par Franck BULEUX
Pendant trois nuits consécutives, du 12 au 15 juin dernier, des violences impliquant plusieurs dizaines de personnes ont secoué la ville. Des Tchéchènes, venus du monde entier dans 50 véhicules automobiles clamaient un seul mot d’ordre, politico-théologique Allahou Akhbar. Et fondaient sur l’ensemble de la ville. Il s’agirait d’un règlement de compte entre des personnes des communautés tchétchènes et des résidents dijonnais d’origine maghrébine.
Le procureur de la République de Dijon avait indiqué, finalement, que 20 personnes avaient été blessées au cours des violences et quatre membres de la communauté tchétchène avaient été mis en examen. Point final, silence de tous les médias.
Bref, bien peu de résultats par rapport à ce déferlement de haine (raciale ?).
Ce qui est tout de même étonnant c’est que les violences, souvent extrêmes, se soient arrêtées au terme de trois jours et surtout trois nuits (la Lune est un astre inspirant pour certaines communautés). Soyons réalistes, seule une force coercitive a pu mettre fin à ce combat inter-ethnique mais mono-religieux (n’est-ce pas ce qui compte de nos jours ?).
Alors qui, une milice blanche ? Vous n’y pensez pas, cela n’existe que dans les rêveries fantasmées et cauchemardesques de nos intellectuels et des cadres de La France insoumise. Vous imaginez un peu, une « milice blanche » qui intervient pour mettre fin à des combats à la kalachnikov ! On peut rêver… Nous ne sommes pas dans le roman de Philippe Randa, Poitiers demain…
La police nationale ou municipale ? Ce serait logique, ceux que l’on appelle les forces de l’ordre, vous savez les individus décrits et décriés comme auteurs de violences policières indignes. C’était l’époque (la mi-juin) où chaque flash informatif médiatique comprenait systématiquement les patronymes, devenus célèbres, de Floyd et de Traoré, alors vous pensez bien que les policiers étaient dans leur commissariat. On peut les comprendre, ils sont moins armés que les querelleurs (sic) et à vrai dire, pour une fois, n’étaient pas concernés par l’objet des violences.
Pas concernés ? Mais vous n’y êtes pas, il s’agit d’une force coercitive publique, un ordre qui n’a pas besoin d’être « concerné ». Il faut faire respecter le droit, l’ordre. Et c’est la mission principale de la police.
Oui, mais là il s’agissait d’un litige entre deux clans, deux ethnies, deux gangs. Dans ce cas-là précisément, l’ordre « républicain » (oxymore s’il en est) s’éclipse pour laisser le droit des parties s’appliquer. Comme entre deux particuliers qui négocieraient la vente d’un bouquin sur le site Le bon coin. Vous voyez, on ne dérange pas la police pour régler le prix d’un livre. De la même façon, la police n’a pas, d’ailleurs, à s’insérer dans des affaires « privées ».
C’est Dijon, en Côte d’Or. Vous savez la ville du chanoine Kir, qui en fut le député-maire, membre du Centre national des indépendants et paysans (CNIP). L’inventeur du Kir aussi…
Et dans ce cas-là, le kir n’aurait pas pu aider à la négociation entre les parties. Non, à défaut d’ordre public, à défaut d’ordre tout court, c’est une « justice privée » qui a mis fin au conflit, évitant probablement un ou plusieurs morts.
Dijon, ville traditionnelle s’il en est, dispose de cinq mosquées et c’est dans l’une d’elle, dirigée par les Frères musulmans, qu’une trêve a été négociée grâce aux excuses des frères du Maghreb aux frères asiates. Ainsi soit-il, si on ose dire.
Dijon peut remercier l’imam qui est intervenu. Il a su faire respecter l’ordre et rétablir la paix civile sociale de la commune.
Cette expérience « juridique » ne peut que nous interroger. Elle signifie que lorsqu’une personne de religion ou de culture musulmane est impliquée dans un litige, la compétence en revient à l’imam du secteur géographique de l’évènement, pour son règlement. Et un règlement somme tout rapide.
On savait que cela existait déjà à Londres pour des conflits civils, liés à la vie privée des individus qui saisissaient le tribunal islamique pour l’application de la Charia, on ne savait pas que cela se faisait, aussi, pour des faits délictueux, voire criminels (tentatives d’homicides), en Bourgogne.
Cet été, relisez Henri Vincenot (1912-1985), poète et conteur de cette région charnelle. Lisez Vincenot pour oublier ces dérives dont le grand perdant est l’ordre républicain, si jamais la République ait su apporter un « ordre » à quoi que ce soit.