par Franck BULEUX
Ce dimanche, les médias nous assènent que les écologistes ont vaincu à Marseille.
Cette expression revêt deux Fakes News, selon l’expression favorite de ces mêmes médias.
Une erreur d’abord de forme, en effet, la chef de file du Printemps marseillais, qui se situe à la gauche de la gauche, Michèle Rubirola, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône, ne représente pas EELV. Si elle a fréquenté et représenté la « chapelle verte » Rubirola est surtout une militante de toutes les causes de gauche radicale, qui a d’ailleurs été suspendue par EELV. De plus, au premier tour des municipales, des listes EELV étaient présentes dans la cité phocéenne pour obtenir, un score moyen de 8,10 % des exprimés, ce qui n’est pas une victoire. Il a d’ailleurs fallu deux mois et demi de réflexion pour qu’enfin, l’union des gauches, ou presque (la sénatrice Samia Ghali, ancienne socialiste, a maintenu ses propres listes étiquetées « divers gauche »), se fasse. Donc, aucune vague verte sur le Vieux-Port, mais un mouvement écologique rallié à la dernière minute à une liste de gauche.
Une erreur, plus importante, de fond. Un rappel : ce sont les 101 conseillers municipaux, élus au suffrage universel direct, qui élisent le maire. Marseille compte seize arrondissements municipaux et huit secteurs. Chaque secteur a un maire de secteur et envoie plusieurs conseillers à la ville de Marseille.
Les listes de Rubirola, ancienne d’ATTAC, organisation anti-système, ont obtenu, clament en boucle et en chœur les médias une « large victoire », c’est-à-dire 42 élus, ce qui ne fait pas une majorité, loin s’en sauf, puisque 51 sièges sont nécessaires.
À droite, les trois listes, LR, RN et « divers droite » ont obtenu respectivement 39, 9 et 3 sièges, soit un total de 51 sièges, constituant ainsi la majorité absolue requise. Certes, il va être compliqué pour la tête de liste Martine Vassal, battue dans son propre secteur (mais élue conseillère municipale) de rassembler, compte-tenu d’une campagne agressive contre le RN mais aussi le refus explicite du sénateur Bruno Gilles (ex-LR), battu aussi dans son propre secteur, mais qui a capitalisé 3 sièges. Un candidat de « droite » reste possible, on pense à Lionel Royer-Perreaut, vice-président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole et conseiller départemental des Bouches-du-Rhône, réélu dans son secteur des 9e et 10e arrondissements marseillais dimanche dernier.
Bien sûr, il y a aussi, in fine, les 8 élus « divers gauche » de Samia Ghali, qui a conservé son secteur (15e et 16e arrondissements). Cette sénatrice (toujours) socialiste est visée par une enquête préliminaire du parquet national financier sur son patrimoine et les conditions d’achat de sa villa sur les hauteurs de la cité phocéenne. Peut-être aura-t-elle des offres, y compris de la droite, pour conserver son mandat de sénatrice ?
Quoi qu’il en soit, il serait temps qu’à Marseille, comme en 1988 (accords entre la droite et le FN), la droite, sortie majoritaire des urnes, se prenne en mains et déboulonne, avant qu’elle ne s’installe, Rubirola.
C’est possible. Le Printemps marseillais peut encore laisser la place à l’été de l’union des droites. 51 personnes peuvent le décider. Un sacré défi pour les droites marseillaises.