mais qui etait jesus ? 3/3

JESUS LE GRAND CONSOLATEUR

Jésus de Nazareth selon un athée : aurait-il été ce Grand Consolateur dont le Qohelet déplorait l’absence ?

Dans le texte le plus profond et le plus désespéré de la Bible hébraïque (L’orateur ou Qohelet ou Ecclésiaste), il est écrit : « Quel bienfait tire-t-on de la peine que l’on se donne ?… Ce qui est, a déjà été, et sera… Ici-bas, au lieu de la Justice, est le crime ; sur le siège du juste est le criminel… Le sort de l’homme et celui de la brute sont les mêmes : tous deux meurent… La supériorité de l’homme sur la bête est nulle : tout est vanité…

« Je constate l’iniquité qui règne sous le soleil : les pleurs des victimes n’ont pas de consolateur… Tout effort, toute réussite n’entraînent que jalousie… Mieux vaut un adolescent pauvre et sage qu’un roi vieux et sot… Quel est l’avantage du sot sur le fou ? Il y a des justes à qui arrive ce que mérite la conduite des mauvais et des mauvais à qui il arrive ce qui conviendrait aux justes… Vanité des vanités, tout est vanité…

Et le texte désespéré, où l’on déplore à de multiples reprises l’inanité de tout et l’absence de consolation sur Terre, se termine de façon abrupte, en un happy end (très) inattendu : « Crains dieu et ses commandements, car c’est le devoir de tout homme. Dieu juge toutes les actions, voit tout ce qui est caché, en bien et en mal », soit la connaissance divine des intentions qui ont provoqué ces actions.

On ne peut rien comprendre à l’enseignement de Jésus, tel qu’on croit le discerner des Évangiles canoniques et de ceux réputés cachés (apocryphes), si l’on fait abstraction de sa (grande) culture médicale et philosophique.

En Galilée, vivaient de nombreux médecins grecs qui étaient infiniment plus savants que les charlatans et rebouteux mésopotamiens, syriens ou juifs. Les (peu nombreuses) guérisons opérées par Jésus s’expliquent assez bien, s’il a été le disciple d’un médecin grec, surtout si l’on fait abstraction des légendes, notamment des histoires de « résurrection » ! Et on en profite pour rappeler que dans l’Antiquité gréco-romaine ou hindoue, il n’était pas rare d’évoquer la « naissance virginale » d’un très grand homme (Alexandre le Grand ou Krishna) et sa « montée au ciel » auprès du ou des dieu(x) (Romulus, Élie, Hénoch). Il est bon d’analyser la part légendaire des Évangiles à la lumière des contes antiques.

Le Talmud dit de Babylone fait état d’un séjour prolongé en Égypte de Jésus, adolescent et adulte jeune – différent du séjour, dont on ne sait rien, de Jésus bébé. Or en Égypte, persistait un enseignement vieux de 13 siècles très voisin de ce que Jésus allait prêcher en Galilée et en Judée, mais aussi en Décapole, en Gaulanitide (la région du Golan), en Pérée et même en Samarie, soit des terres majoritairement peuplées de Goyim honnis des Juifs, des terres dont un prédicateur juif traditionnel n’aurait jamais foulé le sol.   

Pour les Évangiles, on doit signaler que certains apocryphes sont d’un intérêt majeur, notamment celui attribué à Thomas et les Dits de Jésus – en grec les Logoï de Jésus, retrouvés à Damas.

Quant aux 4 textes traditionnels, celui attribué à Jean l’Essénien, écrit en grec rustique – en Koïné -,  propose une chronologie du ministère de Jésus étalée sur 3 années. Jésus fut probablement dénommé Josué par ses parents, surtout si le père, Joseph, se croyait d’origine davidique – David étant le roi tueur d’ennemis d’Israël par excellence, un nouveau Josué, l’ordonnateur des génocides du Pays de Canaan.

