par Michel LHOMME
Agnès Cerighelli, conseillère municipale LREM de Saint-German-en-Laye, a accusé sur un tweet la RATP d’avoir « recruté des milliers d’agents arabo-musulmans qui méprisent Noël et considèrent les usagers comme du bétail ». Elle a été immédiatement exclue du parti et le parquet de Versailles a ouvert une enquête. On ne touche pas à l’islamisation en cours du pays et même dans l’armée. Ainsi, le général Lecointre, chef d’état-major des armées, pense que « le Mali risque de sombrer dans une guerre civile (…) ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe avec tous les risques populistes que cela entraînera. » c’est-à-dire que pour cet idiot étoilé, l’invasion n’est pas le problème mais le problème ce sont les populistes.
Grèves. Dans les assemblées générales, la base est décidée à tenir, malgré les nouvelles propositions mises sur la table par la direction de la SNCF. Le trafic SNCF et RATP reste très perturbé au point que les Franciliens s’habituent à vivre sans métro !
La grève vue de province. En Bretagne, comme dans la plupart des villes françaises, on est très loin de la galère que vivent les 12 millions de Franciliens. Il faut bien dire qu’en dehors de l’Ile-de-France, les transports en commun sont souvent assurés par des entreprises privées. En province, les arrêts de travail se sont limités aux 5 et 17 décembre. Si toute la France urbaine et rurale est concernée par la grève à la SNCF et dans les TER, l’effet du mouvement sur les déplacements du quotidien est bien moindre hors de l’Ile-de-France. Par ailleurs, sept Français sur dix utilisent leur voiture pour aller bosser. Nonosbtant, à la rentrée, la grève continue… … et ce n’est pas près de s’arrêter. Après un dialogue qui n’a pas produit beaucoup d’effets la semaine dernière, les syndicats ont promis de nouvelles journées de mobilisation à partir du 6 janvier prochain. « On a l’impression que tout le monde a perdu le sens des responsabilités » lâche un parlementaire LREM. A gauche comme à droite on dénonce la mesure visant à limiter les cotisations ouvrant des droits à pension au-delà de 10 000 € de salaire mensuel. Comme l’explique le député Olivier Marleix (LR) : «En envoyant les hauts salaires vers le secteur privé, on crée un marché pour la retraite ». Et Marleix de dénoncer « une américanisation de la protection sociale pour les cadres supérieurs ». On ouvre il est vrai ainsi un espace aux fonds de pension qui ne demandent qu’à accéder au gâteau des retraites. Dans la foulée, le directeur de Black Rock France a reçu la légion d’honneur.
Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a mis sur pied une cellule ad hoc à Bercy afin d’aider les artisans et commerçants qui pâtissent de la grève. Mesures adoptées : report de charges sociales et fiscales, chômage partiel, assouplissement des autorisations d’ouverture le dimanche mais tout le mois de janvier s’annonce comme une vaste négociation sur le dossier des réformes.
Au charbon, Matignon, dès le 7 janvier, Olivier Dussopt dans la fonction publique, Agnès Buzyn le 13/01 et le 13 janvier, ce sera au tour de Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l’Education pour parler de la revalorisation des salaires (qui y croit?). Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat aux Retraites, continue d’affirmer que les propositions du gouvernement « qui sont sur la table » sont de « bonnes propositions » et que l’âge pivot doit être maintenu car il faut que « le système soit à l’équilibre ». Ceci étant, Olivia Grégoire (12ème Paris), vice-présidente de la commission des finances à l’Assemblée nationale affirme que les « concessions » en cours du gouvernement pour mettre fin à la contestation devrait atteindre « plusieurs milliards » d’euros.
Depuis le début de la grève contre la réforme des retraites, le nombre d’arrêt maladie a par ailleurs explosé à la RATP. Ils ont bondi de 200% chez les 3000 conducteurs du métro. La hausse a atteint 321% lors de la deuxième semaine de grève. Un phénomène qui touche aussi les 850 conducteurs de RER (+300%), les 15 000 chauffeurs de bus (+170%). Pour éviter de perdre de l’argent et tenir plus longtemps, le grèvistes se font porter pâle. Sur le sujet, chez les syndicats, c’est silence radio. Sur 400 contrôles réalisés, 380 ont fait l’objet de rapports qui ont conduit à 90 suspension d’indemnités.
