LE DERNIER MUST DE LA PHILO FRANCAISE : TROP DE LIBERTE TUE LA LIBERTE !

par Bernard PLOUVIER

On connaissait déjà le joli chiasme, sectaire et riche en guillotinades : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », lancé par le potache ambigu Louis-Antoine Saint-Just en 1794, pour contrer ses adversaires.

Il fut repris par André Malraux, en une époque où la « liberté d’expression » était laissée à l’appréciation du Komintern, bailleur de fonds du Comité Amsterdam-Pleyel, puis des mouvements Antifa, soit les belles années 1933-36, où Wilhelm-« Willy » Münzenberg organisait une désinformation à grande échelle, permettant de recruter une foule de jeunes gens prêts à trahir leur patrie ou leur terre d’asile pour le « paradis des prolétaires ».

Un philosophe professionnel a donné une nouvelle analyse de la chose, au micro d’Europe 1, le 27 avril 2022, probablement pour fêter la réélection de Macron le globalo-mondialiste : « La liberté d’expression totale, ce n’est pas la liberté, mais la loi du plus fort… Il y a quelque chose de liberticide dans une totale liberté » (on a résumé, succinctement on le reconnaît volontiers, l’exposé de Mr Raphaël Enthoven, homme réputé aimer les paradoxes et se sentir à l’aise dans la provocation – à condition qu’elle soit Bon Chic Bon Genre, à la parisienne, cela va sans dire).

On peut rassurer ce grand anxieux : Dame Liberté d’expression n’a pratiquement jamais existé en Europe, où l’on est passé de la censure ecclésiastique – et celle des calvinistes n’eut jamais rien à envier en matière de répression féroce à celle des catholiques, Michel Servet et René Descartes en surent quelque chose, sans même parler de la dictature rabbinique qui faillit coûter la vie au grand Spinoza – à la censure républicaine-maçonnique, aux restrictions de l’époque gaulliennes, puis à la dictature bolcho-gauchiste soixante-huitarde et enfin à celle du « devoir (très sélectif) de Mémoire », puisque le barbarisme grammatical « génocide » semble être réservé à l’indéniable Shoah.

Donzelle Liberté d’expression n’exerce réellement ses talents qu’aux USA, où elle est garantie par le 1er Amendement à la Constitution, étant exclus naturellement de cette liberté : la calomnie, le plagiat et la pornographie.

Et si c’est ce que veut signifier Mr Enthoven, on ne peut que l’approuver. Mais est-ce bien cela qu’il veut faire comprendre ou son message n’est-il qu’une énième resucée du genre : « Toute vérité n’est pas bonne à dire » ?

Dans ce cas, pas besoin de philosophe ! Un Parlement de godillots, une police politique et une magistrature suffisent amplement. On peut même rassurer les inquiets, teintés ou non de philosophie : les Européens ne courent aucun risque de jouir d’une « liberté d’expression totale », englués qu’ils sont par une série de lois, interdisant la libre expression de la pensée sur une foule de sujets, votées d’enthousiasme par des élus qui sont tous – nul n’en peut douter – de nobles consciences. Et pourtant, le 1er Amendement à la Constitution est peut-être ce qu’il y a de moins mauvais à prendre du côté des States !

En complément : https://www.europe1.fr/societe/rachat-de-twitter-il-y-a-quelque-de-chose-de-liberticide-dans-une-liberte-totale-juge-enthoven-4108063