Dieu ma joie: Consolons le Coeur de Jésus

Les Églises chrétiennes prétendent que la prédication active de Jésus n’aurait duré que deux ans et que l’Évangile selon Jean est éthéré, « non historique ». En fait, lorsqu’on étudie les 3 autres, on ne voit guère de quoi alimenter leur « historicité » : les généalogies en sont disparates, de même que l’ordre des historiettes et des paraboles. Ces trois textes sont certes tirés d’une source commune – que les non-germanophones s’obstinent à dénommer « source Q » – alors que « Q » est la première lettre de Quell(e), source(s) en allemand : « source Q » signifie donc Source-Source(s) !

« Q » a été présentée au XIXe siècle par les savants experts en herméneutique allemands comme le tronc commun aux Évangiles de Jean-Marc (en principe orienté par l’enseignement de Simon-Pierre et celui de son oncle maternel Joseph-Barnabé, épicés de quelques souvenirs de Jean-Marc qui avait vu Jésus le jour où celui-ci avait mangé sa dernière Pâque chez le père de Marc, aubergiste, et la nuit où il fut capturé par les sbires du grand-prêtre ; Marc avait eu accès aux histoires qui couraient en Alexandrie), de Matthieu (le seul Évangile écrit en araméen, un peu après la destruction du Temple par ordre de Titus) et celui de Luc (écrit en excellent grec, à Corinthe, sur des récits de Paul, ex-Saül de Tarse, qui ne fut jamais « citoyen romain », mais citoyen de Tarse : le premier Juif citoyen romain fut le traître Flavius Josèphe).    

Enfin, il faut rappeler que la communauté des Nazaréens, dirigée par Jacques le Juste, demi-frère préféré de Jésus, né d’un premier mariage de Joseph, beaucoup plus âgé que Marie, et celle des Ébionites, dirigés par Siméon, cousin de Jésus et frère cadet de Jacques le Mineur, n’ont jamais enseigné la « divinité » de Jésus… et pour cause : ils le connaissaient depuis l’enfance !

Jacques le Juste fut le premier surveillant (épiscopos ou évêque) de la communauté des Juifs suivant l’enseignement de Jésus à Jérusalem et environs ; puis, après sa lapidation en 62 (815 AUC – Ab Urbe Condita ou à partir de la fondation supposée de Rome), il fut remplacé par le cousin Siméon.

Alléluia , Jésus est réssuscité

C’est Paul-Saül qui inventa la fable de l’origine divine de Jésus, le ressuscité. On ignore réellement les dates et les modalités de la mort de Saül-Paul et de son ennemi juré Simon-Pierre, d’autant que Néron n’a jamais ordonné de massacrer des chrétiens, même si quelques chrétiens qui se bagarraient avec des Juifs à Rome furent expédiés aux arènes comme avant-spectacle de combats de gladiateurs. Que Pierre soit mort à Rome, c’est probable ; tout le reste n’est qu’histoire invérifiable, si l’on préfère : légendaire.

Mais « Nero Caesar », dans le délire gématrique, très apprécié de Jean retiré à Éphèse – même si la légende en fait l’Aigle de Patmos -, la valeur numérique de ces lettres en alphabet hébreu était 666, soit un (gros) chiffre facile à retenir. On en fit le « signe de la Bête » (variantes Bélial ou Satan). Néron, bon administrateur et histrion ridicule, devint ainsi l’Antichrist-Antéchrist, puisqu’on croyait aux paroles de Jésus sur l’imminence d’un âge de bonté : l’Antichrist satanique devait précéder la Parousie, soit le retour du Christ dans sa gloire, instaurant un Nouvel Eden terrestre en plus d’ouvrir le Paradis (invention brevetée perse) aux défunts méritants.     

Tout ce qui précède fera hurler de rage les croyants, mais l’on a bien spécifié, dans le titre, que l’auteur ne croyait ni en dieu ni au diable… d’autant qu’il est convaincu que le Qohelet a raison : l’Enfer est sur Terre !

L’enseignement de Jésus de Nazareth parut révolutionnaire à son époque. Était-il absolument original ?