L’actuel secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, très présent depuis le début des grèves, sera numéro deux sur la liste En marche pour les prochaines élections municipales à Limoges. Vive la grève pour la gamelle mais aussi plusieurs petites entreprises spécialisées dans les transport, la garde d’enfants, le coworking ou la télémédecine ont tiré partie de cette période de grève et ont vu leur chiffre d’affaires s’envoler. Bus, VTC, motos-taxis… en Ile-de-France surtout.
Depuis le début de la grève, l’Opéra de Paris a par contre perdu près de 8 M€ de recettes de billetterie. L’institution est directement touchée par la réforme des retraites, car les danseurs bénéficient d’un régime spécial qui leur permet de toucher une retraite dès l’âge de 42 ans et qui dépasse à peine 1000 € pour la majorité du corps de ballet. Ce privilège date de 1698 sous Louis XIV. Alors, ils sont descendus sur les marches de l’Opéra Garnier à l’appel de l’intersyndicale et ont chanté la Marseillaise ainsi que le « Va Pensiero », le chœur des esclaves dans Nabucco de Verdi quand le corps du ballet a interprété une partie du Lac des cygnes.
Tous
attendent donc maintenant la journée d’action du
jeudi 9 janvier, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU
et des organisations de jeunesse qui réclament le retrait de la
réforme. De nouveaux mots d’ordre de grève ont été lancés. Des
syndicats de professions libérales (infirmières,
kinésithérapeutes…) appellent à des actions à partir de
vendredi. Les avocats se lanceront dans la bagarre lundi. Deux
syndicats d’Air France, le Spaf (pilotes) et le SNGAF (hôtesses et
stewards), appellent à faire grève la semaine prochaine, lundi et
mardi pour le premier, de lundi à jeudi pour le second.
A
partir de mardi, la CGT-Chimie a appelé à un durcissement du
mouvement, avec des blocages de raffineries, terminaux pétroliers et
dépôts pendant quatre jours. Un type d’action que la secrétaire
d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher a jugé « illégal ».
La Fédération nationale des ports et docks CGT a appelé à une
opération « ports morts » le 9 janvier.
Dans
ce contexte, les concertations ont repris entre les syndicats et le
gouvernement, prié par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux
Français de trouver un « compromis rapide ».
Une
réunion multilatérale avec les partenaires sociaux est prévue au
ministère du Travail. Elle devrait aborder les questions de
pénibilité et de l’emploi des seniors. Il s’agira essentiellement
de chercher des portes de sortie avec les syndicats réformistes
CFDT, CFTC et Unsa.
Mais
le président n’ayant fait aucune mention mardi de « l’âge
pivot », l’une des grandes inconnues sera la position adoptée
par la CFDT, qui a érigé cette mesure « paramétrique » en
« ligne rouge ».
Dans un tweet de vœux, son secrétaire général Laurent Berger a appelé « à plus de solidarité, de fraternité, de justice sociale et d’écologie » que l’année dernière. Il s’est aussi dit convaincu que « les militants CFDT prendront leur part dans les nombreux combats qui nous attendent ». La CFDT n’a pas prévu de rejoindre dans l’immédiat la mobilisation interprofessionnelle du 9 janvier.
Sans
prononcer le terme – dont on sait depuis le 3 octobre qu’il ne
l' »adore pas, parce que ça donne le sentiment que le travail,
c’est pénible » -, Emmanuel Macron a tendu une perche sur la
question de la pénibilité. La réforme « prendra en compte les
tâches difficiles, pour permettre à ceux qui les exercent de partir
plus tôt », a-t-il rappelé.
Créé
par la réforme des retraites de 2013, le compte pénibilité
incluait à l’origine dix critères, dont le port de charges lourdes,
les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les agents
chimiques dangereux. Mais ces quatre items ont été retirés à
l’arrivée d’Emmanuel Macron et le gouvernement n’a pas paru prêt à
les réintroduire à ce stade. Au grand dam des syndicats
réformistes, qui comptent profiter de la concertation pour gagner
des points sur cette question. « Quand vous avez des carrières
longues, vous avez déjà un âge de départ qui est différent. La
pénibilité doit être prise en compte », a déclaré cependant
la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne sur
LCI. Concernant la mise en place progressive d’un âge pivot, en
dessous duquel il ne sera plus possible de bénéficier d’une
retraite à taux plein, elle a répété que « le système doit
être à l’équilibre ». « Après, on est ouvert à des
propositions syndicales », a-t-elle assuré. Le calendrier
est serré, puisque le projet de loi doit être présenté en conseil
des ministres le 22 janvier.