par Zaidou BAMANA
Le préfet déclare ouvertement son impuissance.
La politique du déni des réalités mahoraises se révèle au grand jour en même temps que la faillite de l’action de l’Etat à Mayotte, qu’il s’agisse de sécurité publique ou de la lutte contre la propagation du virus Covid 19.

Au journal télévisé sur Mayotte la 1ère, le préfet Jean-François Colombet a fait une déclaration choquante. « L’Etat ne peut pas seul arrêter les mrengue », a-t-il dit en substance : trente deux de ces combats boxe qui mobilisent des centaines de personnes ont été organisés depuis le début du ramadan, la réponse des forces de l’ordre pour disperser les foules s’est traduite par 800 jets de grenades lacrymogènes.

Ces chiffres indiquent l’importance du phénomène et la prise de conscience des dangers qu’il représente. Dans ce contexte, l’aveu d’impuissance du préfet n’est que plus inquiétant. Car il est probable que les scènes de guérilla urbaines continuent de plus bel. Le propos du préfet ne laisse aucun espoir de sortie rapide du chaos et de l’anarchie installés par des jeunes voyous sans foi ni loi, défavorablement connus des services de police et fichés comme dangereux par la gendarmerie et l’institution judiciaire qui, au motif qu’ils sont mineurs, a pris la fâcheuse habitude de relâcher des malfaiteurs multirécidivistes agissant en bandes organisées qu’une sévère peine d’emprisonnement ferme aurait mis hors d’état de nuire.
Le ton du commissaire de la République était en apparence naïf, mais à y regarder en profondeur, il semble que le discours participe d’une stratégie de communication bien étudiée, dictée en ordre descendant par l’Elysée et Matignon. En tout cas, cette alerte sécuritaire montre que la parole du préfet est souvent en totale contradiction avec ses actes. En avouant publiquement son incapacité à assurer le maintien de l’ordre à l’occasion des débordements causés par les Mrengue, rassemblements interdits en raison des mesures de confinement, le représentant de l’Etat n’est pas dans la contrition, au contraire, il rejette la responsabilité des actes de petits criminels endurcis par la clandestinité sur la société mahoraise et tente de se donner bonne conscience.
Une instrumentalisation fautive de la vérité
Pourtant, la vérité saute aux yeux. L’inaction de l’Etat face aux drames de l’immigration clandestine est un facteur de déstabilisation du territoire, notamment car elle annihile les efforts de la société mahoraise visant d’une part à restaurer l’attractivité du territoire, d’autre part à se conformer aux lois de la République et ce faisant, à se réformer elle-même pour le bien de la communauté. Les exemples abondent de transformations sociétales intégrées par la population mahoraise dans sa grande majorité, mais la préfecture les ignore complètement quand il ne s’évertue pas à les instrumentaliser à son profit.
C’est le cas de la limitation des naissances avec les campagnes d’espacement des grossesses. De fait, les générations précédentes ont appris à utiliser les techniques de contraception avec le message emblématique de la DASS : 1, 2, 3 enfants ça suffit, basi en shimaore. La population anjouanaise qui s’installe massivement sur le territoire n’est pas familiarisée avec cette approche moderne de la santé de la mère et de l’enfant, elle continue donc à produire des familles nombreuses tout en étant informée des conséquences dommageables sur l’éducation de cette nombreuse progéniture. Au demeurant, tout le monde sait que le taux de natalité élevé sur l’île est à mettre en rapport avec les accouchements répétés des migrantes qui font de la maternité de Mamoudzou la plus grande d’Europe. Le préfet est bien conscient du problème puisqu’il déclare, au même JT, que 40% de la population de l’île vit dans ces bidonvilles. Il faut dire donc que la bombe démographique n’est pas le fait des Mahorais et des Mahoraises, mais des ressortissants des îles voisines qui reproduisent sur le sol mahorais des habitudes caractéristiques du tiers-monde, en décalage avec les mutations que connaît la société mahoraise orientée vers l’acquisition des normes du droit commun départemental, de la rupéisation et des valeurs universelles qui accompagnent le progrès technique et le développement humain, social et économique.
L’insalubrité, un mal endémique des bidonvilles

