Michel LHOMME
Le bruit d’une possible démission de Donald Trump dans les prochains jours s’est répandu dans tous les médias à la suite d’un article publié dans le Huffington Post par le très influent Chris Matthew, rédacteur politique à la chaîne américaine MSNBC 1.
Selon lui, le président américain pourrait passer un accord avec le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête sur l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016, pour éviter une inculpation. Dans cette affaire menée depuis mai 2017, Donald Trump et sa fille Ivanka pourraient être inculpés et se faire condamner à une peine de prison pour trahison au profit de la Russie. Dans le cadre de cet accord, les enfants de Donald Trump pourraient être également concernés d’où la décision que prendrait au final Donald Trump pour protéger sa famille.
On imagine mal en France que de tels accords puissent être passés avec un procureur en charge d’une enquête pour trahison, même si c’était un président de la République qui était concerné. Le scandale serait immense. Non seulement le président mais le procureur devraient immédiatement démissionner. Mais aux États-Unis règne le « plaider coupable » et le système judiciaire est totalement différent, on s’en souvient avec l’affaire de l’Hôtel Sofitel de Dominique Strauss-Kahn dont le principal soutien à l’époque était Ismaël Emelien, l’actuel conseiller spécial d’Emmanuel Macron (le dégagisme n’a jamais eu lieu).
Jusqu’alors dans l’affaire Trump, il semblait que le procureur Robert Mueller qui ne cache pas vouloir la peau de Trump depuis longtemps avait eu, semble-t-il, quelques difficultés à se procurer les preuves convaincantes de l’intervention directe de Moscou dans la campagne électorale et on pouvait donc penser que l’enquête allait se conclure rapidement par un non-lieu. Cependant les manifestations hostiles à Trump provenant du complexe politico-militaire américain, (l’État profond) se sont multipliées ces derniers jours à la suite de la décision du Président américain de retirer l’armée américaine de Syrie et d’Afghanistan. La démission du général Mattis de ses fonctions de Secrétaire à la défense a provoqué aux États-Unis dans establishment un véritable vent de panique. S’ajoute à cela le shutdown de l’administration américaine suite au blocage au sénat du vote du budget (problème du financement du mur contre le Mexique).
Plusieurs fois l’hypothèse d’un assassinat de Trump aurait aussi été évoquée qui permettrait effectivement de résoudre d’une façon simple bien que sans doute trop voyante la crise politique américaine d’un pays plombée par sa dette, en plein appauvrissement et il faut bien le dire complètement décadent moralement et intellectuellement. L’État profond aurait finalement opté pour agir d’une façon un peu plus constitutionnelle. La relance d’une possible inculpation de Trump pour intelligence avec la Russie, suivie de sa démission, résoudrait en effet d’une façon élégante le problème. Trump se saisirait donc lui-même de cette perspective pour se donner un prétexte à démissionner de son proche chef, dans des conditions plus honorables. Ceux qui connaissent le personnage estiment qu’il peut changer de position à n’importe quel moment, s’il y trouve un avantage personnel – ceci même dans des affaires d’État.
Ceci voudrait dire que Trump ne sera plus présent sur la scène internationale au Noël 2019, que l’armée américaine resterait en Syrie, que le budget américain continuera de flamber par les dépenses militaires et que Mike Pence, ultra-conservateur et belliciste, proche des milieux chrétiens extrémistes croyant au nécessaire Armageddon et au quatre chevaliers de l’Apocalypse présents sur la Une de fin d’année de The Economist assurerait l’intérim. L’affaire est en tout cas à suivre avec attention dans les prochains jours.
En attendant, à la veille de Noël, la Bourse de Paris, a terminé lundi en forte baisse dans un réel vague à l’âme : – 1,45 %. Or, vendredi, Wall Street avait connu sa pire débâcle hebdomadaire depuis 2008, depuis la dernière crise financière.En trêve des confiseurs.
La Bourse de Paris rouvrira le 27 décembre.
Sources :