covid : la peur devenue la normalite

par Jordi GARRIGA

Le coronavirus a été la grande démonstration que nous vivons dans la normalité la plus terrifiante de tous les temps. La peur du virus a été parfaitement modulée à partir de groupes et d’individus avec un large public, gouvernements inclus. Au début, personne n’avait peur de ce virus, car à plusieurs reprises, il a été répété qu’il ne s’agirait que d’une autre grippe. Et personne, en effet, ne s’en souciait.

Puis l’état d’alarme s’est déclenché et tout le monde s’est mis en alerte. À ce jour, la grande majorité des gens continuent de porter le masque dans la rue et même dans leur voiture … Jusqu’à ce qu’ils décident, d’en haut, qu’ils ne devraient plus avoir peur. Et puis, ils n’auront plus peur car vous aurez compris : on le leurs aura dit.

La peur est modulée: chaque jour, nous rencontrons des personnes qui libèrent une substance qui peut provoquer des cancers et des maladies cardiaques. Ces personnes savent qu’elles peuvent avoir et causer des maladies graves, et pourtant elles achètent ce produit. Et nous sommes à leurs côtés et si calmes. Même l’emballage de cette substance, dont le monopole appartient à l’État, met en garde contre sa toxicité … Et personne ne réagit à ce poison appelé tabac, vendu avec l’autorisation du gouvernement.

C’est pour d’autres « la peur du fascisme », qui est exploitée par une gauche qui, depuis la disparition du bloc soviétique en 1991, a déjà renoncé à changer quoi que ce soit du monde de manière substantielle. Cette peur est dédiée à traquer et à déformer le langage (« le langage est fasciste » énonçait comme verdict progressiste le critique conformiste Roland Barthes) en tant que sorts magiques qui peuvent changer la réalité, excommuniant ceux qui ne sont pas suffisamment féministes, transsexuels ou racialisés. C’est la peur de dire des mots « offensants », de mauvais sorts mal prononcés, qui vous jettent sur le rivage fasciste et vous exilent à jamais de toute réputation et demain avec Woke de tout travail.

C’est la « peur du communisme », exploitée par une droite obsédée par nous blâmer pour nos échecs, pour notre précarité parce que nous ne faisons pas d’efforts, parce que nous ne sommes pas assez compétitifs pour payer le loyer, parce que nous sommes des « assistés ». Si nous voulons que la couverture sociale atteigne tout le monde, si nous signalons les abus des hommes d’affaires, la corruption alors pour les « droitards » nous sommes des communistes bolivariens qui veulent amener le Venezuela ici.

Que l’extrême droite arrive, que le communisme arrive … Si le virus, comme l’ont dit certains malheureux, devait finalement faire ressortir le meilleur de nous tous, la vérité est qu’il n’a eu que le mérite de clarifier la situation même plus: personne ne va vouloir arrêter de consommer comme avant, personne ne va arrêter de voler, de bosser, de profiter, de corrompre … La terrifiante normalité commence à apparaître, tout comme l’envie de fumer revient à ce fumeur récupéré de sa maladie pulmonaire, l’emphysème … La principale raison d’avoir peur de l’avenir sera que nous ne pourrons pas avoir d’éléments clairs pour analyser quelles menaces sont les pires, et quelle devrait être l’attitude du citoyen moyen, piégé entre des angoisses programmées pour le conduire vers un heureux monde, le « meilleur des mondes » conçu par des intérêts qui sont totalement sans rapport avec lui et qui lui sont mortifères.