Michel LHOMME
La tradition de la galette remonte aux Saturnales, les fêtes païennes de l’Antiquité romaine. Devenus symbole de l’Épiphanie, la galette des Rois (Mages) est une pâtisserie tantôt à base de pâte feuilletée et fourrée, ou bien à base de pâte briochée et armée de fruits confits -on l’appelle alors gâteau (des Rois). Petite histoire d’une gourmandise ronde comme le soleil, traditionnelle et européenne.
Les Saturnales
Aujourd’hui, la galette est en vente durant tout le mois de janvier. Son existence officielle date de 1311. Mais la tradition remonte à l’Antiquité romaine. Lors des Saturnales, des fêtes infiniment païennes, au cours desquelles les classes sociales volaient en éclat, un gâteau rond fourré de fruits confits, de miel et d’une fève (c’est à l’origine une pièce de monnaie), était partagée à parts égales entre maîtres et esclaves. Un roi d’un jour seulement était ainsi désigné par la pièce. L’élu pouvait demande et obtenir ce qu’il souhaitait, manger et boire à satiété. Si c’était un esclave, il était généreusement tué à la fin de la journée.
Les Fabophiles
A l’origine, c’était une vraie fève, une légumineuse nourrissante. Puis, elle devint objet en porcelaine à partir de 1874, et en matière plastique souvent, aujourd’hui… Haricot sec, fève dorée, fausse porcelaine… La « fève » est multiple, et revêt des formes totalement diverses. Les fondus du sujet les collectionnent, on les appelle les fabophiles. Le musée de Blain, en Loire-Atlantique, en possède plus de 10 000. et il existe même un Salon Mondial des Collectionneurs de Fèves des Rois !
Tirer les Rois
Selon une tradition, le plus jeune convive va sous la table, et attribue « à l’aveugle » chaque part de galette en désignant des personnes. Celui qui « tire » la fève devient donc le Roi, ou la Reine. Par extension, on « tire » donc les Rois. Mais l’expression trouve une meilleure signification dans le « tirage » au sort d’un Roi éphémère, au temps des Saturnales ! Détail traditionnel qui s’est perdu : il y avait jadis deux fèves par gâteau : une vraie fève pour le Roi, et une fève en porcelaine pour la Reine. Aujourd’hui, la fève unique et unisexe.
La part du Pauvre
Briochée, feuilletée, toujours ronde comme le soleil, symbole de la lumière et hommage aux jours qui commencent à rallonger, la galette ou le gâteau des Rois recèle de toute façon un petit trésor, avec sa fève. La pâtisserie est assortie d’une couronne en carton doré que l’élu(e) devra porter, au moins jusqu’à la fin du repas, non sans avoir choisi sa Reine ou son Roi, le cas échéant. Enfin, il est d’usage de partager la galette en parts égales correspondant au nombre des convives, et de ne pas oublier d’en garder une, « la part du pauvre », si celui-ci venait à frapper à votre porte.
Le gâteau de l’Égalité
Au fil des siècles, le gâteau a connu bien des vicissitudes. Honoré, il a été honni aussi, après la Révolution de 1789. Pensez ! Une pâtisserie appelée gâteau des Rois ! Les Sans-culotte le rebaptisent alors « gâteau de l’Égalité « . Ainsi, la galette survécut. Elle est cependant indissociable de l’Épiphanie (l’Apparition), fête chrétienne fixée au 6 janvier, qui symbolise la présentation de l’enfant Jésus aux trois Rois Mages. D’où son synonyme de « gâteau des Rois ».