POUR REVENIR SUR L’APARTHEID

par Dionysos ANDRONIS

Il y a des ouvrages qui ont été mal interprétés à première vue. L’ouvrage ci-dessus de notre camarade marseillais Pierre-Olivier Sabalot (né en 1970), Piet Meyer, la voix de l »afrikanerdom (2018, éditions Auda Isarn, Toulouse) fait sûrement partie de cette catégorie.

Quand cet ouvrage est sorti nous avions hésité de l’acheter parce que son sujet portait sur un sujet « juif » : le nom « Meyer » est un nom juif par excellence. Mais l’écrivain Sabalot nous a répondu hier : « « Non, Piet Meyer n’était pas juif […] Pieter Johannes Meyer, quant à lui, est issu d’une vieille famille d’ascendance néerlandaise. Son ancêtre le plus direct en terre sud-africaine est un certain Philippus Jakobus Meyer (dont le nom d’origine s’écrivait d’ailleurs probablement Meijer, se prononçant de la même façon), arrivé au Cap en 1664, soit une dizaine d’années seulement après la fondation de la ville par Jan van Riebeeck, ce qui fait des Meyer une des plus anciennes familles blanches d’Afrique du Sud. Les termes Meyer ou Meijer sont issus du latin maior (« supérieur à ») et désignent, en moyen-néerlandais et dans les dialectes néerlandais médiévaux, une profession, celle d’« intendant ». On trouve ainsi également dans les Flandres des patronymes dérivés sous les formes Meyers ou De Meyer et dans le nord de la France sous les formes Mayeur ou Lemayeur […]» (op.cit.pp 26-27). Donc, avec un retard énorme de trois ans, nous avons repris et complété la lecture et l’analyse linéaire de cet ouvrage parce que son écriture en est simple et concise.

La belle vocation de Piet Meyer se fait sentir dès le début : « l’étudiant Piet Meyer suit avec beaucoup d’intérêt et de curiosité ses cours d’histoire de l’art qui complètent en partie son attirance envers l’esthétique de la Grèce classique (page 34). Nous avions écrit un article sur le prophète Nicolas Van Rensburg et nous avons été très contents de lire à la page 84 qu’un autre Van Rensburg a été le bras droit de la « Sentinelle du chariot à bœufs« , le « plus important mouvement culturel du peuple afrikaner »(p.84) entre 1938 et 1952, l’année de sa dissolution. Notre Meyer faisait partie de ce mouvement qui avait compté près de 300.000 membres à ses débuts en 1939 et qui avait « un engagement pronazi » (p.85). Le « Volkstaat » (« état du peuple », « nation populaire ») proviendrait au contraire de la Révolution française et de ses idéaux puisqu’il est « inspiré des exemples grecs, un modèle contre-révolutionnaire, dans lequel les droits civiques et politiques sont strictement réservés au citoyens issus du démos, la communauté organique ethnique qui exclut les métèques et les périèques, hommes libres mais issus d’autres cités » (page 94). Mais nous avons été un peu déçus par les thèses anti-Terreblanche de la page 188 : « le très bruyant, très médiatique, très folklorique et surtout très inefficace « Mouvement de résistance afrikaner » (AWB) … n’aura été en fin de compte qu’une manœuvre de provocation du pouvoir.. (page188). Parce que le fait qu’Eugène Terreblanche a été assassiné par les services secrets sud-africains en 2010 est une chose qui ne peut pas passer inaperçue.

Le fondateur de l’apartheid Verwoerd « accuse l’état juif Israël d’hostilité envers le développement séparé », ce qu’on appelle politiquement l ’« apartheid ») (page 169) et la communauté juive sud-africaine « de double allégeance et de soutien politique systématique à l’opposition noire » (op.cit.pp.169-170). Ainsi nous avons localisé un argument très sollicité depuis des années afin de justifier le malaise que nous avions senti envers cette société bariolée, pas seulement sud-africaine mais française ou grecque aussi.

Pierre-Olivier SABALOT « Piet Meyer, la voix de l »afrikanerdom », 2018, éditions Auda Isarn, Toulouse, pp.288

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