Michel LHOMME
L’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD), régulièrement dénoncée par les « gilets jaunes », doit être proportionnée et le tir « exclusivement » dirigé vers le corps, a été contraint de rappeler le patron de la police nationale Eric Morvan dans une note alors que lui-même sur le terrain donnait des avis contraires.
Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » mais aussi des manifestations lycéennes et des barrages sur l’île de la Réunion, plusieurs personnes ont été blessées, parfois grièvement au visage, par des tirs de LBD lors de rassemblements en France.
Le Défenseur des droits Jacques Toubon a reçu 25 saisines – dont certaines collectives – depuis le début de la contestation, douze d’entre elles évoquant des tirs de balles de défense.
Dans un « télégramme » daté de mardi et envoyé aux directions des forces de l’ordre, le Directeur général de la police nationale (DGPN) ne s’en dédit pour autant et juge même globalement justifié le recours aux LBD au cours des récentes mobilisations émaillées. Selon M. Morvan, cette arme non létale peut être employée en cas d' »attroupement » susceptible de troubler l’ordre public, « en cas de violences ou voies de fait commises à l’encontre des forces de l’ordre ou si elles ne peuvent défendre autrement le terrain qu’elles occupent ».
« Ces circonstances correspondent aux émeutes urbaines auxquelles les policiers sont actuellement confrontés », estime ainsi le DGPN, ajoutant que le LBD « peut constituer une réponse adaptée pour dissuader ou neutraliser une personnes violente et/ou dangereuse ». Notons tout de même qu’elles ne furent pas employées contre les populations immigrées des banlieues. Deux poids deux mesures pour faire rétablir l’ordre.
Devant la polémique, le lourd bilan des blessés, M. Morvan rappelle toutefois que l’emploi de cet arme doit répondre aux principes de « nécessité et de proportionnalité » et être soumis à des « conditions opérationnelles » telles que le respect des « intervalles de distance propres à chaque munition ». Le patron de la police nationale précise notamment que « le tireur ne doit viser exclusivement que le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs », ce qu’aucun policier ne semble faire et même pire, ils visent tous la tête ce que confirment de nombreuses vidéos.
En outre, « après un tir et en cas d’interpellation, dès que l’environnement opérationnel le permet, il convient de s’assurer de l’état de santé de la personne et de la faire prendre en charge médicalement si son état de santé le justifie », indique le DGPN.
Selon une source policière, sur la seule journée d’action du 12 janvier, au moins 5 manifestants ont été grièvement blessés « vraisemblablement » par des tirs de LBD.
D’après le décompte du service de fact-checking de Libération, qui s’appuie sur les travaux du collectif militant « Désarmons-les », au moins 69 « gilets jaunes » ou journalistes ont été blessés par des tirs de LBD depuis le début de la mobilisation et au moins 14 d’entre eux ont perdu l’usage d’un œil, d’autres l’usage de leurs mains. La plupart du temps, ce n’était pas des casseurs mais de simples manifestants.
Le Défenseur des droits Jacques Toubon, l’humaniste traite de la droite française défenseur des clandestins de Mayotte et du grand remplacement qui émarge tout de même à trente mille euros par mois,(https://www.rtl.fr/actu/politique/jacques-toubon-ne-comprend-pas-que-la-polemique-sur-ses-revenus-7796252425) a d’ailleurs demandé jeudi la suspension du recours aux lanceurs de balles de défense (LBD), en raison de la « dangerosité » de ces armes dont l’utilisation par les forces de l’ordre fait polémique. L’usage de ce type d’armes de maintien de l’ordre est décrié après que de nombreux manifestants ont été blessés, parfois grièvement au visage, lors de manifestations de gilets jaunes ces dernières semaines. (https://www.letelegramme.fr/france/police-la-suspension-des-lanceurs-de-balles-de-defense-lbd-demandee-17-01-2019-12185108.php).
Au-delà de la dizaine de morts à déplorer depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », le 17 novembre qui en fait un des événements sociaux les plus meurtriers de ces dernières années, les violentes manifestations ont provoqué des blessures irréversibles à six personnes au moins. C’est une information qui n’émane pas d’ailleurs des sites alternatifs mais de la très officielle radio RTL, ce mercredi 16 janvier, obtenu d’une source policière haut placée. Les forces de l’ordre reconnaissent avoir blessé six « gilets jaunes » en deux mois, au point de les rendre infirmes. Quatre manifestants ont perdu l’usage d’un œil et deux ont eu la main arrachée. (actu.orange.fr) Le collectif Désarmons-les estime de son côté à 17 le nombre de contestataires éborgnés par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), arme non létale qui a remplacé le flashball. Les blessés graves s’élèvent à 98, selon le collectif, contre 62 selon des données médicales, relate encore la radio. Le ministère de l’Intérieur ne communique que sur le nombre de blessés : 1 000 au sein des policiers et gendarmes et 1 700 du côté des « gilets jaunes ».
Par ailleurs, les CRS ont bien reçu l’ordre de déployer des agents armés de fusils d’assaut HK G36. Le Canard enchaîné confirme que l’ordre de porter des fusils d’assaut et de «prééquiper un binôme observateur tireur» en cas de besoin a bel et bien été donné aux commandants des CRS avant l’acte 9 des Gilets jaunes, le 12 janvier dernier. Ce même samedi, des agents des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) équipés de fusils d’assauts semi-automatiques HK G36 ont été remarqués, notamment à Paris, en marge de la manifestation du 12 janvier à la fin de laquelle des heurts ont éclaté. L’édition du 16 janvier du Canard enchaîné lève le mystère sur la présence de ces armes létales entre les mains des policiers antiémeute. Il s’agit en réalité d’un ordre du ministère de l’Intérieur émis le 10 janvier à destination des commandants de CRS, leur demandant de déployer systématiquement «2 HK G36» lors d’«opérations de maintien de l’ordre». (https://twitter.com/twitter/statuses/1084126716216279040)
Concernant les armes dites de « force intermédiaire » que sont les LBD 40×46 mais aussi les grenades lacrymogènes et assourdissantes GLI-F4, Jacques Toubon a appelé le gouvernement à « prévenir plutôt que soigner ». « Annulons le risque qui existe de dangerosité de ces armes en suspendant leur utilisation », a-t-il déclaré en marge de la présentation à la presse d’un rapport sur la dématérialisation des services publics
Début décembre, quelque 200 personnalités avaient appelé à interdire « immédiatement » l’usage de ces fusils d’épaule à un coup qui projettent des balles semi-rigides de calibre 40 mm. Sans résultat. La France est l’un des derniers pays modernes a avoir une gestion du maintien de l’ordre totalement archaïque, de type dix-neuvième siècle, visant à chercher la confrontation directe avec le manifestant et ceci joint à une verticalité totalement obsolète des donneurs d’ordre, le préfet et le Ministre de l’Intérieur. N’est-ce pas une des questions prioritaires à poser dans le grand débat ? Ne serait-il pas temps de poser la question du maintien de l’ordre en France, y compris des exactions de Zorro aux lunettes noires des Brigades anti-criminalité dans les banlieues ? Ou continuerons d’entendre chanter dans le rap français et en boucle sur les I-Phone des banlieusards : « Police, fils de p… ! »