Par Michel LHOMME
Nos lecteurs habitués savent que depuis le début, nous avons placé l’énergie au cœur des préoccupations de ce site. C’était pour nous une autre manière d’aborder la crise climatique dont on nous rabat les oreilles à longueur de journée à base de déclarations démagogiques et superficielles. Nos enfants paieront l’électricité dix fois plus cher qu’aujourd’hui si les politiques suicidaires de l’énergie au nom du changement climatique continuent sur la même lancée irrationnelle. La farce des éoliennes, des énergies renouvelables, de la voiture électrique constituent des aberrations économiques que nous paieront très cher au sens propre cette fois ci du portefeuille. Ils ruineront certains états et surtout ne les mettra pas à l’abri pour la première fois de coupures d’électricité régulière, de black out. Or qui osera remettre en cause les centres de données informatiques, les block-chain du futur, gros consommateurs d’énergie qui sont sans comparaison aucune avec un immeuble non isolé thermiquement. A moins de stopper la conquête spatiale, l’ordinateur quantique, la 5, 6,7… G, les climatisations, notre consommation électrique va s’accroitra inéluctablement dans des proportions inégalées, ce n’est pas une éolienne qui pourra alimenter le prochain stockage des serveurs google !
Il y a plus et c’est ce que nous avons ressenti ces derniers jours et qui justifient un peu ce « spécial énergie ». La gestion de la crise énergétique menace d’opposer dorénavant les pays du sud, de l’est et du centre de l’Europe à ceux du nord. La discussion sur les prix de l’énergie a atteint Bruxelles au risque de division entre les Vingt-sept. Les alarmes ont sonné aux portes d’un hiver qui pourrait être froid et surtout très coûteux pour les poches des consommateurs européens.
Pendant des mois, divers facteurs ont déclenché les prix de l’énergie, plaçant les prix du gaz et du charbon, à des niveaux record. De l’autre, la facture d’électricité est également en hausse, tirée à la baisse par le gaz et la hausse du prix des droits d’émission de CO2. En toile de fond, l’Europe et le reste du monde sont en train de se remettre de la pandémie, avec des économies majeures en croissance et une demande énergétique en augmentation.
La question fut en quelque sorte posée la semaine dernière : l’Union européenne peut-elle intervenir dans la flambée actuelle des prix ?
L’Espagne s’est retrouvée par exemple à la tête d’un groupe de pays qui exigent de la Commission européenne un plan comportant des mesures extraordinaires pour arrêter la spirale des prix. Le président espagnol Pedro Sánchez a mis sur la table l’idée d’une réforme du marché de gros et coordonné les achats de gaz pour disposer d’une réserve stratégique capable de maintenir les prix stables face aux pics de demande. L’Italie et la République tchèque se sont associées à une solution à cet égard. Relèvement, cohésion sociale et soutien citoyen à la transition verte sont en jeu, ont insisté les dirigeants de ces pays ; la France pourtant endettée comme pas une se contente de faire quant à elle du ruissellement interne, de soutenir la facture par des aides sociales distribuées sans remettre sérieusement en cause sa politique énergétique suicidaire.

