HOMMAGE A NOS MORTS D’AFGHA

Par Michel LHOMME

La France ferme son ambassade de Kaboul tout comme l’Australie. Le retrait des troupes américaines sera total en septembre 2021. En lisant de telles dépêches, on ne peut s’empêcher de se demander mais pourquoi finalement un soldat français se bat-il ? S’engage-t-il ? J’ai perdu en Afghanistan un très bon camarade de mes temps de militance qui déçu par la politique avait décidé de rentrer dans l’armée et était parti en Opex en Afghanistan ? Ces derniers jours, je n’ai pu m’empêcher de penser à lui et à cette guerre menée par les armées occidentales en Afghanistan, depuis le 11 septembre 2001 et dans laquelle la France s’est largement engagée avec ses 88 soldats morts au combat (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_militaires_fran%C3%A7aises_en_Afghanistan).

Le sait-on mais c’est une guerre qui aura tout de même coûté, selon le Watson Institute de l’Université de Brown (Rhode Island,) plus de 2200 milliards de dollars, avec près de 4000 militaires tués côté forces de l’OTAN !…

Une guerre qui aura peut-être même couté la prééminence planétaire aux États-Unis, l’amorce de son déclin inéluctable face à la montée en puissance de la Chine.

L’histoire fera sans doute ce parallèle entre l’échec soviétique et les déboires occidentaux : il y aura eu finalement 20 ans de guerre pour quelques succès tactiques soldés par un revers stratégique, sur le théâtre des opérations…

Alors, fallait-il privilégier une présence marquée sur le terrain et la « contre-insurrection » ou s’en tenir à l’endiguement et garantir une capacité à projeter ponctuellement forces et puissance !? Ne pouvait-on pas mieux intégrer le volet militaire dans une stratégie plus large, avec en surplomb la question de la sortie de crise et des interlocuteurs acceptables !?

Ces considérations et interrogations stratégiques sur l’Afghanistan peuvent être éclairantes, à l’heure où la France, par les dernières annonces du Président de la République Emmanuel Macron, entreprend une révision de sa stratégie au Sahel, huit années après le déclenchement de l’opération « Serval », devenue « Barkhane » en août 2014 et qui elle-aussi, se solde par un échec cuisant.

Le positionnement sinon l’engagement de nos partenaires européens, la sensibilité voire l’état d’esprit général des opinions publiques, ici comme là-bas, ou encore la question du dialogue entre les parties ne peuvent que compter dans l’équation. Mais il est une autre équation tout autant islamique que chinoise ou turque que nos stratèges semblent oublier et qu’illustre un proverbe africain : « Vous avez les montres, nous avons le temps ».