DU DRAGON VERT AUX SEPT TETES

par Dionysos ANDRONIS

  • A propos de Teddy Legrand, Les Sept Têtes du Dragon Vert, éditions Energeia, 2012, France, pp.224.

Ce roman n’a pas été évalué correctement lors de son achat par nous. Nous avions été attirés par sa couverture et son titre mais à cause de son contenu paléo-chrétien nous l’avions délaissé pendant sa lecture. Mais maintenant (six ans après son achat) nous l’avons lu avec l’attention idéale. Son éditeur aujourd’hui Jean-Michel Fraisse nous explique son contenu occultiste en bref dans la deuxième préface : « Teddy Legrand semble donc aussi connaître assez bien le milieu spiritualiste ou ésotérique de son époque : on  y trouvera pèle-mêle ainsi cités Gérard Encausse (Papus), le Maître Philippe de Lyon, Paul Sadir, la Société Martiniste, voire le monde interlope de la Villa Bleue de la comtesse Prozor à Nice, Alexandra David-Neel, Gurdjieff au passage avec l’Anthroposophie de Rudolf Steiner » (écrit par Jean-Michel Fraisse, à la page 12).

Mais pourquoi l’écrivain a-t-il choisi ce titre ?

Verte est la couleur des Dragons dans les contes pour enfants.  Par contre, ce roman est écrit pour les adultes très cultivés en matière d’Histoire et d’Occultisme. Le même éditeur Fraisse nous éclaircit sur la pensée de Xavier De Hauteclocque (alias Teddy Legrand) qui avait écrit ce roman en 1933, une année toute symbolique. « L’action politique secrète et la magie ou le spirituel se rejoignent »  (op.cit., page 21).

La couleur verte symbolise les espions qui avaient travaillé en faveur des communistes et qui avaient leur base secrète en Suède pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cela paraissait donc étrange que nous ayons acheté ce roman dans une librairie d’extrême-droite ?  C’était à la Librairie du Savoir, librairie de notre quartier qui a fermé ses portes récemment. La raison profonde serait que cette librairie disparue aujourd’hui avait recyclé (par le biais de ses ouvrages vendus) les secrets anciens de l’occultisme pour les pratiquer aujourd’hui avec une nouvelle énergie renouvelante ! Le nom de l’éditeur Energeia est significatif à cet égard. 

Nous n’allons pas vous présenter  le roman mais vous mettre en appétit afin de commander ce roman bien introuvable aujourd’hui. Le secret du charme intemporel de ce roman se trouve dans le fait que le narrateur (qui n’est autre que l’espion Xavier De Hauteclocque (né en 1897-mort en 1935) et qui a signé ce roman avec le pseudo du début) voulait mettre en avant la « mascarade religieuse » de son époque (op.cit., page 130) au lieu de nous présenter une histoire d’espionnage politiquement correcte pour les idéaux chrétiens de son vivant.       

Quand le narrateur se trouvera au quartier Balata de Constantinople (le vieux quartier juif proche du Phanar) l’histoire prendra un tour inattendu :  » ce juif Rathenau voulait faire l’alliance franco-allemande…ils l’ont tué. Et le temps approche où l’Europe tremblera sous les éperons acérés de l’Homme aux Deux Z » (op.cit., page 95). Qui sera cet Homme?  Nous vous laissons le choix de lire ce roman pour connaître la fin de ce texte tout à fait anti-communiste. 

« Les nazis m’ont empoisonné » Xavier De Hauteclocque nous raconte au Figaro du 17-07-2018.

En complément cette présentation de l’éditeur :

 » Les sept têtes du dragon vert » : enfin réédité !
Un titre pareil pourrait, a priori, annoncer un roman populaire et désuet.
Paru en 1933, Les sept têtes du Dragon Vert est à la fois paradoxalement un ouvrage méconnu et proprement mythique, à différents aspects : « Le mythe de la connexion entre le Tibet et les nazis est une création d’auteurs français. Le premier, Teddy Legrand, publia en effet en 1933 un roman intitulé Les 7 têtes du Dragon Vert dont un passage fut repris et développé par Louis Pauwels et Jacques Bergier dans leur célébrissime « Le matin des magiciens » (.) – Libération, 6 mai 2008« .

Au-delà d’avoir lancé ce « mythe » – là (et avec quel succès, en littérature ou même au cinéma.), ce livre en est devenu un livre-culte par lui-même, mêlant espionnage et ésotérisme, dénonçant un complot criminel international sur fond de haute politique, de guerre mondiale, de révolution russe et de montée du nazisme – de services de renseignements, de haute finance, et de sociétés secrètes.
On a aussi évoqué le fait que Ian Fleming, créateur de James Bond, ait pu s’inspirer de la série La guerre des cerveaux, dans laquelle s’inscrivait Les sept têtes du Dragon Vert. Alors aurait-il pu s’inspirer de « Teddy Legrand » ?

Le lecteur en jugera lui-même.
Ce livre est à la fois un roman policier, d’espionnage, un « thriller » comme on dit maintenant – un livre à suspens., – où un certain humour n’est parfois pas absent, apportant un peu d’air frais au milieu d’un climat angoissant de mystère et de menace, et d’une mise en perspective de faits réels, de révélations véritables, du « dessous des cartes » de l’Histoire. Et, surtout, au-delà du roman, Les sept têtes du Dragon Vert furent une oeuvre des services de renseignements français de l’entre-deux-guerres – du « 2ème bureau ». :  »  En 1933 le service de renseignement français avait facilité la publication d’un roman d’ésotérisme et d’espionnage, Les sept têtes du Dragon Vert, signé du pseudonyme de Teddy Legrand (.) – Intelligence on Line, 23 octobre 2008« .
Derrière Les sept têtes du Dragon Vert, et le pseudonyme de l’auteur, Teddy Legrand – nous le révélons aujourd’hui – se cachait en effet ici un journaliste, écrivain et officier au 2ème bureau français, qui devait, deux ans plus tard, donner sa vie « pour la France, en service secret« , ayant accepté malgré la menace pesant sur lui de poursuivre une mission qu’il jugeait un devoir : enquêter, alerter la France – et le monde – des dangers qu’ils couraient, tenter de les prévenir – ces dangers, et, comme agent – les combattre. Son nom ? Xavier de Hautecloque. Il mourut empoisonné par le régime nazi que ses écrits gênaient.

NOTE DE LA REDACTION :

Selon l’article de Wikipedia, l’éditeur Energeia du livre Les Sept Têtes du dragon vert, attribué à un certain « Teddy Legrand », l’attribue à Xavier de Hauteclocque, mais selon Serge Caillet, historien de l’occultisme, le pseudonyme de Teddy Legrand pourrait être en fait Jean d’Agraives ou Pierre Mariel (http://sergecaillet.blogspot.com/2007/07/les-sept-ttes-du-dragon-vert.html) que son fils a reconnu comme étant le véritable auteur du roman . Par ailleurs l’emploi du pseudonyme de Teddy Legrand pourrait aussi indiquer une collaboration entre différentes personnes, dont Charles Lucieto, dont le nom est cité plusieurs fois dans l’ouvrage.

Le livre peut être téléchargé sur : https://fdocuments.fr/download/legrand-teddy-les-sept-tetes-du-dragon-vert