Autre exemple, les Mahorais sont maintenant très soucieux de valoriser leur environnement, qu’il s’agisse de l’habitat, du cadre de vie, de la propreté du littoral ou de la préservation du lagon. Là encore, les populations immigrées, notamment en provenance des Comores, sont en retard de comportements salutaires. C’est dans les bidonvilles et dans les taudis qu’il faut porter le fer, malheureusement l’Etat est démissionnaire aussi sur le registre de la lutte contre l’habitat indigne. Il suffit pour se convaincre des archaïsmes socioculturels de constater le nombre de couches de bébé jetées dans les poubelles à ciel ouvert, source de pollutions en tous genres et de propagation des maladies contagieuses.
Ainsi, il est indéniable que la dingue a élu domicile dans les favelas et gagne tout le territoire en faisant des morts, une dizaine à ce jour selon les statistiques officielles et plus de 10 000 cas recensés. Il est également irréfutable que les distributions de bons d’achat par la préfecture, mesure qui va à l’encontre des recommandations du comité scientifique, ont favorisé le déconfinement des populations pauvres, issues de l’immigration; et la dissémination du coronavirus dans un milieu où la distanciation sociale est impossible à instaurer, avec une dizaine de personnes vivant sous le même toit, dans des conditions de promiscuité insupportable, sans eau pour se laver les mains ni électricité pour rester confiné chez soi avec le minimum de confort matériel.
La société mahoraise n’organise plus de tam-tam boxe

De la même manière, ce que les autorités refusent de reconnaître, l’insalubrité restera une préoccupation majeure des maires tant que les hauteurs de la zone urbaine illégalement occupés ne seront pas vidées des constructions illicites, en même temps que les abords des villages transformés en enclaves clandestines où la loi et l’ordre ne peuvent pénétrer. Bref, la sécurité sanitaire se gagne dans les bidonvilles, par leur démantèlement, aussi bien que la sécurité des biens et des personnes.
Un autre cas évoqué avec légèreté par le préfet fait l’actualité, il s’agit de la pratique du Mrengue, elle est révolue chez les Mahorais. Certains d’entre nous avaient d’ailleurs réclamé, voici quelques années, son interdiction pure et simple, ou, à tout le moins, son maintien sous une autre forme, proche du sport de combat entre amateurs ou d’une discipline artistique encadrée par des professionnels formés à l’usage, notamment des éducateurs sportifs. La récurrence de ces tam-tam boxe montre qu’à bien des égards, et dans de nombreux domaines, les Mahorais n’ont pas les mêmes utilités sociales que leurs voisins empêtrés dans la pauvreté et la misère sociale, les Mahorais ne partagent pas non plus avec eux les mêmes valeurs sociales, y compris en matière culturelle et religieuse. Reconnaître cette réalité revient à inciter la préfecture à élever par tous les moyens le niveau d’éduction des migrants et à mettre en œuvre en leur direction des politiques d’assistance publique vertueuses. Nier cette réalité c’est condamner la société mahoraise à vivre quotidiennement dans la violence et la régression sociale que la criminalité entraîne inévitablement.

Pour conclure hâtivement, l’impunité institutionnalisée tend à rendre la société mahoraise apathique, plus encore que le confinement. L’immobilisme décourage en elle toutes initiatives républicaines. L’incurie achève de nous rendre complices des mauvaises décisions de l’Etat, décisions abusives savamment justifiées par une communication en forme de propagande. Au final, le gouvernement macroniste, en installant l’impunité sur le territoire, sous couvert de discours idéologiques mensongers repris par des médias autorisés à relayer sa politique du déni des réalités locales, transforme insidieusement le département de Mayotte en territoire français liberticide.
