MACRON OU LA CONTRADICTION EUROPEENNE

Par Michel LHOMME

Par calcul électoral, la France devant présider l’Europe de janvier à juin 2022 (imaginons d’ailleurs en mai la victoire de Marine le Pen et l’UE avec à sa tête une « fasciste » !), Emmanuel Macron a décidé de mettre l’Europe tout en haut de son agenda. Ce n’est pas nouveau : c’était même comme cela qu’avait commencé le quinquennat, l’Europe et les « premiers de cordée ». Revenons donc sur les paroles du début pour voir ce qui a été fait…

D’ici 2018, Macron voulait avoir créé une Europe de la défense, développé une politique numérique européenne, intégré davantage la zone euro. Tout cela, disait-il, « pour que l’Europe protège mieux les citoyens » et osait-il – reste de son passage éphémère au PS –  cesse enfin d’être seulement cette « Europe-marché sans âme qui a fait de la concurrence de tous contre tous sa principale raison d’être ». Quatre ans après et c’est le propre des discours creux : rien n’est à remplacer et d’ailleurs, Macron reprend les mêmes mots ne semblant pas avoir changé de faiseurs de discours !

Macron n’est donc pas parvenu en quatre ans de mandat à secouer le cocotier ? Où est donc le problème ? Pourquoi en somme, Macron n’a finalement pas été un « européen » ?

A notre avis, nous touchons du doigt la schizophrénie politique française et elle concerne en réalité tous les partis qui n’envisagent absolument pas, et c’est le cas même au Rassemblement National, comme ce qui est pourtant la seule vraie solution au recouvrement de la souveraineté intérieure,  le « frexit » ou la définition claire d’une autre Europe, l’Europe des régions et des nations, l’Europe des cent drapeaux.

En quoi réside cette contradiction interne des politiciens français dont Macron n’est que l’exemple au plus haut sommet ?

La contradiction est en effet patente entre la politique européenne souhaitée ouvertement par nos dirigeants et les objectifs qu’il mène tant bien que mal en France.  Ainsi, Macron souhaitant rendre plus populaire et donc plus sociale l’Europe s’en prend au dumping social mais favorise à l‘intérieur le dérèglement du marché du travail, sa flexibilité totale autrement dit la précarisation des travailleurs français sommés de devenir tous des auto-entrepreneurs sans droit ou payant leur propre sécu et grâce au covid – l’aubaine inattendue du grand reset ! – externalisant les coûts par le télé-travail.

Alors qu’en Europe commençait à poindre l’idée d’une harmonisation fiscale et d’une lutte contre le dumping cette fois-ci fiscal, l’Etat français entérinait par diverses mesures dont la plus symbolique reste la « baisse »de l’ISF, le refus de l’imposition des revenus du capital.  Certes, heureusement diront beaucoup car la France est un des pays d’Europe qui taxe le plus le capital et ses revenus : c’est même la championne d’Europe avec l’équivalent de 1,8 % du PIB, contre une moyenne européenne de 1,1 %. Mais pourquoi ? Parce qu’il faut bien financer l’assistanat social généralisé du pays !

Les mensonges du Point sur « la France des assistés » par Ingrid Merckx |  Politis

La réforme qui n’a pas été faite est – et c’est cela le plus grave – c’est la réforme de l’Etat, le démantèlement de l’administration française pléthorique et de l’assistanat social qui la nourrit.

Ce qu’a raté Macron par peur des mouvements sociaux (les Gilets Jaunes), par sentiment d’incapacité à y faire face (l’explosion de la délinquance intérieure), c’est d’instaurer définitivement dans le pays une culture de l’efficacité et du reflux de la dépense publique.

Il ne l’a pas fait non pas par peur du peuple (le peuple inconsciemment la réclame) mais parce qu’elle l’obligeait à rogner, à taper dans le tas de tous les privilégiés dont il est issu, d’en finir avec les prébendes et les postes à piston pour les fils ou neveux d’amis qui ont appelé à voter pour lui et s’apprêtent à le faire demain. 

La gabegie du pays est en effet en grande partie administrative et liée à l’organisation politique quasi démente, ubuesque du pays, soviétisante (et dont le chaos de la lutte anti-covid a montré in vivo l’inefficacité, le dérèglement manifeste). Elle passerait donc par exemple par la suppression de l’échelon départemental (s’attaquer enfin au mille-feuille territorial), la suppression d’une des trois assemblées représentatives (le CESE ou le Sénat), de tous les comités bidules, le dégraissement immédiat de la plupart des administrations (santé, rectorat..) et de leur direction ou fausses inspections, s’en prendre enfin au mille-feuille administratif mais aussi social des aides à tout va, des soutiens aux associations, à la presse, aux artistes, développer les guichets uniques.

Nous avons certes besoin de plus de personnel dans l’éducation, la santé ou la sécurité mais avons-nous besoin de fonctionnaires dans ce secteur (ces derniers représentent 60 % des 5,65 millions d’agents publics, chiffre carrément dément pour une démocratie moderne). De nombreux services peuvent dès à présent être démantelés, fermés grâce à la révolution digitale. Qu’attend-on pour licencier sec ?

Car ne pas le faire aujourd’hui c’est refuser de résorber les dettes publiques et surtout continuer à maintenir le gel des indices des fonctionnaires, c’est-à-dire et c’est aussi l’une des spécificités hallucinantes du pays, maintenir des salaires très bas (dans l’enseignement, les salaires les plus bas de l’OCDE !) qui inévitablement poseront et posent déjà à la fois une crise du recrutement et une baisse du niveau professionnel (à quoi bon préparer mes cours comme un chien pour gagner à peine un peu plus du smic et en plus devant des petits « voyous » en puissance !).

Alors posons la question dès à présent : quels sont donc les services publics qui, transférés dès à présent au privé, seraient de toute évidence plus efficaces ? Financer publiquement l’éducation et la santé relève d’un choix qui n’est pas du tout  par exemple le cas anglais. Le contre-exemple gaulois est clair : il fait apparaître au premier plan la dépense publique formant une consommation publique forcément en panne en raison des exigences européennes sur les déficits au bénéfice des ménages là où il faudrait en fait booster la consommation privée en rendant possible l’augmentation du pouvoir d’achat et des salaires. La France a fait son choix politique : déficit public, assistanat social (éducation et santé), immigration organisée, robotisation et télé-travail (merci le covid !), désindustrialisation territoriale pour maintenir les salaires au plus bas et l’on veut croire que cela redémarrera avec l’Europe qui en réalité tire la corde de l’autre côté.

Où veut-on nationaliser et soviétiser jusqu’à la racine le pays pour en faire les moutons dociles du régime général du« béé…éé » ? 

Sonnerie Moutons qui bêlent – Sonnerie Animaux Gratuite

On l’aura compris libéral européen et socialisant à l’intérieur, la contradiction française n’est pas près de se résoudre à moins de taper dans le tas comme souhaiterait sans doute le faire un « boxeur » havrais prêt à se présenter et qui rêve déjà de la victoire en riant sous cape ?

En tout cas, de cette contradiction française, l’Europe de Merckel ne manquera pas de rappeler le pays à l’ordre  avec le chantage déjà présent de ne pas lui verser les aides européennes promises à défaut de réformes structurelles d’importance et en rappel de sa gabegie financière permanente, l’open bar des déficits et ce, bien avant 2022, par la loi sévère  des marchés financiers. 

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