TEL PERE, TEL FILS : HOMMAGE A MAURICE DE BUS

par Jean-François DE BUS et Yvonne GOLDENBERG

Le 11 Novembre 1963, contre toute attente, mon père Maurice DE BUS né en 1907 décédait d’un infarctus à l’âge de 55 ans. J’avais 15 ans lorsque mon père nous a quittés. Je garde de lui de bons souvenirs qui ont pu être des balises dans ma vie.

Maurice DE BUS était un être affable et doux, énergique et passionné. Il aimait les gens. Dans la vie quotidienne, ma mère a très bien su comprendre son mari artiste. Elle s’occupait de la maison laissant mon père à son œuvre et à sa réflexion. C’est en rencontrant ma mère que Maurice DE BUS, à l’âge de 33 ans, reçu le baptême catholique. Il a ainsi approfondi le mystère chrétien et nombre de ses œuvres sont d’inspiration « Art Sacré ».

Il créa des œuvres emblématiques comme Hiroshima, à présent installée au musée Mémorial de Caen. Cette sculpture lui tenait beaucoup à cœur.

HIROSHIMA

Il avait été bouleversé par l’horreur du désastre et craignait pour l’avenir. La guerre le révulsait, il avait entendu dans sa jeunesse le récit des soldats revenus du front. Il m’avait dit un jour, « tu vois, au lieu de faire défiler sur les Champs-Elysées des canons, des chars et des soldats en arme, pourquoi ne pas faire défiler de belles femmes et de beaux hommes » (je suis de plus en plus d’accord avec lui!).

Vénus, circa 1937

Mon père, pour compléter son salaire (nous étions 6 enfants) donnait des cours de dessin à Paris 20e rue Levert et des cours de modelage aux arts appliqués rue du Petit Thouars. Il régnait dans ses cours une ambiance d’échange et d’amour de la forme et du dessin. Mon père est mort trop tôt mais il laisse sur cette terre un message de beauté et de bonté. JF DE BUS.

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FLASHES SUR MAURICE DE BUS

Être sensible, nerveux, passionné par son art, généreux, ayant un sens aigu de la justice, respectueux de l’effort humain, ressentant la dignité du labeur, du travail bien fait, donnant toujours la primauté au côté spirituel d’une œuvre, tel apparaissait Maurice De Bus.

Grand travailleur, il dessinait constamment. Il considérait que rien n’est jamais acquis une fois pour toutes, et comme tout poète selon le mot de Boileau « sans cesse sur le métier il remettait l’ouvrage ». Il ressentait le besoin de se cultiver constamment par la fréquentation assidue des musées.

Très bon pédagogue, il possédait, au plus haut degré, la faculté de communiquer à ses élèves ses émotions esthétiques et se voulait porte-parole de la Beauté éternelle. Il savait «voir» et recueillir au vol un mouvement fugitif, qu’il croquait en quelques traits pour le transposer ensuite dans ses sculptures ou ses médailles. Très habile à concrétiser ses impressions, il aimait à jongler avec les proportions, tout en préférant toujours à l’artifice le retour aux sources.

Il aimait passionnément l’art roman et s’était attaché à étudier l’art du pli dans les sculptures grecques, romanes et gothiques, dont il entretenait souvent ses élèves. Il donnait, en peinture et surtout en dessin, ses préférences à Géricault et Delacroix, car il avait en commun avec eux l’amour du cheval, motif dont il nous a laissé de nombreux croquis.

Il eut aussi le goût de l’orientalisme. C’est ainsi que le Maroc, qu’il découvrit à sa sortie d’école, par deux séjours successifs, fut pour lui une révélation profonde. Il y trouva des hommes «naturels et fiers», aux «gestes éternels», et fut très sensible à la beauté des vêtements simples et nobles que ces hommes portaient. De ces drapés, il sut dégager le pouvoir expressif et les possibilités plastiques et architecturales.

Il avait commencé son œuvre par des sculptures monumentales (par exemple, ses bas-reliefs de la Chambre de Commerce de Rouen illustrant «les activités de la ville et du port») pour s’intéresser ensuite à la médaille à laquelle il trouvait une extraordinaire dimension.

AIGLE

Tels sont certains traits de Maurice DE BUS que j’ai recueillis auprès de quelques-uns de ceux qui l’ont connu et qui m’en ont parlé avec tant de chaleur que je finis par croire que je l’ai connu moi-même.

  • Yvonne Goldenberg fut conservatrice du Musée des Monnaies et Médailles, ce texte date de Mai 1964, à l’occasion de l’exposition : «Hommage à Maurice DE BUS» à la Monnaie de Paris.

A noter : Nous pouvons voir actuellement et jusqu’au 29 janvier 2023 l’exposotion des oeuvres de Maurice de Bus au Musée Bossuet  cité épiscopale
5 place Charles De Gaulle à MEAUX  77100
jusqu’au 29 Janvier 2023

https://www.musee-bossuet.fr/fr/le-musee-bossuet.html