Quel est le Second Consolateur? - Jésus Christ

Pas tout à fait. En son temps, soit treize siècles avant la naissance de Jésus et un siècle avant l’Exode des Hébreux menés par l’Égyptien Osarseph-Moïse, Akhénaton avait révélé un Dieu unique, père très aimant de l’humanité. Moïse a capté l’idée monothéiste, mais a fait de son Dieu une essence sectaire, très irritable, inspirant à ses ouailles des pratiques matrimoniales racistes et de multiples génocides censés lui plaire, que l’Ancien Testament étale sans vergogne.

À l’époque de Jésus, le souvenir d’Akhénaton et de son dieu d’amour était encore perceptible en Égypte, ayant été ravivé par les écrits de l’historien Manéthon, trois siècles plus tôt. Le dieu Aton n’est pas le soleil (appelé Amon par les uns, Râ dans d’autres nomes), mais l’énergie solaire qui donne vie et lumière, symbolisée par des bras irradiant du disque solaire.  

Le pharaon Akhenaton | Voyage Egypte | Oasis Égypte

La notion d’un Dieu d’amour, père de l’ensemble de l’humanité, contredisait absolument les fondements de la religion juive, ethnocentrée, dominée par la notion de Justice rendue par El Chaddaï aux êtres de bonne vie et mœurs, mais de « pure race juive ». Yahvé – le dieu de Judée ou Jéhovah – ne devait pas être invoqué. On parlait donc du Tout-Puissant ou de l’Incréé, Celui qui existe de toute éternité : El Chaddaï.

Depuis le siècle de guerres civiles subintrantes à Rome, on attendait un peu partout une « nouvelle ère », un « nouvel Âge d’Or ». Jésus devient adulte dans un monde de grande espérance : l’Empire romain qui domine tout le monde méditerranéen paraît une création fiable, dont on espère une longue stabilité… sauf en Judée où l’on méprise la culture romaine, comme on avait méprisé l’égyptienne, la babylonienne et l’assyrienne. En Judée, on veut exterminer les Occupants ; on n’a strictement aucun usage pour un message de paix et d’amour.

Durant les cinq siècles qui suivent la vie et la mort de Jésus, en une période où le dogme n’est pas absolument fixé par les autorités cléricales de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie et de Constantinople – si l’on préfère durant le Proto-Christianisme -, l’on assiste à une exubérante prolifération de sectes où l’on discourt sur les natures, humaine et / ou divine, de Jésus (que les savants nomment ses « hypostases »). On se dispute sur des riens : l’origine de l’âme, le droit d’accès à la béatitude céleste ou à l’Enfer brûlant – auquel les optimistes refusent de croire -, les anges, le sort réservé à Marie et son appellation de mère de dieu ou simplement de mère-porteuse, etc.

En Alexandrie, de savants hellénistes étudient l’Évangile de Marc. D’autres, influencés par un grand métaphysicien, Simon de Samarie dit « Le Magicien » qui avait ouï à Césarée (de Samarie) les prêches enthousiastes de Philippe l’un des diacres, en 38, et ceux malhabiles de Simon-Pierre, de 40 à 42, créent une nouvelle métaphysique où l’on tente de communiquer directement avec la divinité grâce à un enseignement ésotérique et à quelques pratiques magiques ou simplement incantatoires.

La Gnose, fille de Simon de Samarie, à la fois philosophe hellénistique et médecin à la suite des Grecs, allait déboucher sur diverses formes de magie et d’occultisme, en plus de simplifier la théorie en opposant, à la suite des Zoroastriens de Perse et de Médie, un dieu bon à un mauvais, le premier régnant « ailleurs », le second étant à l’évidence le roi de la Terre… on en reparlera beaucoup durant plus d’un millénaire.

Et, comme toujours, parler de dieu fera verser des flots de sang.          

Qui a condamné Jésus de Nazareth et pourquoi ?

Le Sanhédrin de Judée (ou Grand Sanhédrin de Jérusalem) l’a condamné à mort pour deux « sacrilèges ». Il avait parlé du dieu des Juifs aux Goyim, contrevenant à un interdit de Moïse, et, en fin de procès, répondant à une question du grand-prêtre, il avait déclaré être le Messie attendu depuis trois siècles par les Juifs pieux.

