par Jordi GARRIGA
Comment identifier en Espagne un libéral déguisé en patriote ?
– contre un salaire minimum pour les familles nécessiteuses considérées forcément commes des assistés
– mais pour des subventions généreuses et des réductions fiscales à gogo pour des multinationales comme Nissan.
Ces deux actions peuvent être critiquées, mais chez le libéral-patriote, elles ne s’excluent nullement (il s’agit de créer des emplois et de fournir des moyens de vie décents). Mais … Pourquoi les entend-on disserter autant contre une mesure de répartition sociale et rester si silencieux devant l’autre? Parce que si l’un est admettons un « vol », l’autre, qui consiste à donner de l’argent public à ceux qui gagnent déjà des milliards chaque année, c’est quoi?
Ce qui nous met vraiment en colère, c’est qu’un libéral espagnol se déguise pour cela en patriote. Se sentir espagnol ne signifie pas être patriote, ce qui est une position politique.
Lorsqu’ils offrent une alternative à ce qu’ils appellent la «paguita» (le petit argent de poche), leur réponse est que chacun devienne actif et travaille, comme si toutes les réalités vitales étaient équivalentes. Alors pourquoi être espagnol? Si je dois me réveiller dans une jungle sociale de tous contre tous, peu importe où je suis. Ce n’est pas du patriotisme, c’est autre chose. L’anti-communisme du libéral droitier est dû à son exaltation du capitalisme contre toutes les autres formes de communauté.
Le patriotisme superficiel de ces libéraux revêt deux traits distinctifs : au dehors quand ils agitent leurs drapeaux, une haine viscérale pour les séparatistes et au dedans leur amour absolu pour les forces de l’ordre. Ces traits ont leur explication: la haine du séparatisme vient de la rupture de l’unité du marché. C’est pourquoi ils accusent justement le séparatisme de ne pas être libéral et l’insulte de “nazi”, “fasciste”, “communiste”, “raciste”… Tout ce qui touche aux projets illibéraux. L’amour pour la police tient de son côté au fait qu’il représente pour eux la quintessence de « l’État minimal » que le libéralisme souhaite : garantir l’ordre et protéger la propriété privée. C’est ici que se termine en fait leur « patriotisme ». Ils n’offrent aucune solution devant le désarroi de milliers de nos compatriotes.
Arrêtons-nous maintenant sur le gouvernement espagnol et son aile gauche libérale:
Un revenu vital minimum est une bonne solution mais elle en peut être, disons que “ provisoire”. Parce qu’il faut qu’il y ait en contrepartie des plans à l’horizon pour réindustrialiser, repeupler, regagner la souveraineté nationale. Sinon, cette mesure ne sert qu’à sauver les poches du gouvernement actuel.
L’Etat actuel ne se meut que dans une marge étroite, celle permise par le système économique, qui agit au-dessus des décisions politiques, celles-ci se limitant à entériner l’absence de tout véritable projet patriotique.
Le gouvernement PSOE-Podemos n’a pas abrogé la réforme du travail, n’a rien nationalisé. Seulement, il distribue des rétributions, source de misère pour demain. Sans doute ces aides sont-elles sûrement nécessaires et vitales en ce moment pour de nombreux Espagnols. Mais après ? Rechanger de gouvernement ou/et continuer à s’insulter?
Comment ne pas être extrêmement dégoûté par les manigances de l’oligarchie qui rit en Espagne de ses turpitudes, tandis que les Espagnols, et l’Europe dans son ensemble, demeurent de la chair à canon dans les affaires privées.