La Commission européenne réfléchit maintenant à la manière de jouer ses cartes. Elle avait prévu de publier une communication sur l’énergie au cours de la semaine écoulée, mais a préféré attendre, au vu des luttes politiques en cours. Après une première discussion lors du sommet des Balkans tenu en Slovénie, elle est en attente que la question soit à nouveau traitée lors du sommet ordinaire du Conseil européen, les 21 et 22 octobre.
Pour certains, les libéraux, le problème de l’approvisionnement énergétique européen pourrait être temporaire et les prix devraient se corriger en fonction des conditions du marché au cours des prochains mois. C’est la position par exemple de Paschal Donohoe, président de l’Eurogroupe, et de dirigeants comme Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas. Du coup, l’Espagne par exemple craint que la Commission, à travers la communication qu’elle rendra publique dans quelques jours, adopte une position minimaliste.
Les épées pourraient être levées d’ici le sommet d’octobre. L’urgence perçue par les pays du sud, de l’est et du centre de l’UE pourrait se heurter à la position des pays du nord, écologistes durs, craignant que la hausse actuelle des prix ne se traduise par une diminution des réductions d’émissions. La question est délicate et a un potentiel explosif, car elle touche à des éléments très sensibles, de la taxation des émissions de carbone à la renégociation des règles fiscales, en passant par une question qui n’est pas nouvelle non plus : la dépendance énergétique de la Russie.
Car Vladimir Poutine, qui a de l’expérience dans « l’ouverture et la fermeture du robinet de gaz » aux moments les plus critiques, a fait une nouvelle apparition dans cette crise. Le 6 octobre, après quelques heures pendant lesquelles le prix du gaz est revenu à ses plus hauts niveaux, le président russe a déclaré que Gazprom, l’entreprise publique russe chargée de l’exploitation de l’énergie, augmenterait ses exportations. Les prix se sont calmés. Mais Poutine a déclaré clairement en mettant le point sur les « i » que l’escalade actuelle est due aux plans de transition verte de l’UE. Reste que Bruxelles est sous pression car la Commission ne dispose que d’une seule option, politiquement douloureuses pour cette bande de satrapes, pour agir à court terme sur les prix : demander à la Russie d’augmenter son approvisionnement en gaz.

Il faut effectivement remettre en cause l’ambition verte de l’UE – engagée à réduire ses émissions d’au moins 55% d’ici 2030 – et prendre très au sérieux les coûts du grand exercice de transition des économies très polluantes et dépendantes des énergies fossiles. C’est pourtant ce que ne fera jamais la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen tout comme l’oligarchie au pouvoir, incapable de se débarrasser de ses ancrages climatiques. Nonobstant, le rappel à une certaine réalité ne va pas manquer et la promesse verte pourrait sérieusement commencer à peser, si les prix ne se modèrent pas cet hiver et si en plus il y a des coupures.
Bruno Le Maire, en déplacement au Luxembourg dans le cadre de l’Eurogroup a en tout cas déclaré : « Les prix de l’énergie sont injustes, inefficaces et très coûteux pour nos concitoyens et nos entreprises. Il est temps d’élaborer une réponse européenne à ce problème et de se pencher ensemble sur le marché de l’énergie. » Face à ses interlocuteurs, Bruno Le Maire peut se prévaloir du succès du modèle énergétique français. Sur le marché du gaz, l’Hexagone dispose
de réserves de gaz pleines pour l’hiver. Ce qui est loin d’être le cas de
l’Allemagne par exemple. L’obstacle : les pays fournisseurs – Norvège, Russie, Algérie, Qatar – n’entendent pas augmenter les livraisons.
Nonobstant, alors que des vents mauvais soufflent sur la filière éolienne, avec une hostilité croissante de certains territoires et riverains, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a présenté dix mesures avec les acteurs de la filière pour soutenir le développement de cette énergie renouvelable de manière « maîtrisée et responsable » !…

Enfin, pour continuer sur la folie européenne, pensons à Farm to fork. C’est le nom de la déclinaison agricole du Pacte vert européen. Elle vise, d’ici à 2030, entre autres, à pousser à 25 % la part de l’agriculture biologique, à ramener à zéro les importations de soja, à baisser de moitié les usages de pesticides et d’antibiotiques vétérinaires et de 20 % les épandages d’engrais, et à diminuer de 10 % les surfaces cultivées sur le continent. Sauf que la Commission avait connaissance depuis plus d’un an de l’évaluation épouvantable de cette stratégie par le bureau de recherche économique JRC. Ce plan aboutirait rien moins qu’à une dégringolade des volumes de nourriture, mettant l’Europe dans une situation de dépendance alimentaire et détruisant les points forts à l’export. Ce que confirme le département agricole des universités de Kiel (Allemagne) et de Wareningen (Pays-Bas). La Commission a donc caché les conclusions de ses propres services aux eurodéputés. Ursula von der Leyden, la présidente de la Commission, faisant une fois de plus preuve de son incompétence.
En complément : http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2021/10/11/la-radicalite-du-pacte-vert-europeen-6342827.html