Jordi GARRIGA, correspondant Métainfos en Espagne
Le 2 décembre, un tremblement a secoué la région espagnole de l’Andalousie: lors des élections régionales, une formation qualifiée “d’extrême droite » et / ou « fasciste »a obtenu 10,97% des voix (395 978 électeurs), propulsant ainsi 12 députés au parlement andalou et un sénateur au niveau national. Il faudrait remonter à 1979 pour connaître un succès comparable du camp nationaliste, lorsqu’un parti également qualifié d’extrémiste avait gagné un député au parlement national: la “Fuerza Nueva”de Blas Piñar.
VOX, qui signifie « voix » en latin, est un parti créé en décembre 2013 à partir d’une scission de personnes désenchantées par l »évolution mondialiste prise par le “Partido Popular”, le parti de centre-droit espagnol. Ces gens ont reproché l’excessive modération des hommes politiques de droite comme le président Mariano Rajoy, et ils pariaient pour une plus grande radicalité dans les sujets habituels des conservateurs comme ceux de la défense de la famille traditionnelle, l’unité de l’Espagne, la promotion de la classe moyenne ou la lutte contre l’immigration.
L’année 2014 avait été sur le point de réussir, puisqu’il n’avait manqué au candidat de VOX aux élections européennes d’alors que 1 500 voix pour obtenir son député (246 833 voix). Ensuite, le parti avait décru rapidement, enregistrant des résultats très médiocres lors d’élections différentes, en obtenant au mieux 1% des voix. Dans ces élections andalouses, avec le même tête de liste, il est donc passé subitement de 0,46% (2015) à 10,97% (2018). C’est assurément une grande victoire.
Comme prévu, l’effet médiatique et social a été énorme: des dizaines d’articles analysant pourquoi, des débats, des actualités, des enquêtes toutes couleurs confondues, y compris à l’étranger…Dans le “domaine national”, il y a eu une avalanche d’adhésions à un parti qui semble être l’espoir de ceux qui souhaitent être représentés par un parti de droite pour une fois sans complexe et qui dit haut et fort ce qu’il pense.
Pourtant, son jeune dirigeant, Santiago Abascal, (photo de une) est un ancien membre de la caste politique conservatrice. Affilié au Parti populaire du Pays basque en 1994, il était déjà en 2000 le chef régional des jeunes du PP et jusqu’à son départ en 2013, il était membre de son bureau politique. Il est également devenu conseiller et député régional. Il a été directeur de l’Agence de protection des données de la Communauté de Madrid de février 2010 à décembre 2012. Le scandale a éclaté lorsqu’en avril 2013, il a été nommé directeur de la Fondation pour le mécénat et le parrainage social, pour lequel il a empoché 82.491 € sans faire aucune activité, autrement il avait bénéficié d’un emploi fictif chichement rémunéré. Lorsque cette entité a été dissoute, il a fondé le parti politique VOX.
Aussi, malgré toutes les définitions du fascisme et de l’extrême droite qui s’appliquent à eux dans tous les médias, y compris français, avec le langage habituel de la diabolisation, de telles « accusations » sont démenties par les faits. Ainsi, lorsque Marine Le Pen a publiquement félicité VOX pour ses résultats électoraux, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil d’Espagne puisqu’Abascal a toujours entretenu de bonnes relations avec le FN. Or, non seulement le remerciement pour ces félicitations n’ont pas été rendues publiques en Espagne, mais le chef de VOX en Andalousie, Francisco Serrano, a affirmé à travers les réseaux sociaux que le FN français s’apparentait davantage à PODEMOS et pour bien se démarquer qu’ils étaient constitutionnalistes et démocrates. Une affirmation qui semble être confirmée par tous les actes d’adhésion à la Constitution de 1978 que VOX a organisés dans toute l’Espagne le 6 décembre.
Dans son programme, nous pouvons ainsi voir les arguments classiques du « libéralisme national » tant aimés par les conservateurs qui aiment le capitalisme et pour lesquels l’unité du pays n’est rien d’autre que l’unité du marché. Son irruption n’est rien de plus que l’expression d’un secteur de la droite espagnole qui se veut plus agressive en politique, plus néo-conservatrice mais cela ne représente aucune alternative ni aucun danger pour le système politique et économique en vigueur.
Il était important que les choses soient dites et clarifiées en France.