par Franck BULEUX
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, soutient la liste de La République en marche (LRM) à l’occasion des prochaines élections européennes. Il a choisi, c’est son droit. Il s’est exprimé en ce début de campagne officielle, à Strasbourg, dénonçant l’extrême droite et les dérives de la droite vers l’extrême droite. Il s’est donc placé sur une ligne Juppé. En tout cas, c’est la ligne politique qu’il revendique. Certains diront qu’il a trahi la droite.
Son point commun avec Juppé ? Avoir commencé son brillant parcours électoral par une défaite, lui à Poitiers, Juppé à Mont-de-Marsan, lors des législatives de 1978. Une différence et de taille toutefois, ce chargé à l’animation du Parti républicain (PR) d’alors, fidèle de Valéry Giscard d’Estaing, ancien leader du Mouvement des jeunes giscardiens avait tout de même réussi à éliminer l’ancien ministre gaulliste André Fanton, parachuté par Jacques Chirac de Paris à Poitiers pour conserver une circonscription (la première de la Vienne) au RPR. Ni Raffarin, ni Fanton, le PS a vaincu. Poitiers était tombé dans l’escarcelle de la gauche.
En cette année 1978, les giscardiens présentaient des jeunes espoirs qui venaient de l’extrême-droite comme Alain Madelin et Gérard Longuet (qui furent, eux, élus tous les deux). Jean-Pierre Raffarin ne s’en offusquait pas à l’époque. Fan de rock n’roll et de Johnny Hallyday, il essayait de limiter le score du RPR et somme toute la « droitisation » du parti du président Giscard lui allait bien au teint.
Mais, on a compris, en 2019, il lutte contre les nationalistes et les populistes et sa candidate préférée, c’est Nathalie Loiseau.
Bon, nous l’avions souligné dans ces mêmes colonnes, Nathalie Loiseau a, en 1984, pactisé avec l’ennemi en intégrant ses listes. Erreur de jeunesse, ce n’est pas à Jean-Pierre Raffarin que cela arriverait.
Mais, en cherchant un peu, en 1993, Jean-Pierre Raffarin était alors député européen et surtout président du conseil régional de Poitou-Charentes et toujours au Parti républicain, pierre angulaire de l’ancienne Union pour la démocratie française (UDF).
Et Jean-Pierre Raffarin, en homme de droite, aime les traditions populaires et régionales. Alors, il soutient, es qualités, la parution d’un ouvrage Hommes et traditions populaires aux éditions Martelle. Certes, la maison d’édition est domiciliée en Picardie mais les textes évoquent le Poitou, « région fière de son art de vivre et forte de son dynamisme », dixit Jean-Pierre Raffarin dans la préface qu’il signe.
Il soutient, il parraine, il préface, il est le pivot de ce livre co-écrit par quatre auteurs.
Parmi ces auteurs, deux retiennent notre attention :
D’abord, Xavier Cheneseau, écrivain et journaliste né à Poitiers, considéré comme proche des milieux classés à droite : actif au sein du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE) ; il est de 1991 à 1993 sous Pierre Pauty un des collaborateurs de la revue nationaliste Militant. Il est ensuite assistant parlementaire de Paul-Marie Coûteaux. En 1996 il publie dans Synergies européennes, la revue du groupement Synergies européennes, dissidents de la Nouvelle Droite. Sous le nom de François Delancourt, il dirige de 1997 à 2002 la rubrique « L’invité » du journal du Front national Français d’abord, avant, certes, de soutenir Jean-Pierre Chevènement lors de la présidentielle de 2002, puis Nicolas Dupont-Aignan.
Ensuite, toujours parmi ces auteurs, le talentueux Philippe Randa, militant du Parti des forces nouvelles puis du Front national. En 1991, deux ans avant la parution du livre sur le Poitou, il donne une contribution dans le recueil Rencontres avec Saint-Loup, édité par l’Association des amis de Saint-Loup. Bref, un homme de droite, qui écrit aujourd’hui régulièrement dans le quotidien Présent et qui dirige depuis 2016 l’excellent site Eurolibertés.
Bref, avant d’hurler avec les loups contre l’extrême droite et le populisme, Jean-Pierre Raffarin devrait raison garder ou alors ce qui est vrai à Poitiers ne le serait pas à Strasbourg ? Ah, le fameux relativisme politique.
Après les fréquentations de Nathalie Loiseau en 1984, celles de Jean-Pierre Raffarin en 1993. Décidément, ils sont partout…
photo : Jean-Pierre Raffarin, micro en main, fan de Johnny
