Par Rémi TREMBLAY, notre correspondant au Québec
Lorsqu’on entend le nom de Parti vert, on imagine souvent un parti composé d’idéalistes écologistes s’étant donné pour seule mission de protéger la terre de la surexploitation et de la pollution. Mais dans les faits, que ce soit en France, en Allemagne ou au Canada, le Parti vert est loin d’être un regroupement écologique apolitique. À l’image du melon d’eau, il est rouge vif à l’intérieur; cette formation étant d’abord et avant tout de gauche comme en témoigne sa défense frénétique de l’immigration de masse, malgré l’impact négatif sur l’environnement.
La récente crise au sein du Parti vert du Canada le démontre une fois de plus. Depuis un mois, les écologistes canadiens s’entredéchirent par médias interposés et le parti, qui avait obtenu trois sièges aux dernières élections, est à un doigt de l’implosion.
Ce n’est pas la question de la taxe sur le carbone, de l’ouverture économique aux marchés asiatiques au détriment des agriculteurs locaux ou encore de la disparition des milieux humides, des sujets sur lesquels on entend rarement les Verts canadiens, mais bien la question israélienne qui divise les Verts.
Le 10 mai dernier, alors que le Moyen-Orient était en feu et en flammes et que Tsahal et le Hamas s’affrontaient, la chef du Parti vert, Annamie Paul, avait émis un communiqué demandant « un dialogue pacifique et inclusif afin de de résoudre la situation actuelle et de parvenir à une paix durable. » Cette position, relativement modérée, brisait avec la position traditionnelle en faveur des Palestiniens.
Écologiste moderne, Annamie Paul est une citadine, vivant dans la mégalopole torontoise où la verdure que l’on voit fut nécessairement plantée et planifiée par l’homme. Mais, le fait qu’elle est noire, juive et progressiste, faisait de cette avocate impliquée dans le mouvement « communautaire » la personne idéale pour parler des terres agricoles de la vallée du Saint-Laurent et des champs bitumineux du nord de l’Alberta. Malheureusement pour les écologistes, son pedigree anti-sioniste n’avait pas été vérifié, ni celle de son entourage.
Il s’avère que le plus proche conseiller de Paul, Noah Zatzman, est un numéro pour le moins étrange, lui qui promettait que les verts allaient « emmener des champions du climat progressistes, anti-fas et pro-LGBT et pro- souveraineté autochtone et sionistes », ce qui en soit est tout un programme.
Après que la position de Paul ait été fustigée par deux députés verts, soit Jenica Atwin et Paul Manly, que le Nouveau parti démocratique avait refusé dans ses rangs à cause de son appui à la cause palestinienne, Zatman, homme de peu de nuances, avait immédiatement ressorti l’étiquette d’antisémitisme et était allé jusqu’à promettre de lutter contre les écologistes antisionistes, ce qui démontre bien le sens profond de son engagement politique.
Face à une telle attaque, la députée de Fredericton, Jenica Atwin, avait claqué la porte du parti pour rejoindre les libéraux, qui ne sont cependant pas pro-palestiniens, mais ouvrent davantage de plans de carrière.
Toujours est-il qu’après les sorties de Zatzman, nombreux furent les Verts à exiger le départ de ce conseiller et même à exiger un vote de confiance envers Paul, pourtant chef depuis moins d’un an. Cette dernière se raccrocha rapidement au « racisme », affirmant que « première femme racisée, première femme juive et première femme noire élue à la tête d’un grand parti fédéral [je savais que] ça n’allait pas être une promenade dans le parc. » Seulement, personne ne prenant ses atermoiements victimaires au sérieux, elle finit par tout simplement larguer Zatzman.
Ce feu roulant de querelles internes publiques fut suivi d’un océan à l’autre. Jamais ce parti n’a autant intéressé les Canadiens, qui suivent le dossier avec la même passion qu’ils suivent les émissions de télé-réalité. Toutefois une question demeure : quid de l’environnement dans tout cela? Mais les Verts, ce n’est pas, on l’aura compris seulement une étiquette servant à capitaliser politiquement les aspirations environnementales des électeurs?