Pour ce faire, les membres de ce tribunal religieux suprême et grand conseil de Judée se sont obligatoirement réunis deux fois, à 24 heures d’intervalle : c’est la procédure à respecter pour condamner un prévenu. Il serait bon que les écrivains, religieux ou non, se documentent sur les usages juifs en usage jusqu’à la destruction du Temple le 2 août 70.

Le Préfet de Judée (et Procurateur des biens de l’Imperator en Judée-Samarie), le chevalier Poncius PIlatus, n’a fait qu’entériner le jugement et autoriser son exécution, non sans avoir tenté de gracier Jésus à trois reprises, si l’on en croit le récit d’un témoin auditif et oculaire, l’apôtre Jean, qui suivit la Passion dans son intégralité.

Peut-on parler de « religion judéo-chrétienne » ?

Les documents de référence sur le dialogue judéo-chrétien - Diocèse de  Versailles

Sûrement pas. Le dieu de Jésus, dieu de parfait amour, père de l’humanité (ce qui implique la fraternité des humains, soit un message d’essence antiraciste), n’a rien de commun avec le Yahvé de Moïse, réservant ses faveurs (et quelques colères) à son seul « peuple élu », qui a entre autres devoirs celui de préserver « sa pureté raciale », les copulations entre Juifs et non-Juifs (les Goyim, haïs et maudits) étant formellement prohibées. Les mariages mixtes et les enfants issus de ces unions étaient considérés par les juifs racistes comme autant de « souillures » pour le peuple d’Israël (consulter les livres d’Esdras, de Néhémie, de Malachie et divers autres, non repris par les Bibles juive et chrétienne).

De la même façon, le Juif ne devait ni manger, ni boire en compagnie de Goyim et ne devait pas les fréquenter en dehors de ses exigences professionnelles. Encore de nos jours, pour un puriste (un « Juif orthodoxe »), n’est Juif que celui dont le père et la mère sont Juifs. La tradition rabbinique, née au IIe siècle de notre ère (soit après la destruction du Temple et la fin de la dictature dogmatique des grands-prêtres), est moins exigeante : seule compte l’origine de la mère pour déterminer l’appartenance ou la non-appartenance au peuple juif.

La différence entre le dieu de pur Amour enseigné par Jésus et le dieu de Justice réservée à une seule nation avait d’ailleurs parue évidente au IIe siècle à Marcion, fils d’un évêque de Sinope, sur la rive méridionale de Mer Noire. Repoussée par l’Église catholique – par définition universelle -, sa doctrine fut reprise aux XIXe et XXe siècles par diverses communautés évangéliques en terres allemandes, pour être abandonnée depuis la révélation de la Shoah qui fait éviter, par décence, toute référence au racisme et au sectarisme juifs. La repentance est devenue chose unilatérale dans un monde d’où la bonne foi et l’honnêteté semblent bannis jusqu’à satiété des « perpétuelles victimes », accablées de dédommagements, pleurs et commémorations. 

Que peut inspirer l’histoire de Jésus de Nazareth à tout homme ?

Même pour un athée, le débat sur l’historicité de la personne de Jésus paraît une insulte au bon sens. Son histoire est celle du plus beau, moralement et spirituellement, des fils des hommes, toutes époques et races confondues. Cette destinée humaine, cette aventure qui finit si tristement est singulièrement à méditer en notre époque de pur matérialisme et de déréliction en Occident, de ferveur médiévale rageuse et dévastatrice du côté de l’islam, de consumérisme hédoniste et de naïveté dans la propagande officielle mondialiste, qui confine à la bêtise.

Mais si l’on considère le monde comme il va, si l’on considère l’animal humain pour ce qu’il est, le message de charité de Jésus – soit le don et l’amour offerts spontanément, sans espoir de réciprocité – paraît soit surhumain, soit – hélas ! – inhumain.

PENTECOTE, TABLEAU DE JEAN DE BUS notre dessinateur du dimanche