Le dimanche 28 Mars 845, Jour de Pâques, les cloches de Paris sonnent à toute volée. Elles appellent les chrétiens dans les églises pour célébrer et s’exclamer ensemble : « Il est ressuscité ! » La ville est tranquille, calme… recueillie. C’est justement à cause de ce calme, de cette trêve, que cent vingt drakkars, tels d’immenses serpents ailés, glissent sur l’eau brillante de la Seine matinale. Pour remonter le fleuve, ils sont partis de Rouen, de l’île d’Oissel précisément. C’est là que le Chef viking, Ragnarr Lóðbrók, a rassemblé des milliers de guerriers en vue de fondre sur Paris pour le « casse du siècle ». Rappelons que les vikings sont descendus à cette époque pour se venger de la destruction de leur sanctuaire d’Irminsûl, ainsi que du massacre de leur population par les catholiques qui, à cette époque comme Daesh aujourd’hui, convertissait par le fer et le sang. Les cent vingt drakkars entre dans Paris sans rencontrer de résistance. Ragnarr exige une importante somme d’argent qu’il obtient sans verser une seule goutte de sang, dit la chronique.

Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, le 28 Mars est fêté dans le monde germano-scandinave comme le Ragnarr’s Day, le jour de Ragnarr. Ce roi est une « icone » viking, mi historique, mi légendaire, comme Alexandre le Grand. Son surnom Lóðbrók lui vient d’avoir délivré la princesse Þora, – qui deviendra sa première épouse – des griffes d’un serpent géant. Pour se protéger du venin du monstre, Ragnarr se « fit faire des vêtements hors du commun, des braies (pantalon) et un manteau velus. Et quand ils furent terminés il les fit bouillir dans la poix. »* C’est grâce à cette armure que Ragnarr a pu combattre et vaincre le serpent, et le nom Ragnarr Lóðbrók, littéralement « Ragnarr aux braies velues », lui est resté.
Après le « hold-up » historique de Paris, Ragnarr repart vers le Nord. Il aura des fils de sa première épouse Þora qui mourra prématurément. Il prendra en second mariage Àslaug, la légendaire fille du héros Siegfried et de la Walkyrie Brünhild. Mythe ou réalité ? Peu importe ! Ragnarr mourra en Angleterre, jeté dans une fosse aux serpents par le roi Ella. Alors qu’il est descendu dans la fosse, les serpents refusent de l’approcher et ne lui font aucun mal. Àslaug avait confectionné à Ragnarr une tunique de soie qui le protégeait des armes et des attaques. Le roi Ella fait déchirer la tunique et les serpents se précipitent sur Ragnarr qui succombe en s’écriant :
Joyeux, je vais sur le haut siège
Boire la bière avec les Ases ;
Tout espoir de vie a disparu,
En riant je mourrai.
Ses fils le vengeront en faisant subir au roi Ella le fameux supplice de « l’aigle de sang ».
Joël Labruyère est né le dimanche 28 Mars 1948, jour de Pâques, à Rouen, non loin de l’endroit où Ragnarr Lóðbrók avait, plus de mille ans auparavant, réunit les drakkars pour monter à Paris. La chanson qu’il a composée pour les Brigandes, Ragnarr, est évidemment dédiée à ce chef viking et à l’Esprit qui a poussé les gens du Nord à descendre pour réveiller l’Europe chrétienne.
Vive le Roi ! Vive Ragnarr !
Et Bon Anniversaire Joël
* Nous vous conseillons la lecture (dont sont tirés les extraits ci-dessus) de :
La saga de Ragnarr aux braies velues, aux éditions Anacharsis.
Ragnarr, extrait du disque des Brigandes « Contre le temps » :