes qui fonctionnent en fait sur le principe des tribunaux populaires (qu’on songe par exemple à la consultation nationale et encore évidemment « citoyenne » – civique en bon français – à propos de la PMA par le Conseil national d’éthique ou qu’on songe à tous ces Grenelle de la Santé ou de l’Education). Nous sommes en pleine post-démocratie, en dictature soft.